Jacques Niney (FNMR): "Nous fondons beaucoup d'espoir dans le Projet Professionnel Commun"
MARDI 03 DéCEMBRE 2013
Les radiologues libéraux, à l'instar de l'ensemble de leurs confrères du secteur privés, sont dans l'oeil du cyclone des mesures d'économies instaurées pour venir en aide à l'Assurance Maladie. Dans ce contexte, nous avons rencontré le Dr Jacques Niney, Président de la Fédération Nationale des Médecins Radiologues (FNMR), pour faire un point sur les mesures de baisses tarifaires en cours et à venir, mais aussi sur des sujets touchant à la désertification médicale ou à la démarche qualité dans les services d'imagerie.

THEMA RADIOLOGIE: Dr Niney, vous êtes Président de la Fédération Nationale des Médecins Radiologues (FNMR). Quel est aujourd'hui le champ d'action de ce syndicat ?
Dr JACQUES NINEY: La FNMR a aujourd'hui plus de 104 ans. Elle comporte quelques 4800 radiologues libéraux, auxquels il faut ajouter 2% de praticiens hospitaliers. Il faut savoir, par ailleurs, que la Société Française de Radiologie (SFR) est historiquement une émanation de la FNMR. Cela vous donne une vision du poids de cette institution.
T.R.: La radiologie privée est, à l'instar de la médecine libérale dans son ensemble, sous le coup du fameux avenant N°8 de la convention médicale et des baisses tarifaires qu'il prévoit. Où en sont les négociations sur ce point ?
Dr J.N.: Le point de départ de la baisse tarifaire date de 2007, où 280 M€ ont été cédés par les radiologues dans le cadre de mesures d'économies. Nous avons alors demandé que soit mis en place un plan pluriannuel d'économies négociées, ce qui a été acté. Nous suivons aujourd'hui le plan 2012-2014, où de nouvelles économies, moins anarchiques, ont été instaurées, mais où nous avons pu obtenir une aide pour investir dans des équipements d'archivage des images concernant le dépistage du cancer du sein.
Le Projet Professionnel Commun, un vecteur de la continuité de prise en charge des patients
T.R.: Les fermetures de cabinets de radiologie induites par la baisse tarifaire de 2007 ont-elles diminué depuis l'instauration de ces plans négociés ?
Dr J.N.: Il y a, en fait, deux origines aux fermetures de cabinets. La baisse tarifaire, effectivement, mais aussi la baisse démographique médicale, les praticiens retraités ne trouvant pas de candidats à la reprise de leur cabinet. Cela crée un réel problème pour la radiologie de proximité, quand on sait que, par exemple, 80% des dépistages du cancer du sein sont réalisés dans ces petites structures. Pour contourner le problème, nous avons, avec le Conseil Professionnel de la Radiologie, qui regroupe l'ensemble des syndicats représentatifs, mis en place le Projet Professionnel Commun (PPC)...
T.R.: ...c'est un moyen de faire adhérer les jeunes radiologues ?
Dr J.N.: Tout à fait. Puisque les jeunes radiologues ne souhaitent pas, pour leur grande majorité, reprendre les activités de cabinet de proximité, surtout en milieu rural, le PPC tente de regrouper les moyens humains et économiques, pour un bassin de population donné, autour d'une structure possédant, par exemple, du matériel d'imagerie en coupe, afin notamment d'intéresser les jeunes praticiens. Nous fondons beaucoup d'espoir sur ce moyen de pérenniser une activité minimale dans lesdits cabinets, en utilisant notamment la téléimagerie, au service de la continuité de la prise en charge des patients.
T.R.: La Société d'Imagerie Musculo-Squelettique (SIMS) a déposé un référé en suspension pour l'avenant N°8. Le dossier a-t-il avancé ?
Dr J.N.: La SIMS a été déboutée quant au référé. L'affaire devrait, à moyen terme, passer en jugement sur le fond du dossier.
T.R.: Un plan d'urgence a été décrété pour l'émission d'autorisations d'IRM. Cela permettra-t-il de rattraper le retard de la France dans ce domaine ?
Dr J.N.: Ce plan d'urgence n'a que peu de répercussions sur les nouvelles autorisations, puisque celles-ci sont soumises au bon vouloir des ARS. Les quelques attributions de machines que l'on a constaté dernièrement sont antérieures à ce plan. Nous sommes toujours en retard de 600 machines environ, le dernier plan cancer a d'ailleurs pointé du doigt les délais d'attente pour l'accès aux installations d'IRM.
Les mutualisations régionales d'archivage seront difficiles à généraliser
T.R.: La mutualisation des moyens locaux ou régionaux concerne-t-elle les systèmes d'archivage ?
Dr J.N.: Concernant l'archivage, les radiologues libéraux sont encore sous le coup de la suppression de l'aide au financement pour ces équipements, en 2007. Cela a créé quelques difficultés financières pour les cabinets, pour une pratique incontournable aujourd'hui, permettant notamment de faire disparaître les films et de limiter les examens redondants. La mutualisation de l'archivage pose actuellement des problèmes économiques supplémentaires, pour les structures privées, mais aussi des contraintes techniques d'interopérabilité entre différents dispositifs ne parlant pas tous le même langage.
T.R.: Pour finir, parlons si vous le voulez bien du référentiel Labelix que la FNMR a mis en place afin de labelliser les services d'imagerie. Qu'apporte-t-il de plus que les recommandations de la HAS en vue de la certification ?
Dr J.N.: Labelix est axé sur la sécurité et l'hygiène du patient. Les radiologues qui le souhaitent peuvent utiliser ce label, qui vient en support de la démarche qualité qu'ils doivent entreprendre afin de satisfaire à l'accréditation HAS. Tous les items du référentiel reprennent l'ensemble de la procédure d'audits à réaliser dans le cadre de cette accréditation, avec une mise à jour annuelle. Nous attendons aujourd'hui que ce label soit reconnu par les organismes agréés.
Bruno Benque