Le tenseur de diffusion pour évaluer l'état cérébral des anciens combattants
MERCREDI 30 MARS 2016
Selon une nouvelle étude publiée dans la revue « Radiology », l'imagerie de tenseur de diffusion (DTI), obtenue en IRM, peut prédire les résultats des soldats de retour de missions qui ont subi une légère lésion cérébrale traumatique (TCCL) lors d’un combat.

La TCCL est difficile à diagnostiquer
Aujourd’hui, l'évaluation d’une TCCL reste difficile en raison des difficultés à établir le diagnostic. Les effets d’une TCCL peuvent être confondus avec d’autres pathologies comme le trouble de stress post-traumatique. La DTI mesure la circulation de l'eau dans le cerveau pour détecter des anomalies, en particulier dans la substance blanche. D’après des études antérieures, et plus récemment des résultats fonctionnels dans des groupes de patients, un lien entre les mesures de la DTI et la fonction neurocognitive peut être établi. La volonté de découvrir les éventuels effets sur le long terme d’une TCCL a incité le Dr Jeffrey Ware du Medical Center de Philadelphie à examiner les anciens combattants en utilisant cette technique.
Le DTI : une technique de dépistage plus précise
Le Dr Ware et ses collègues ont utilisé, lors d'un travail de recherche publié dans la revue Radiology, l'IRM cérébrale et la DTI pour étudier 57 anciens combattants atteints d’une TCCL après une blessure au combat. La durée moyenne entre la blessure et l’évaluation de celle-ci était de 3.8 ans, avec une durée moyenne de suivi de 1.4 ans. « Toutes les images IRM classiques ont été interprétés comme normale, a déclaré le Dr Ware. Nous avons analysé rétrospectivement les données de la séquence de la DTI pour calculer les mesures d'intégrité de la matière blanche, que nous avons par la suite comparées à des mesures cliniques et des mesures de résultats ultérieurs de 6 mois à 2.5 ans après le diagnostic initial de la TCCL ». Les résultats de la DTI ont permis d’établir des corrélations significatives entre les mesures avant la campagne militaire, les symptômes neurocomportementaux, la date de la blessure, et les résultats fonctionnels suivants. Les mesures ont également révélé un recours plus important aux soins médicaux chez les anciens combattants atteints d’une TCCL.
Des conséquences sur le long terme
Après le premier diagnostic établi au retour de mission, 34 des participants à l'étude sont retournés au travail. Les anciens combattants qui ne sont pas retournés au travail présentaient une anisotropie fractionnelle significativement plus faible et une diffusivité supérieure dans une région spécifique du cerveau, la capsule interne gauche. Dans cette région du cerveau, ces mesures sont moins impliquées dans l'intégrité structurelle. La capsule interne gauche du cerveau est surtout connue pour contenir des fibres importantes stimulant le côté droit du corps. Les résultats suggèrent donc un lien entre les déficiences dans le fonctionnement de la motricité fine et l'incapacité de retourner au travail.
« Nos résultats font penser que les différences dans les microstructures de la substance blanche peuvent expliquer en partie la variance des résultats fonctionnels chez les anciens combattants. En particulier, la perte d’intégrité de la matière blanche a un effet mesurable directe, a déclaré le Dr Ware. La DTI a permis de découvrir l'association entre les mesures de l'intégrité de la matière blanche et les résultats survenus des mois ou des années après le retour de missions des soldats de l'étude."
Pauline Mayol