Le taux de cancer d'intervalle comme critère de pertinence de la tomosynthèse dans le dépistage du cancer du sein
MARDI 06 AVRIL 2021
Le dépistage du cancer du sein par tomosynthèse réduit le taux de cancers d'intervalle par rapport au dépistage par mammographie numérique, selon une étude publiée dans Radiology. L'étude s'ajoute à un ensemble croissant de preuves soutenant la tomosynthèse comme outil de choix pour le dépistage du cancer du sein mais l’analyse bénéfices-risques n’est pas encore bien établie.

Lors de recherches antérieures sur le dépistage du cancer du sein, les résultats ont montré une meilleure sensibilité de la tomosynthèse par rapport à la mammographie numérique.
Quels avantages la tomosynthèse apporte-t-elle lors du dépistage du cancer du sein ?
Mais cette technologie pourrait également contribuer au surdiagnostic, notamment pour les cancers de stade précoce à croissance lente qui n'auraient pas obligatoirement causé de tort à patiente au cours de sa vie. Dans ce contexte, le taux de cancers d'intervalle – qui apparaissent entre les dépistages de routine - offre un moyen de mieux évaluer les qualités d’une méthode de dépistage. Ces types de cancers sont, rappelons-le, considérés comme plus agressifs que les cancers détectés lors d'un examen de dépistage.
« Les cancers d'intervalle ont, en général, un profil biologique plus agressif que les cancers détectés par dépistage, précise l'auteur principal d’une étude publiée dans la Revue Radiology, le Dr Kristin Johnson, radiologue à l'hôpital universitaire de Skåne à Malmö, et doctorante à l'Université de Lund (Suède). Cela signifie que le pronostic est moins favorable pour les cancers d'intervalle par rapport aux cancers détectés par dépistage. » L’annonce du taux de détection de cancer d’intervalles est requise dans de nombreux programmes de dépistage comme indicateur de leur efficacité. Une réduction de ce taux lors de l'utilisation de la tomosynthèse pourrait être attribuée à une meilleure détection des cancers à croissance rapide et à pronostic plus grave, contribuant éventuellement à une mortalité par cancer du sein plus faible.
Le taux de cancer d’intervalle comme critère de qualité
Pour cette nouvelle étude, le Dr Johnson et ses collègues ont comparé les taux de cancer d'intervalle dans l'essai de dépistage par tomosynthèse mammaire de Malmö avec ceux d'un groupe témoin de même âge de patients ayant subi une mammographie numérique dans le même centre. Le groupe inclus dans l’étude comprenait près de 15 000 femmes qui ont été dépistées par tomosynthèse et mammographie numérique entre 2010 et 2015. Ces femmes ont été jumelées à un groupe témoin de plus de 26 000 femmes qui n'avaient subi que le dépistage par mammographie numérique au cours de la même période.
Le taux de cancer d'intervalle dans le premier groupe était de 1,6 pour 1000 dépistés, significativement inférieur à 2,8 pour 1000 dans le groupe dépisté par mammographie numérique uniquement. Selon le Dr Johnson, la réduction de ce taux de cancer à intervalle obtenue avec la tomosynthèse pourrait se traduire par une pertinence renforcée pour le dépistage. « On pourrait supposer que certains des cancers supplémentaires détectés dans le dépistage avec tomosynthèse auraient été diagnostiqués comme des cancers d'intervalle s'ils n'avaient pas été détectés par cette technologie », a-t-elle ajouté.
Une analyse bénéfices-risques élargie pour compléter les résultats
Les résultats confirment les preuves croissantes de la tomosynthèse en tant que modalité de dépistage ayant le potentiel de remplacer la mammographie numérique dans le dépistage futur du cancer du sein. Cependant, le Dr Johnson prévient que d'autres essais n'ont pas montré de tels résultats, de même que le taux de cancer d'intervalle n’est pas le seul paramètre étudié lors de l'évaluation des avantages potentiels de la tomosynthèse dans le dépistage. « D'autres facteurs, tels que les types de cancer détectés ou les bénéfices-risques, doivent également être pris en compte », a-t-elle conclu.
À cette fin, les chercheurs travaillent désormais sur une analyse bénéfices-risques et sur les rappels de faux-positifs de l'essai de dépistage par tomosynthèse mammaire de Malmö.
Bruno Benque avec RSNA