DES TÂCHES SOMBRES SUR LES RADIOS AUTOUR DE FUKUSHIMA
MERCREDI 09 SEPTEMBRE 2015
L'American Journal of Roentgenology rapporte que des radio-isotopes dispersés dans l’air de la région de Fukushima lors de l’accident nucléaire ont créé des images inexpliquées sur des clichés issus de plaques de radiologie numérisée.

L'accident nucléaire de Fukushima a provoqué la dispersion de particules radioactives dans l'atmosphère, plusieurs kilomètres autour de la centrale. Selon un article de l'American Journal of Roentgenology publié le 21 août 2015, ces particules se sont manifestées sur des plaques de radiologie numérisée (CR) des hôpitaux environnants en mars 2011.
Des tâches sombres inexpliquées sur les clichés
Les radiologues de l’Hôpital général Kyoritsu à Iwaki, à environ 40 km de la centrale nucléaire de Fukushima ont en effet identifié de petites tâches sombres sur les clichés, qui ne correspondaient à rien de connu sur le plan clinique. Ils ont alors pensé que ce phénomène pouvait être causé par l’accident de la centrale nucléaire. Ils se sont aperçus qu’en utilisant des plaques neuves, quelques semaines après l’accident, les tâches n’apparaissaient pas. Les auteurs de l’article pensent qu’elles ont été créées des radio-isotopes de l'accident de Fukushima suspendus dans l'air, et qui se seraient insérés dans la cassette.
Des radio-isotopes présents dans le feutre de la cassette
Les Drs Kashimura et Koichi Chida, auteurs de l’étude, ont exploré l’intérieur des cassettes incriminées par microscopie optique et détecté des morceaux de matière particulaire en suspension dans le feutre d'une cassette qui était utilisée au moment de la catastrophe. Ils ont ensuite coupé le morceau de feutre et l’ont inséré dans une nouvelle cassette, ce qui a provoqué l’apparition de nouvelles tâches sombres. Ils en sont venus à la conclusion que ces particules étaient des radio-isotopes qui, en suspension dans l’air, étaient venus se ficher dans le feutre à l’intérieur des plaques radiosensibles. Ils pensent que ces éléments sont de l’iode 131, ou plus vraisemblablement du césium 134 et 137, qui ont une demi-vie plus longue.
Un phénomène inoffensif pour la radioprotection des patients et des personnels
L’étude évalue enfin les conséquences de cette découverte sur la radioprotection des patients et du personnel qui a manipulé ces cassettes. Les chercheurs ont identifié une radioactivité particules inférieure à la limite de détection de leurs appareils de mesure à 15 mm de la surface de la cassette. Le niveau détecté était, en fait, le même que le niveau de rayonnement de fond mesuré dans l’établissement à l'époque. Les patients et les personnels ne semblent donc pas avoir été irradiés significativement par ces particules.
Effacer la plaque avant chaque examen
Il est à noter que les tâches sombres ne sont pas apparues sur les capteurs plans utilisés dans cet établissement, ce que les chercheurs expliquent par le potentiel de stockage des plaques et leur grande sensibilité. Afin de pouvoir continuer à utiliser ces dernières, qui avaient été « contaminées » par les isotopes, les manipulateurs doivent, avant chaque examen, effacer la plaque qu’ils souhaitent utiliser et la lire tout de suite après l’acquisition de l’image, avant que la particule n’ait le temps de produire sa tâche sombre.
Bruno Benque