Quand les ultrasons peuvent traiter sélectivement un cancer de la prostate
LUNDI 08 JUIN 2020
Les applications de l’échothérapie ne cessent d’étendre leur domaine d’action. Le Dr Joseph J. Busch, dans un entretien à la Revue Interventional oncology, parle de la technologie TULSA pour le traitement du cancer de la prostate par voie trans-urétérale.

Dans un entretien donné à la Revue Interventional oncology, le Dr Joseph J. Busch, éminent radiiologue oncologique et membre de l’International Cancer Imaging Society (ICIS) et patron du Busch Center, un centre d'imagerie médicale situé à Alpharetta, en Géorgie (USA), dédié au diagnostic et au traitement du cancer de la prostate, évoque l'intégration du traitement TULSA récemment approuvé par la Food & Drug Administration (FDA) dans sa pratique.
Un faisceau d'ultrasons à haute intensité envoyés depuis la lumière de l'urètre
TULSA (Transureteral ULtrasound Ablation) est parfois appelée ablation « à l'envers ». Cette technologie existe depuis environ 10 ans pour le traitement du cancer de la prostate, et le proof of concept a été fait lorsque des chercheurs ont d'abord utilisé des modèles animaux pour démontrer qu'ils pouvaient utiliser cet appareil pour tirer un faisceau d'ultrasons à haute intensité depuis la lumière de l'urètre vers l'intérieur de la prostate pour y détruire les tumeurs, puis ils l’ont appliqué en clinique. Après le traitement, ils ont retiré les prostates chirurgicalement et ont démontré que le cancer avait disparu.
« Après avoir terminé les essais de validation de principe dans les essais sur les animaux et les essais de phase 1 sur les humains, ils ont étendu les essais dans le monde entier à plusieurs universités, déclare-t-il. Ils ont traité la glande entière avec TULSA et l'ont comparée à la prostatectomie, avec des données sur 4 ans maintenant disponibles. » Les études ont, en outre, montré que 90% des hommes qui avaient une fonction sexuelle avant la procédure pouvaient conserver leur fonction sexuelle par la suite, de même que le contrôle de la vessie dans 98% des cas, ce qui permet de penser que la toxicité de la procédure TULSA semble être moindre par rapport à la prostatectomie. Les résultats de l'essai de phase 2 ont donc convaincu la FDA d’approuver l'utilisation de TULSA aux USA.
Une technologie venur des Pays-Bas
« Le Busch center est le premier site au monde à effectuer cette procédure sans anesthésie générale, poursuit-il. Cela est possible grâce à l’intervention de nos Certified Registered Nurses Anesthesist qui utilisent le MAC (gestion des soins d'anesthésie) et la MPM (gestion multimodale de la douleur). Les patients peuvent quitter le centre avec un cathéter en place pendant quelques jours seulement. Bien sûr, nous ne connaissons pas les résultats avant 6 à 12 mois, mais les procédures elles-mêmes se sont bien déroulées. »
Cette technologie a vu le jour aux Pays-Bas, avec le Dr Jurgen Futterer et permettait, pour la première fois, de ne traiter que le cancer, plutôt que la glande entière. « Une chose passionnante que nous avons vue en Europe est que si le cancer réapparaît même après une thérapie focale, le radiologue peut le retraiter de manière focalisée, ajoute le Dr Busch. Une étude californienne qui sera bientôt publiée a montré que le patient se porte beaucoup mieux après plusieurs traitements focaux que s'il présente une récidive de cancer après une prostatectomie ou une radiothérapie. La qualité de vie est plus élevée après TULSA ou ablation laser focale ».
Des applications pour les affectiions métastatiques ou pour l'hypertrophie prostatique
Reste que cette technologie est efficace que si le cancer est limité à la prostate seule. Si la vésicule séminale, le diaphragme ou le sphincter sont touchés, un traitement plus traditionnel comme la radiothérapie semble plus approprié. Mais le Dr Busch pense qu’il peut avoir des avantages en cas de lésions métatastiques. « Si un patient a des ganglions lymphatiques positifs, conclut-il, toute la glande de la prostate pourrait être traitée avec TULSA en une journée, suivie d'un traitement localisé des ganglions lymphatiques par irradiation sur une période d'une semaine. Le patient aurait terminé tous ses traitements en une semaine au lieu de 6 semaines. Je pense donc qu'il existe de nombreuses utilisations potentielles futures de la technologie TULSA. ». De même, cette dernière peut s’avérer être un bon moyen de rétrécir la glande prostatique, d’après les derniers résultats européens.
Bruno Benque avec Interventional oncology