Les cancers du sein au stade avancé progressent aux USA
LUNDI 13 JANVIER 2025
Le nombre de femmes atteintes d’un cancer du sein invasif à un stade avancé au moment du diagnostic a augmenté de manière significative aux États-Unis. Des femmes de tous âges et de toutes ethnies font l’objet d’une étude publiée dans la Revue Radiology afin d’identifier les axes d’amélioration à attendre dans ce domaine.
Les campagnes de dépistage précoce du cancer du sein sont-elles vraiment efficaces ? Il semble, en effet, qu’aux USA, le nombre de cancers du sein invasifs à un stade avancé gagne du terrain. Dans une étude récente publiée dans la Revue Radiology, des chercheurs ont analysé les dernières données disponibles de Surveillance, Epidemiology, and End Results (SEER) sur les taux d'incidence annuels du cancer du sein par stade entre 2004 et 2021.
De l’importance de découvrir un cancer du sein de manière précoce pour le taux de survie
Les données SEER sont collectées à partir de 22 registres du cancer basés sur la population couvrant environ 48% de la population des États-Unis. Les chercheurs ont évalué les tendances chez les femmes présentant un cancer du sein métastatique en général, ainsi que par groupe d’âge et par origine ethnique. « Il est important de comprendre que ces femmes présentaient un cancer du sein à distance (métastatique ou de stade 4) au moment du diagnostic, confirme la co-auteure, le Dr Debra L. Monticciolo, ancienne présidente de l’American College of Radiology. Les femmes atteintes de ce diagnostic ont un taux de survie bien plus faible et sont beaucoup plus difficiles à traiter. »
Le cancer du sein métastatique augmente chez les femmes de moins de 40 ans
Selon les Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies, les taux de survie à cinq ans sont de 31% pour les cancers du sein invasifs métastatiques, contre 99% et 86%, respectivement, pour les cancers du sein invasifs localisés et régionaux. Entre 2004 et 2021, la plus forte augmentation annuelle en pourcentage de l’incidence du cancer du sein métastatique au moment du diagnostic s’est produite chez les femmes âgées de 20 à 39 ans (2,9%). Chez les femmes âgées de 40 à 74 ans, les chercheurs ont observé des augmentations annuelles en pourcentage de 2,1% et 2,7%, respectivement, au cours de deux périodes, de 2004 à 2012 et de 2018 à 2021.
« Il a été rapporté précédemment que le cancer du sein métastatique lors de la présentation initiale a augmenté de manière significative chez les femmes de moins de 40 ans, mais jusqu'à présent, aucune tendance claire n'a été signalée chez les femmes plus âgées », ajoute le Dr. Monticciolo. Chez les femmes âgées de 75 ans et plus, le taux d’incidence a augmenté de 1,4% au cours de la période d’étude.
Des effets à distance de la pandémie de COVID-19 ?
« La prévalence du cancer du sein chez les femmes de tous les âges est une nouvelle découverte alarmante, annonce l’auteur principal, le Pr R. Edward Hendrick, professeur clinicien au département de radiologie de la faculté de médecine Anschutz de l’université du Colorado (USA). Ce résultat est d’autant plus remarquable que les cas de maladies avancées ont probablement été sous-estimés en 2020 en raison de la pandémie de COVID-19. »
Pendant la pandémie de COVID-19, les volumes d’examens de radiologie ont fortement diminué, en particulier pour l’imagerie mammaire. Les chercheurs ont déclaré que la perturbation des examens de dépistage et de diagnostic du cancer du sein soulevait des inquiétudes quant à leurs effets en aval. « Pendant la pandémie, nous avons constaté une forte baisse du nombre de femmes âgées et issues de minorités soumises à un dépistage, poursuit le Dr Monticciolo. Cette population a tendance à être laissée pour compte lorsqu’un stress survient dans le système de santé. »
Les femmes amérindiennes et asiatiques les plus concernées par le problème
Toutes ethnies confondues, les femmes amérindiennes ont connu la plus grande variation annuelle en pourcentage de l’incidence du cancer du sein métastatique au moment du diagnostic, soit 3,9%. Le taux d’incidence a également augmenté de manière significative et rapide chez les femmes asiatiques, à un rythme de 2,9% par an entre 2004 et 2021.
Le pourcentage de variation annuel chez les femmes noires et hispaniques était respectivement de 0,86% et de 1,6%. Parmi les femmes blanches, on a observé une augmentation de 1,7% entre 2004 et 2012, mais aucune tendance ne s’est dégagée par la suite. Les taux d’incidence des cancers du sein à un stade avancé étaient 55% plus élevés chez les femmes noires que chez les femmes blanches. Les chercheurs ont déclaré que plusieurs facteurs peuvent contribuer à l’augmentation de l’incidence du cancer du sein métastatique au moment du diagnostic, notamment l’absence d’un programme national de dépistage organisé et des directives de dépistage incohérentes, ce qui décourage la participation.
Les femmes jeunes exclues du dépistage alors qu’elles sont potentiellement porteuses de cancers agressifs
« Moins de 50 % des femmes américaines participent chaque année au dépistage du cancer du sein, ajoute le Dr. Monticciolo. Cela signifie que nous n’avons pas la possibilité d’éliminer les cancers du sein à un stade précoce chez un grand nombre de femmes, qui arriveront à un stade ultérieur pour le diagnostic. »
L’US Preventive Services Task Force (USPSTF), comme la plupart des institutions sanitaires des pays développés, recommande actuellement que les femmes entre 40 et 74 ans subissent une mammographie de dépistage tous les deux ans. « Les directives de l’USPSTF excluent les femmes de plus de 74 ans, malgré les avantages évidents d’une détection précoce », poursuit Dr. Monticciolo. Les femmes plus jeunes n’ont pas la possibilité de se faire dépister, alors que, dans la population générale, elles sont plus susceptibles d’être diagnostiquées de cancers agressifs et à croissance rapide. »
D’autres facteurs contribuant aux tendances observées dans l’étude concernent l’augmentation des taux d’obésité, les tendances en matière de reproduction, le manque d’accès à des soins de santé de qualité et les facteurs environnementaux. Les chercheurs ont déclaré que des études supplémentaires étaient nécessaires, en particulier sur la population noire, qui est plus susceptible de subir une maladie mammaire avancée à un plus jeune âge.
Paolo Royan