Abus de cocaïne : l'IRM pour identifier les lésions cardiaques aigües et chroniques induites
JEUDI 13 JUIN 2019
Selon un article publié dans la revue Radiology: Cardiothoracic Imaging, l'IRM cardiaque joue un rôle essentiel dans le diagnostic des maladies cardiovasculaires induites par la cocaïne. Elle permet en effet de distinguer les lésions aigües et chroniques liées à ce fléau.

L'abus de cocaïne est un problème de santé publique majeur dans le monde entier. Dans la seule Union européenne, la prévalence de la consommation de cocaïne était estimée à environ 3,4 millions de personnes chez les 15 à 64 ans en 2017, et il est évident que la consommation augmente dans toutes les classes socioéconomiques. L'enquête nationale sur l'usage de drogues et la santé a révélé qu'en 2014, on comptait environ 1,5 million de consommateurs de cocaïne âgés de 12 ans et plus aux États-Unis.
Des lésions cardiaques aigües et chroniques provoquées par l'abus de cocaïne
L'abus de cocaïne peut avoir des effets particulièrement dévastateurs sur le cœur. Ces effets peuvent être à la fois aigus, infactus du myocarde ou myocardite aigüe, et chroniques, se développant avec les années, comme des cardiomyopathies. Être en mesure de faire la distinction entre ces deux types de lésions est essentiel pour des actions thérapeutiques pertinentes, mais, dans de nombreux cas, le diagnostic est difficile en raison du chevauchement des symptômes. En règle générale, un bilan diagnostique approfondi est nécessaire. Il comprend les antécédents cliniques, des tests de sanguins, un électrocardiogramme, un test d'effort, un examen d'imagerie non invasif, ainsi qu'une coronarographie.
Le rôle essentiel de l'IRM dans l'exploration tissulaire cardiaque
En tant que méthode d'imagerie non invasive, l'IRM cardiaque est bien placée pour jouer un rôle central dans le diagnostic des problèmes cardiaques liés à l'abus de cocaïne. Selon l’auteur principal d'une étude publiée dans la Revue Radiology: Cardiothoracic imaging, le Pr Marco Francone, de l’Université Sapienza de Rome, la plus grande force de l'IRM réside dans sa capacité à fournir une vue microscopique des tissus vivants, aidant ainsi les cliniciens à différencier un large éventail de maladies cardiaques. "Il s'agit d'une caractéristique unique de l'IRM cardiaque qui le distingue des autres modalités d'imagerie et lui confère un rôle essentiel dans la gestion des patients toxicomanes et, en général, des maladies cardiaques structurelles", déclare-t-il.
Permettre de différentier les lésions aigües et chroniques
Le Pr Francone et ses collègues ont récemment effectué une revue de la littérature existante sur l’utilisation de l’IRM cardiaque dans l’évaluation de l’abus de cocaïne. Les recherches ont montré que l’IRM cardiaque pouvait détecter les effets de la cocaïne sur le système cardiovasculaire et aider à différencier les affections aiguës et chroniques. "Même si toutes ces pathologies ont pour cause principale l'abus de cocaïne, les dommages au myocarde et, par conséquent, l'évolution clinique, sont complètement différents, allant du rétablissement complet à l'insuffisance cardiaque", précise-t-il. L'IRM cardiaque a des implications diagnostiques et pronostiques particulièrement importantes pour les types de cardiomyopathies constituant les effets chroniques de l'abus de cocaïne.
Un diagnostic précoce, même à la phase asymptomatique
Il permet d'évaluer notamment la fonction ventriculaire afin d'identifier les différentes phases de la cardiomyopathie chronique. L'IRM cardiaque peut également fournir des informations sur le tissu myocardique, ce qui permet de rechercher les causes sous-jacentes de la fonction cardiaque sous-optimale. "Le véritable défi est le diagnostic précoce de la cardiomyopathie induite par la cocaïne et, en particulier, à son stade asymptomatique, conclut le Pr Francone. Un diagnostic précoce peut en effet avoir un impact significatif sur les résultats cliniques, empêchant l'évolution vers l'insuffisance cardiaque." Le diagnostic des modifications cardiaques induites par la cocaïne doit intégrer des données telles que l'âge et le sexe, une évaluation clinique et des antécédents de toxicomanie, ainsi que des résultats de laboratoire avec les résultats de l'IRM cardiaque.
Bruno Benque avec RSNA