L'apport de l'imagerie pour identifier les sites occultes de thrombocytopénie immuno-induite post vaccin
MERCREDI 15 JUIN 2022
La thrombocytopénie thrombotique immuno-induite ne fait pas l’objet de recommandations pour identifier par l’imagerie les sites occultes de cette pathologie post vaccin anti-COVID. Une étude britannique publiée dans la Revue Radiology se propose d’identifier les découvertes radiologiques effectuées sur ce champ.

L'IRM, la tomodensitométrie (TDM) et l'échographie ont aidé à détecter les sites occultes de thrombose chez une grande majorité de patients présentant une thrombocytopénie et une thrombose induites par le vaccin après avoir reçu leur première dose du vaccin Astra Zeneca contre le COVID.
L’imagerie médicale pour identifier les sites occultes de thrombocytopénie thrombotique immuno-induite post vaccin contre le COVID
Depuis que les campagnes de vaccination contre le COVID se sont généralisées, l’apparition d’une thrombocytopénie thrombotique immuno-induite (VITT) en lien avec le vaccin AstraZeneca est désormais reconnue. La localisation anatomique et la fréquence de la thrombose n'ont pas été bien établies dans la littérature sur le VITT et les directives internationales suggèrent de cibler l'imagerie sur les symptômes de localisation. Cependant, aucune directive ne recommande spécifiquement l'imagerie du corps entier pour évaluer les sites occultes de thrombose, malgré la forte probabilité de développer plusieurs sites de ce type.
C’est la raison pour laquelle une équipe de chercheurs britanniques a initié une étude, publiée dans la Revue Radiology, pour évaluer la fréquence et l'emplacement de la thrombose dans chaque système vasculaire à l'aide de la tomodensitométrie (TDM), de l'IRM et de l'échographie et pour identifier des sites supplémentaires de thrombus dans un échantillon de patients à l'échelle du Royaume-Uni avec une VITT confirmée.
Une étude britannique explore 40 patients avec une thrombocytopénie thrombotique immuno-induite confirmée
Sept centres de radiologie ont contribué à cette étude, tous les patients présentant une VITT confirmée, dans les 28 jours suivant l'administration du vaccin et présentant des anticorps anti-PF4, une thrombocytopénie
La TDM, l'échographie et l'IRM ont été réalisées selon les protocoles hospitaliers locaux et ont été interprétés selon les systèmes vasculaires où apparaissait le thrombus, à un niveau sous-segmentaire - thrombose du sinus veineux cérébral, thrombose veineuse profonde systémique, thrombose veineuse porto-mésentérique, thrombose artérielle systémique, embolie pulmonaire (EP) -. Les images ont été classées en images cérébrales - TDM crânien, IRM cérébrale et phlébographie TDM -, images du corps entier – TDM du thorax, abdomen et pelvis - et images partielles du corps – par exemple TDM du bassin ou échographie localisée -.
Une majorité de patients présentant des symptômes neurologiques avec thrombose du sinus veineux cérébral
L'âge médian des patients inclus (55% d’hommes) était de 41 ans et 32 d’entre eux avaient développé des symptômes dans les 14 jours suivant leur premier vaccin. 10 des 40 patients (25 %) ont fait l’objet d’un examen ciblé basé uniquement sur les symptômes, 30 patients (75 %) ont eu une exploration supplémentaire et 26 (65%) ont fait l’objet d’une TDM injectée corps entier. Les explorations supplémentaires au cours de la période d'étude ont identifié des sites supplémentaires de thrombose chez 25 des 30 patients qui ont subi une imagerie supplémentaire (83 %), la combinaison de thrombose du sinus veineux cérébral et d'embolie pulmonaire apparaissant chez 16 des 40 patients (40 %), alors que la thrombose du sinus veineux cérébral seule et la thrombose veineuse porto-mésentérique était identifiée chez 9 patients (23 %).
Il est à noter que 29 des ces patients (73 %) présentaient des symptômes principalement neurologiques et une thrombose du sinus veineux cérébral pour 15 d’entre eux la phlébographie TDM ou IMR. Un examen d’imagerie supplémentaire a été réalisé chez 20 des 29 patients (69 %), permettant d’identifier des sites supplémentaires de thrombus chez 17 patients ( 85 %) - embolie pulmonaire (60 %), thrombose veineuse porto-mésentérique (25 %), thrombose veineuse profonde (30 %) et thrombose artérielle systémique (20 %).
« Les directives internationales suggèrent une imagerie spécifique des symptômes pour la thrombocytopénie thrombotique immunitaire induite par le vaccin, mais il reste peu de données sur la prévalence de la thrombose multisite et ses implications sur la gestion, ont conclu les auteurs. Il s'agit de la plus grande étude à ce jour sur des patients atteints de thrombocytopénie thrombotique immunitaire induite par un vaccin avec imagerie du corps entier et thrombose multi-systèmes. »
Bruno Benque avec RSNA