Prime COVID pour les soignants : des critères d'éligibilité incohérents
LUNDI 18 MAI 2020
Comme il l’avait annoncé dernièrement, le Premier Ministre a décrété l’instauration d’une prime pour les soignants ayant œuvré dans la lutte contre le COVID-19. Si l’intention est louable, le périmètre d’éligibilité à cette prime semble trop étendu et quelque peu discriminant. Il ne reflète pas, en tout cas, le niveau de risque auquel ce sont exposés certains soignants, parmi lesquels beaucoup de manipulateurs radio.

Le Gouvernement vante, depuis plusieurs semaines, le dévouement des personnels soignants qui œuvrent en première ligne pour lutter contre l’épidémie de COVID-19.
Le Premier Ministre décrète une prime exceptionnelle pour les soignants
Plusieurs annonces ont été faites dans ce sens, prônant notamment l’instauration d’une prime exceptionnelle afin de les soutenir et de les récompenser du risque qu’ils prennent quotidiennement dans l’exercice de leurs fonctions. Ces annonces ont été suivies d’effets, puisque le Premier Ministre a promulgué, par Décret n° 2020-568 du 14 mai 2020 relatif au versement d’une prime exceptionnelle aux agents des établissements publics de santé et à certains agents civils et militaires du ministère des armées et de l’Institution nationale des invalides dans le cadre de l’épidémie de COVID-19, l’attribution d’une somme d’argent pour ces soignants.
Un périmètre d’éligibilité très large dans les régions fortement touchées par le virus
Mais force est de constater que tous les bénéficiaires de cette prime ne seront pas satisfaits de leur sort. Car une prime de 1 500 euros sera versée à l’ensemble des professionnels des établissements publics de santé ou des hôpitaux des armées quelle que soit leur filière professionnelle et quel que soit leur statut, dans les départements les plus touchés par l’épidémie. La première remarque concerne les Manipulateurs d’Électro-Radiologie Médicale (MERM), qui ont craint un temps de ne pas figurer parmi les personnels éligibles, de même que les étudiants MERM. Ils sont donc rassurés et c’est un juste retour des choses. Ce qui est plus discutable est le périmètre pour trop large des personnels qui toucheront cette prime, la notion de risque pour leur Santé n’ayant pas été prise en compte, c’est le moins que l’on puisse dire, puisque même les personnels en télétravail y auront droit !
Une prise de risques non prise en compte pour beaucoup de soignants, parmi lesquels des MERM
À l’inverse, le montant de la prime ne sera que de 500 euros pour ceux qui exercent dans les établissements se trouvant dans les régions les moins touchées par l’épidémie. Et pourtant, certains d’entre eux ont été directement en contact avec les patients infectés, et ce très régulièrement. C’est le cas, par exemple, des MERM des services de scanner, les plus sollicités pour dépister ou suivre les pneumonies liées au virus, ou, à un degré moindre, de leurs collègues de radiothérapie ou de médecine nucléaire qui n’ont pas refusé de traiter ou d’explorer les patients dont ils avaient la charge sous prétexte que ces derniers étaient infectés. Dans ces régions donc, la prime maximale pourra tout de même être attribuée à certains d’entre eux, à l’appréciation de leur chef d’établissement. Autant dire de manière arbitraire…
Une déception atténuée par une possible revalorisation des salaires ?
Une fois de plus, il faut le déplorer, le gouvernement est passé à côté d’une vraie marque de reconnaissance envers les « soldats du soin », comme ils les appellent dans cette guerre contre le virus, ceux qui ont mis leur Santé en danger pour sauver celle des autres et qui sont traités de la même manière que ceux qui n’ont observé le virus que de loin. Il ne s’agit pas pour nous d’opposer les uns aux autres, mais de regretter que les premiers n’aient pas été mis en valeur comme ils l’auraient mérité. Mais voilà qu’une lueur d’espoir pointe pour l’ensemble des soignants : nos gouvernants préparent, parait-il, des revalorisations de salaires, ce qui serait mieux perçu qu’une prime ponctuelle. Mais attendons un peu pour voir à quelle hauteur se hisseront les revalorisations…
Bruno Benque