Les apports de la tomosynthèse dans l'étude de Vérone dédiée au dépistage du cancer du sein
LUNDI 16 NOVEMBRE 2020
La tomosynthèse mammaire, en combinaison avec la mammographie synthétique, améliore la détection du cancer par rapport à la mammographie numérique seule, selon une étude italienne publiée dans la revue Radiology. Les résultats de l'étude ajoutent un soutien supplémentaire à l'utilisation du DBT dans les programmes de dépistage du cancer du sein en population.
Les programmes de dépistage du cancer du sein utilisant la mammographie ont réussi à réduire la mortalité due à cette maladie en l’identifiant dès ses premiers stades. Cependant, la mammographie a certaines limites, notamment une sensibilité réduite pour la détection du cancer dans les seins denses. Elle engendre également un taux de rappel plus élevé en fonction de résultats incertains.
L’étude pilote de Vérone pour évaluer les apports de la tomosynthèse associée à la mammographie synthétique
La tomosynthèse mammaire - mammographie 3D - répond à certaines de ces limitations. Les essais cliniques de dépistage européens ont révélé une augmentation significative des taux de détection du cancer avec la tomosynthèse, avec des taux de rappels inférieur ou comparable à ceux de la mammographie. La conjonction de la tomosynthèse et de la mammographie synthétique - images 2D reconstruites à partir des données de la tomosynthèse - réduit l'exposition aux radiations, ce qui semble cohérent pour les programmes de dépistage.
Mais peu de résultats sont disponibles sont insufisants aujourd’hui, ce que les chercheurs de l'étude pilote de Vérone (Italie), publiée dans la Revue Radiology, s'efforcent de combler. « Une organisation a besoin de deux choses pour améliorer les résultats d'un programme de dépistage, précise l'auteur principal de l'étude, le Dr Francesca Caumo, du département de radiologie du sein de l'Institut vénitien d'oncologie à Padoue (Italie). Il faut un meilleur examen de premier niveau et un moyen de surmonter l'effet de la densité mammaire pour définir le risque d'une patiente. L’étude pilote de Vérone veut répondre au premier point, en montrant la validité de la tomosynthèse en tant qu’examen de dépistage, au lieu de la mammographie traditionnelle. »
Un taux de détection presque doublé par rapport à la mammographie simple
Dans cette étude, le Dr Caumo et ses collègues ont analysé les résultats de plus de 32 870 femmes, âgées en moyenne de 58 ans, qui ont été dépistées pour le cancer du sein, puis soumises à un nouveau dépistage deux ans plus tard. Après une première série d’images par tomosynthèse et mammographie synthétique, 16 198 ont été ré-explorées par mammographie synthétique et tomosynthèse et 16 672 par mammographie uniquement. La tomosynthèse, utilisée en première intention et lors du nouveau dépistage, a détecté une proportion plus élevée de cancers à un stade précoce que le dépistage par mammographie numérique. Le taux de détection du cancer était de 8,1 pour 1 000 pour le nouveau dépistage par tomosynthèse et mammographie synthétique, contre 4,5 pour 1 000 pour le nouveau dépistage par la mammographie, sans aucune différence sur les taux de rappel.
Lors du nouveau dépistage, la proportion de tumeurs de stade II ou supérieur était de 14,5%, considérablement plus élevée que le taux de 8,5% par la seule mammographie. « Le nombre plus faible de cancers de stade II ou supérieur avec le dépistage par tomosynthèse et mammographie synthétique démontre que le la tomosynthèse a la capacité d'anticiper la détection de cancers qui pourraient devenir avancés dans les deux années suivantes, poursuit le Dr Caumo. Cela donne un plus grand avantage à nos patientes. »
Analyser les cancers d’intervalle dans la prochaine étape de l’étude
Pour la prochaine étape de l'étude pilote de Vérone, les chercheurs prévoient d'effectuer une analyse des cancers d'intervalle, qui apparaissent dans la période entre les dépistages. Le Dr Caumo explore également l’impact de l’incorporation de mesures volumétriques de la densité mammaire dans le profil de risque de la patiente dans le cadre de son projet de dépistage du cancer du sein basé sur le risque (RiBBS). Environ 10 000 femmes subiront le dépistage par tomosynthèse et mammographie synthétique dans ce cadre. Toutes les femmes dont la densité mammaire est jugée supérieure à une certaine valeur seuil seront alors invitées à recevoir un examen supplémentaire par échographie.
Bruno Benque avec RSNA