Confiance et responsabilité, facteurs essentiels d'une bonne coopération interprofessionnelle
LUNDI 19 FéVRIER 2018
La session dédiée aux coopérations interprofessionnelles organisée lors du MDCT 2018 a permis de faire le point sur leurs évolutions dans le champ de l'imagerie médicale. Responsabilité, confiance, compétences, formation et innovation ont été les maitres mots de cette table ronde. Mais certains radiologues ne sont pas encore convaincus.

La coopération interprofessionnelle en imagerie médicale semble une des voies à suivre pour améliorer la prise en charge radiologique des patients. Mais comment faire pour la rendre pertinente et réussir son développement ?
Des protocoles basés sur le volontariat
Pour répondre à cette question, le Dr Laurent Verzaux (Le Havre) a pris la parole le 30 janvier 2018 à l'occasion du VIIème Symposium Scanner volumique (MDCT) 2018. Après un bref rappel de l'évolution législative sur le sujet, il a souhaité poser les bases d'une bonne collaboration entre radiologues et manipulateurs. Il a notamment affirmé qu'elle reposait avant tout sur un projet médical et que les acteurs impliqués dans les protocoles de coopération devaient y participer de manière volontaire. Pour réussir ces processus, il a mis en avant la nécessité d'assurer des actualisations de compétences pour les nouvelles activités des manipulateurs, tant en formation initiale que continue.
De nouvelles activités bientôt dévolues aux manipulateurs ?
Mais les critères de réussite d'une bonne coopération sont à chercher également du côté de la confiance. Confiance du radiologue envers les compétences du personnel paramédical, qui doit exercer avec autonomie, et respect mutuel pour assurer les conditions d'une bonne entente. Les protocoles de coopération devraient, selon le Dr Verzaux, faire l'objet de nouveaux actes techniques dans un futur proche sous l'effet de nouvelles situations cliniques, notamment en radiologie interventionnelle, mais aussi dans le cadre d'une prochaine tarification au parcours. Il a ainsi donné l'exemple d'une possible participation du manipulateur pour expliquer les comptes rendus des radiologues, selon un schéma s'inspirant de l'exercice de l'infirmière d'annonce.
L'activité du manipulateur ne doit pas se cacher derrière la responsabilité médicale
Une table ronde a suivi la présentation du Dr Verzaux, faisant intervenir, sur le même sujet, Brigitte Lammault, secrétaire générale du Comité d'harmonisation des centres de formation de manipulateurs et le Dr Bruno Boyer, représentant de l'Ordre National des Médecins. Pour la première, les coopérations interprofessionnelles renforcent la notion de responsabilité du manipulateur sur ses pratiques. Si c'est le radiologue qui est encore responsable de l'acte d'imagerie, le paramédical ne doit pas se cacher derrière la responsabilité médicale concernant les actes qu'il aura à réaliser. Le manipulateur se doit d'adopter une vision interprofessionnelle des situations de prise en charge afin de donner du sens aux protocoles et d'alimenter la recherche de nouvelles coopérations innovantes. Elle a ainsi donné quelques exemples de possibles activités nouvelles comme le suivi des patients après les actes interventionnels ou es traitements de radiothérapie ou, pour rejoindre le discours du Dr Verzaux, de l'explication des comptes rendus.
Où l'on reparle des pratiques avancées pour les manipulateurs
Le Dr Boyer est revenu quant à lui sur l'éventuelle création de pratiques avancées pour les manipulateurs. Ces dernières doivent être considérées de manière interprofessionnelle afin de garantir une qualité optimale de la prise en charge radiologique, sur la base de pratiques expérimentées et validées. Il sera, pour lui, nécessaire d'informer le patient sur ces évolutions, le médecin restant responsable devant ce dernier. Reste que certains radiologues, dans l'assistance, exprimaient leurs craintes quant au transfert de certaines tâches, notamment en échographie.
La question n'est pas tranchée mais des évolutions sont à attendre sur le champ des coopérations interprofessionnelles en imagerie médicale.
Bruno Benque