Les rugbymen du Stade toulousain comme cohorte d'une étude sur l'évolution des lésions musculaires
LUNDI 30 SEPTEMBRE 2019
À l'occasion d'une visite dans les locaux médicaux du Stade toulousain, nous avons rencontré le Dr Philippe Izard et le Pr Nicolas Sans qui viennent de lancer une étude sur la gradation des blessures musculaires des rugbymen professionnels. L'élastographie, la clinique et la génétique seront au centre du diagnostic prospectif qu'ils tenteront d'établir.

L'invitation que nous a faite le Dr Philippe IZARD, Responsable médical du Stade toulousain, et le Pr Nicolas Sans, Chef du Pôle imagerie médicale du ChU de Toulouse avait de quoi ravir les mordus de sport de haut niveau et de médecine sportive.
Voyage au cœur de la ré-athlétisation des rugbymen professionnels
Nous avons en effet été conviés à une visite des installations de ce club de rugby de légende, à rencontrer les entraineurs, à côtoyer les joueurs du stade toulousain en phase de récupération après une blessure ou de ré-athlétisation et même à assister à l'entrainement du matin. Mais notre présence au sein de cette institution avait également pour but de nous présenter une étude que les deux praticiens lancent afin de tenter de créer les conditions d'une meilleure prise en charge de leurs blessés ainsi que d'un retour à la compétition plus rapide.
La médecine du sport au service du patient Lambda
Pour venir en appui à cette étude, ils utiliseront l'échographe Aplio i800 de Canon Medical, que le Pr Sans utilise déjà au CHU et qui a été mis à disposition au sein du cabinet médical du club dans ce cadre, par le constructeur japonais. Celui-ci n'en est d'ailleurs pas à son coup d'essai dans le monde du sport. Il a établi, depuis quelques années déjà, des partenariats avec les clubs de football du FC Barcelone, de Manchester United ou de l'AS Monaco, ainsi qu'avec les grandes courses de vélo, dont le Tour de France pour lequel il a mis en place un cabinet médical itinérant. "Il s'agit, pour Canon Medical, de développer des outils de diagnostic pour les athlètes de haut niveau, mais qui pourront ensuite être appliqués au patient Lambda", précise François Vorms, Directeur Général du constructeur.
L'échographie, modalité indispensable aux pathologies ostéo-articulaires
Le Dr Philippe Izard est le responsable médical du secteur professionnel du Stade toulousain depuis de nombreuses années. Dans sa pratique, il a pu mesurer l'importance de la collaboration radio-clinique pour potentialiser la qualité du diagnostic du sportif. "Dans ce contexte, le Pr Nicolas Sans apporte son expertise en imagerie ostéo-articulaire afin qu'ensemble nous puissions établir des schémas thérapeutiques et des pronostics de retour à la compétition, remarque-t-il. Pour l'appareil locomoteur, l'évaluation dynamique est au cœur de la blessure, c'est pourquoi l'échographie est un outil indispensable, par l'apport de l'image en live." Les deux praticiens ont d'ailleurs collaboré à un Atlas des nerfs du membre supérieur publié par la Société d'Imagerie Musculo-Squelettique (SIMS).
L'apport de l'élastographie dans le diagnostic des lésions musculaires
Le Pr Nicolas Sans, quant à lui, collabore avec le Stade depuis 2006. Il a, dès lors, créé un partenariat entre le club et le CHU pour l'exploration des blessures des joueurs professionnels, mais aussi des jeunes, ce qui représente quelques 700 licenciés ! "Le Président du Stade toulousain, Didier Lacroix, a un projet de constitution d'un véritable centre d'imagerie médicale au sein du club, qui pourrait accueillir les joueurs et qui pourrait s'ouvrir sur la ville, annonce-t-il. Mais l'échographie reste le meilleur outil en ostéo-articulaire, par sa résolution spatiale optimale et sa composante dynamique. Et nous disposons désormais, avec l'Aplio i800, de la technologie permettant de réaliser des élastographie pour aller plus loin dans le diagnostic des lésions musculaires."
Établir une cohorte sur la gradation des blessures
C'est d'ailleurs l'élastographie qui sera au cœur de l'étude que les deux praticiens sont en train de lancer. Elle servira à constituer des données quantitatives sur l'évolution des lésions musculaires auxquelles les joueurs de rugbyprofessionnels sont sujets. "L'élastographie nous donne une vision précise de la dureté de ces lésions et de l'éventuelle présence de calcifications, poursuit le Pr Sans. Nous espérons établir une cohorte significative de la gradation des blessures et ainsi élaborer des référentiels de reprise de l'entrainement de manière plus cohérente. Les joueurs que l'on envoie régulièrement en examen ne respectent pas toujours les fréquences d'exploration. Ce ne sera plus le cas, puisque nous aurons le joueur sous la main et la modalité pour l'explorer in situ."
Obtenir une vision prospective de la reprise sportive après la blessure
Reste que toutes les blessures ne se ressemblent pas et que tous les joueurs n'ont pas la même réponse au traitement. "La reprise d'un sportif est souvent liée, par exemple, à la clinique ou à des tests de vitesse, conclut le Dr Izard. Mais ce n'est pas suffisant. La variabilité de cicatrisation musculaire dépend de l'âge ou de la génétique du joueur, il existe même un gène de fragilité musculaire. Grâce à l'élastographie, nous pourrons établir des bases de données, pour le quadriceps d'un pilier comme pour le pectoral d'un ailier, en comparant le muscle touché et le muscle contro-latéral, et ainsi obtenir une vision prospective."
Les premières données significatives devraient être disponibles d'ici un an. Nous avons déjà rendez-vous avec les deux praticiens pour en faire un premier bilan.
Bruno Benque