L'élastographie pour identifier la malignité du nodule thyroïdien
MARDI 15 OCTOBRE 2024
Le potentiel de l’élastographie échographique pour identifier précisément la malignité d’un nodule thyroïdien est désormais avéré. Mais qui, de l’élastographie ou de l’échographie est la plus pertinente pour pour guider la ponction du nodule thyroïdien ? Une étude randomisée publiée dans la Revue Radiology de montre pas de différence significative entre les deux technologies.

La cytologie par aspiration à l'aiguille fine (FNAC) conventionnelle guidée par échographie est la technique de diagnostic la plus fiable pour caractériser les nodules thyroïdiens et est recommandée par les principales lignes directrices.
Le potentiel de l’élastographie échographique pour identifier précisément la malignité d’un nodule thyroïdien
Il est cependant difficile de faire la différence entre les résultats pathologiques bénins et malins dans environ 5 % des nodules classés comme indéterminés qui font l’objet d’une hémithyroïdectomie diagnostique alors que seulement 20 à 35 % de ces nodules indéterminés sont malins.
L'élastographie combinée avec l'échographie est alors pertinente pour l'évaluation des nodules thyroïdiens car les nodules malins sont plus durs et donc plus rigides que les nodules bénins. Cette technique est utile pour sélectionner les nodules à biopsier, en particulier lorsque plusieurs nodules sont présents, en identifiant ceux présentant un risque plus élevé de malignité. L'élastographie échographique a donc le potentiel d'améliorer la précision de la FNAC guidée par échographie et d'augmenter le taux de diagnostics précis de la FNAC, réduisant ainsi l'incidence des résultats non diagnostiques (catégorie Thy1 ou Bethesda I).
Quelles sensibilité et spécificité de l’élastographie ou de l’échographie pour guider la FNAC ?
L'élastographie par déformation et l'élastographie par ondes de cisaillement sont deux techniques principales d'élastographie. Aucun avantage clair n'a été identifié entre les deux approches, le diagnostic des nodules thyroïdiens malins obtenant des sensibilités de 78% à 86% et des spécificités de 80% à 84% selon les études. Les travaux récents sur l'élastographie des nodules thyroïdiens présentent plusieurs lacunes, en termes de dimension des cohortes notamment, de même qu’il n’existe pas d’étude randomisée comparant directement l’élastographie à l’échographie.
Une étude randomisée de nodules thyroïdiens n’ayant pas subi de FNAC au préalable
Un nouveau travail de recherche sur le sujet publié dans la Revue Radiology vise à évaluer l'efficacité de la FNAC guidée par élastographie échographique par rapport à la FNAC guidée par échographie seule, pour réduire le nombre de FNAC non diagnostiques (catégorie Thy1 ou Bethesda I), et par conséquent améliorer les taux de diagnostic et réduire les chirurgies diagnostiques inutiles. Cet essai contrôlé randomisé pragmatique et multicentrique a été réalisé dans 18 hôpitaux secondaires et tertiaires à travers l'Angleterre entre février 2015 et septembre 2018.
Les adultes éligibles présentant un ou plusieurs nodules thyroïdiens qui n'avaient pas subi de FNAC auparavant ont été randomisés pour faire l’objet d’une élastographie pour guider la FNAC (intervention) ou d’une échographie conventionnelle (contrôle). Le critère de jugement principal était la proportion de patients présentant un résultat cytologique Thy1 (système de la British Thyroid Association) non diagnostique après la première FNAC.
Pas de différence significative décelée entre les deux technologies
Au total, 982 participants (âge moyen : 51,3 ans ; ratio hommes/femmes 1 : 4) ont été randomisés. Sur les 493 participants ayant réalisé une élastographie échographique, 467 (94,7 %) ont été examinés par élastographie échographique sous contrainte. Il n'y avait aucune différence entre les deux bras dans le taux de non-diagnostic (Thy1) après la première FNAC. D’autre part, moins de participants dans le bras FNAC élastographie ont subi une hémithyroïdectomie diagnostique que dans le bras FNAC échographie (183 sur 493 [37 %] contre 196 sur 489 [40 %]), mais cela n'était pas statistiquement significatif.
Il n'y avait, enfin, aucune preuve d'une différence dans les taux de tumeurs malignes entre les deux bras : 70 sur 493 (14 %) dans le bras FNAC par élastographie contre 79 sur 489 (16 %) dans le bras FNAC échographie. Il n’y avait pas non plus de différence dans le taux de résultats histologiques bénins entre les deux groupes. Les chercheurs en ont conclu qu’il ne semble pas avoir d'avantage supplémentaire à utiliser l’élastographie par rapport à l’échographie conventionnelle dans le diagnostic de la malignité des nodules thyroïdiens.
Paolo Royan