CONTROVERSE SUR L'IMAGERIE CARDIAQUE
MARDI 10 MARS 2015
Qui du scanner, du PET ou de l'IRM est-il le mieux à même d'étudier les maladies cardiaques ? C'est ce qu'ont tenté d'identifier les Prs Sami Kajander, Hatem Alkhadi et Marco Francone lors d'une session de l'ECR 2015.

Parmi les nombreuses conférences qui ont jalloné l'European Congress of Radiology (ECR), qui s'est tenu du 4 au 8 mars 2015, une controverse a été organisée pour évaluer les meilleures modalités d'imagerie cardiaque.
Le couple scanner-PET
S'exprimant en faveur de l'imagerie hybride, le Dr Sami Kajander, radiologue à l'hôpital de l'université de Turku, Finlande, a évoqué une combinaison du scanner (CT) et de la scintigraphie: "L'imagerie hybride combine le détail anatomique du CT avec l'excellente sensibilité de l'imagerie nucléaire et cet ensemble représente plus que la somme de ses parties ». Si l'on compare la coronarographie par CT (ACCT) avec la perfusion myocardique du SPECT et du PET pour la diagnostic non invasif des affections de l'artère coronaire, il a souligné que les deux méthodes ont leurs forces et leurs faiblesses. Tout d'abord, si l'angioscanner des coronaires (CTCA)montre avec précision les plaques et sténoses épicardiques, avec une valeur prédictive négative de maladie coronarienne pour des images normales, on est généralement incapable de fournir des informations sur le flux sanguin au niveau du myocarde.
Mesurer le taux de sténose et l'impact dur le myocarde
A l'inverse, l'imagerie nucléaire est l'examen de choix dans l'évaluation du débit et de la perfusion du myocarde, mais il échoue à visualiser les artères épicardiques elles-mêmes. "Le principal avantage de l'imagerie hybride est donc la possibilité d'obtenir des informations à la fois sur l'anatomie et la fonction cardiaque dans une étude non invasive, " il ajouté. Il recommande que les patients présentant un risque intermédiaire de maladie de l'artère coronaire soient les plus susceptibles de bénéficier d'imagerie hybride. Dans ce groupe de patients, le CT est l'examen non invasif en mesure de détecter à la fois les modifications de paroi de l'artère, avec une mesure précise de la sténose, et la composition des plaques coronariennes, tandis que la médecine nucléaire montre la gravité avec laquelle le myocarde est affecté.
Le scanner pour des douleurs thoraciques atypiques
Arguant pour l'utilisation d'une seule modalité d'imagerie CT, mais précisant que l'IRM a également une place importante dans le processus de diagnostic, le Professeur Hatem Alkadhi, de la Institut de radiologie diagnostique et interventionnelle à l'Université de l'Hôpital de Zurich, a également pris la parole au cours de cette session. Il croit fermement qu'une sélection des patients la plus appropriée doit se faire pour le CT. Pour lui, les patients qui présentent des douleurs thoraciques atypiques avec une faible probabilité de maladie coronaire sont mieux à même de subir un scanner. "Le CT peut alors être utilisé comme un filtre Test, a-t-il souligné. S'il est négatif, il n'y a pas besoin d'autre traitement invasif. S'il est positif, une IRM de stress sera recommandée pour déterminer la présence et évaluer l'étendue d'une ischémie ou d'un infarctus. "
L'IRM, pour les mutiples possibilités qu'elle procure
Le Dr Marco Francone, Professeur de radiologie à l'Université Sapienza de Rome, a souligné quant à lui la nécessité de se concentrer sur l'observation du myocarde ischémique, afin de mieux influencer la gestion thérapeutique du patient. «Tout d'abord, l'ischémie myocardique n'est pas corrélée linéairement avec un degré de sténose et revet une importance significative dans le pronostic. D'autre part, l'identification de la lésion cible produisant l'ischémie devrait être obligatoire pour configurer correctement les stratégies de revascularisation". L'importance de l'IRM cardiaque découle de la multiplicité des techniques disponibles dans un examen unique, y compris la perfusion de repos /stress, le stress à la dobutamine ou la vascularisation tardive, de façon non invasive et aux performances diagnostiques supérieures par rapport à ses concurrents directs comme le SPECT / PET et l'échocardiographie.
Bruno Benque