Les variations mondiales de l'imagerie cardiovasculaire durant la pandémie
MERCREDI 04 OCTOBRE 2023
Selon une étude publiée dans Radiology : Cardiothoracic Imaging, les volumes d’explorations cardiovasculaires non invasives ont fortement diminué lors de la crise sanitaire. Ce travail a chiffré les variations du nombre d’examens effectués aux USA, dans les pays riches et dans les pays défavorisés à cette période.

L’activité programmée des centres d’imagerie médicale, à l’instar des autres institutions au sein desquelles s’exercent les spécialités médicales, a connu une chute significative durant la crise sanitaire provoquée par la pandémie de COVID-19. Les volumes d’explorations cardiovasculaires non invasives ne font pas exception, mais cette baisse a-t-elle été évaluée ?
Les données de l’AIEA pour évaluer les variations du nombre d’explorations cardiovasculaires lors de la crise sanitaire
Une étude américaine publiée dans la Revue Radiology : Cardiothoracic imaging et pilotée par le Pr Andrew J. Einstein, directeur de la cardiologie nucléaire, de la tomodensitométrie cardiaque et de l'IRM, et professeur de médecine au Columbia University Irving Medical Center de New York, s’est attelée à cette tâche. « Les maladies cardiovasculaires restent la principale cause de décès chez les hommes et les femmes, annonce le Pr Einstein. Les procédures de diagnostic sont impératives pour le diagnostic rapide et la stratification des risques des patients suspectés de maladie cardiovasculaire. »
Le Pr Einstein et une équipe de chercheurs ont évalué, pour réaliser leur étude, les données recueillies par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans le cadre de l’étude sur les protocoles de cardiologie non invasive du COVID-19 (INCAPS COVID et INCAPS COVID 2). Cette enquête mondiale a collecté des données auprès de 669 établissements dans 107 pays pour déterminer l’impact de la pandémie sur les volumes d’interventions diagnostiques cardiovasculaires.
Les établissements aux USA moins impactés que dans les autres pays
Avec 93 centres répartis dans 34 États américains participants, l’étude du Pr Einstein et ses collègues est l’une des plus grandes analyses de procédures diagnostiques cardiovasculaires aux États-Unis publiées à ce jour. Les établissements participants ont déclaré des volumes d’imagerie diagnostique en mars 2019 (référence), avril 2020 (début de la période pandémique) et avril 2021 (période de récupération). Utilisant les caractéristiques d'INCAPS COVID 2, les chercheurs ont ainsi évalué les volumes de procédures avant, pendant et après la pandémie et ont effectué une analyse statistique sur les facteurs associés à un retour aux volumes pré-pandémiques aux États-Unis.
Les résultats pour les établissements américains rapportent des volumes totalisant 262 691 procédures, et les centres non américains des volumes totalisant 930 235 procédures. Le volume de procédures de base par centre était plus élevé dans les établissements américains que dans tous les établissements non américains (951 contre 222) et dans les établissements non américains des pays à revenu élevé (951 contre 300).
Le volume mondial d’interventions d’imagerie cardiovasculaire a diminué de 64 % en avril 2020 par rapport à mars 2019. En 2021, les pays à revenu faible et intermédiaire ont signalé des baisses persistantes et substantielles des volumes d’interventions par rapport à 2019, tandis que tous les autres pays, y compris les États-Unis, ont déclaré des volumes de procédures proches ou égaux aux volumes de référence antérieurs à 2019. Aux États-Unis, la reprise régionale a été la plus faible dans le Sud et l’Ouest.
L’importance de la télémédecine dans les résultats obtenus dans les pays riches
Selon le Pr Einstein, la disponibilité des services et des politiques de télémédecine pourrait avoir été l’un des facteurs jouant un rôle dans la reprise. Les établissements américains ont signalé une utilisation deux fois plus importante des services de télésanté que les établissements des autres pays à revenu élevé. « Bien que d'autres études soient nécessaires pour évaluer l'impact à long terme de l'utilisation accrue de la télésanté sur les résultats pour les patients, des études ont déjà montré que la télésanté est associée à une satisfaction accrue des patients, à une meilleure rétention des patients et à un meilleur accès aux soins pour un large éventail de populations de patients », ajoute-t-il.
Il a conclu en disant qu'une approche à multiples critères est nécessaire pour lutter contre la morbidité et la mortalité excessives potentielles dues aux maladies cardiovasculaires dans les régions économiquement défavorisées, notamment l'amélioration de l'accès aux soins cardiovasculaires, les ressources pour le diagnostic et le traitement, l'amélioration de la formation des professionnels de santé et le dév eloppelent des infrastructures de télésanté.
Bruno Benque avec RSNA