Mammographie de contraste : une faible dosimétrie pour un fort gain diagnostic
LUNDI 20 JANVIER 2025
La mammographie 2D, la tomosynthèse et la mammographie de contraste sont aujourd’hui utilisées pour le dépistage du cancer du sein. Une étude publiée dans l’American Journal of Roentgenology compare la dosimétrie engendrée par les trois techniques de mammographie. Il s’avère que la mammographie de contraste génère peu de rayonnement supplémentaire par rapport à la mammographie conventionnelle 2D.

Au cours d’un examen de dépistage du cancer du sein, chaque image acquise nécessite une quantité associée de rayonnement à faible dose pour la former. La dose de rayonnement provenant de la mammographie est généralement quantifiée par la dose glandulaire moyenne (MGD), qui est estimée en multipliant le kerma de l'air cutané à l'entrée par des facteurs d'échelle qui dépendent de la technique employée.
Mammographie 2D, tomosynthèse et mammographie de contraste
Il est reconnu que la MGD issue de la mammographie de dépistage conventionnelle est très faible. Les deux principales approches de la mammographie de dépistage moderne sont la mammographie numérique plein champ (FFDM), qui produit des images de projection 2D, et la tomosynthèse mammaire numérique (DBT), qui produit des images en coupe transversale reconstruites à partir d’acquisitions volumétriques. Certains centres d'imagerie mammaire utilisent des images de projection 2D synthétiques générées à partir d'acquisitions DBT pour remplacer le FFDM et ainsi réduire la MGD.
Le dépistage par FFDM et DBT est bien établi, mais la sensibilité et la spécificité de ces modalités pour détecter le cancer du sein peuvent être limitées dans certaines populations, en particulier chez les femmes ayant un tissu mammaire dense. La mammographie avec injection de produit de contraste (CEM) peut alors être pratiquée en raison de sa sensibilité et de sa spécificité accrues par rapport aux deux autres techniques. La CEM repose sur l'administration d'un agent de contraste iodé, suivie de l'acquisition de deux images séquentielles, en basse et en haute énergie, en cranio-caudales (CC) et obliques médiolatérales (MLO).
Une étude compare la dosimétrie engendrée par les trois techniques de mammographie
La CEM a démontré sa capacité à détecter les cancers invisibles à la FFDM et à la DBT, en particulier chez les patientes présentant des seins denses. Ainsi, lorsqu’elle est utilisée dans un contexte de dépistage, la CEM peut potentiellement détecter des cancers plus précoces et réduire les résultats faussement positifs. Mais quel est son réel impact en matière de MGD ? Une étude publiée dans l’American Journal of Roentgenology (AJR) se propose de réaliser une comparaison de la MGD entre la FFDM, la DBT, un protocole combiné utilisant à la fois la FFDM et la DBT, ainsi que la CEM, chez des patientes faisant l’objet d’un dépistage du cancer du sein.
« Il existe de faibles différences entre ces technologies et la MGD est plus faible pour la CEM que pour la combinaison FFDM-DBT », précise le premier auteur, le Pr Jeremiah W. Sanders, du département de radiologie, division de physique médicale, à la Mayo Clinic à Phoenix (Arizona, USA). Ce travail comprend 389 femmes (âge médian, 57,4 ans) à risque élevé de cancer du sein qui, en tant que participantes à un essai clinique prospectif antérieur, ont fait l’objet d’un dépistage du cancer du sein par FFDM-DBT et CEM combinés entre février 2019 et avril 2021. Au total, 764 seins (383 gauches, 381 droits) ont été évalués.
La mammographie de contraste génère peu de rayonnement supplémentaire
Une incidence cranio-caudale (CC) et une incidence oblique médiolatérale (MLO) ont été évaluées par sein pour chacune des FFDM, DBT et CEM, tandis que la MGD a été extraite via les métadonnées DICOM. Les catégories de densité mammaire BI-RADS ont ensuite été extraites des comptes rendus de radiologie clinique.
Ce travail a effectivement montré que la MGD médiane par sein était de 4,07 milligray (mGy) pour la FFDM seule, de 4,97 mGy pour la DBT seule, de 9,38 mGy pour la combinaison FFDM-DBT et de 5,87 mGy pour la CEM. Les valeurs de dose efficace correspondantes étaient respectivement de 0,49 mSv, 0,60 mSv, 1,13 mSv et 0,70 mSv. « Cette étude comparative éclaire les discussions sur le rôle de la CEM dans le dépistage du cancer du sein chez les femmes à risque élevé ou ayant des seins denses », concluent les auteurs de cet article.
Paolo Royan