L'IRM pour évaluer l'impact du dépôt de fer dans le cerveau après un AVC
VENDREDI 15 MARS 2019
Selon une étude publiée dans la revue Radiology, une cartographie IRM R2* qui mesure le contenu en fer peut améliorer l'exploration des conséquences des lésions cérébrales causées par les AVC. Les chercheurs misent sur les thérapies de prévention du dépôt de fer pour ralentir ou arrêter la dégénérescence des neurones.

Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) peuvent entraîner des altérations importantes causées par des infarctus ou la mort de tissus en raison de l’arrivée de sang dans le cerveau bloquée par un caillot. Les résultats à long terme peuvent également être affectés par une dégénérescence retardée de zones du cérébrales éloignées du territoire affecté par l'AVC, parmi lesquelles la substantia nigra (SN), qui se situe dans le tronc cérébral.
Les effets secondaires à l'AVC liés à l'excès de fer
"Globalement, la SN est fortement impliquée dans le contrôle moteur, mais aussi dans la régulation des émotions, de la cognition et de la motivation, précise le Pr Thomas Tourdias, du CHU de Bordeaux qui a co-écrit une étude sur ce thème dans la revue Radiology. Habituellement, les AVC n’affectent pas directement la SN, mais, en interrompant les circuits, les AVC peuvent induire une dégénérescence secondaire de cette zone." Avant la nouvelle étude, cette dégénérescence secondaire de la SN n'avait été observée que lors d'examens post-mortem. L'imagerie sur une personne vivante n'a pas été en mesure de capturer la dégénérescence à long terme.
Aussi, dans la nouvelle étude, le Pr Tourdias et ses collègues ont utilisé la cartographie IRM R2*, qui mesure le contenu en fer du cerveau. Le fer est important pour le fonctionnement normal du celui-ci, mais un excès en fer est lié à la neurodégénérescence. Le fer est libéré par les neurones en train de mourir et par les cellules immunitaires, riches en fer, présentes autour des neurones blessés, ce qui accélère la neurodégénérescence par le biais d'un processus appelé stress oxydatif.
Une étude basée sur la cartographie IRM R2*
Les chercheurs ont utilisé la cartographie IRM R2 * pour évaluer 181 patients ayant subi un AVC. Un an après une évaluation initiale, certains patients présentaient une teneur en fer plus élevée dans la SN. Cette teneur élevée en fer a été associée à de pires résultats à long terme, en particulier lorsque elle se situe du même côté que l'AVC. "Nous avons montré que l'imagerie du fer peut également être utilisée pour identifier la dégénérescence à distance d'un AVC dans des zones déconnectées, poursuit-il. Cette découverte pourrait être cliniquement utile car elle montre qu'un simple protocole IRM tel que R2 * peut fournir une image plus complète des conséquences d'un infarctus."
Les thérapies de prévention du dépôt de fer pourraient limiter la neurodégénérescnce
Les résultats suggèrent que la cartographie R2 * pourrait être ajoutée à l'IRM de suivi après un AVC pour surveiller la neurodégénérescence en évaluant les niveaux de fer dans la SN. Plus généralement, les résultats confirment que l’utilisation de l’imagerie du fer est un marqueur de la neurodégénérescence, idée déjà explorée pour les maladies neurodégénératives telles que la maladie de Parkinson.
"Les thérapies de prévention des dépôts de fer pourraient éventuellement être utilisées pour ralentir ou arrêter la dégénérescence des neurones, conclut le Dr Tourdias. Nous étudions actuellement cette piste. Notre approche pourrait ainsi devenir cruciale en clinique si la modulation du fer devenait une stratégie neuroprotectrice à l'avenir."
Bruno Benque avec RSNA