L'impact médico-éconimique du COVID-19 sur le secteur de l'imagerie médicale
JEUDI 16 AVRIL 2020
La pandémie de COVID-19 a déjà des répercussions économiques majeures dans le monde. Mais le secteur de la radiologie sera doublement impacté, sur le plan économique bien entendu, mais également sur le plan scientifique, comme l’attestent trois productions de chercheurs américains.

La pandémie de COVID-19 a déjà eu un impact profond sur les pratiques de radiologie au niveau mondial. Les mesures adoptées pour ralentir la transmission des maladies et résister au virus ont, par exemple, réduit la demande d’examens d'imagerie pour les autres pathologies que le COVID-19. Cette situation a conduit certains chercheurs américains à étudier l’impact de cette chute d’activité sur les variables médico-économiques du secteur de l’imagerie médicale. Il en résulte une série de trois rapports qui sont parus dans différentes éditions de la Revue Radiology.
Un choc économique structurel exacerbé par la baisse d’activité des centres de radiologie
« À une époque de santé publique et de crise économique sans précédent, les radiologues n'ont jamais connu autant d'incertitude. Nous essayons de définir le contexte et la voie à suivre », déclare en préambule le Dr Howard P. Forman, MBA de la Yale School of Management et auteur principal du premier rapport, intitulé « The Economic Impact of the COVID-19 Pandemic on Radiology Practices ». Alors que les récessions économiques ont généralement tendance à entraîner une baisse des dépenses de santé notamment aux États-Unis, les centres de radiologie n'ont jamais connu de choc économique qui soit simultanément exacerbé par la nécessité de restreindre les capacités de l'imagerie.
« Les radiologues – du secteur privé - sont confrontés à une crise économique d'une gravité et d'une durée que peu de gens auraient pu imaginer, remarque le co-auteur du rapport, le Dr Joseph J. Cavallo, de la Yale School of Management. Les pratiques devront consentir des sacrifices à court terme pour garantir la solvabilité, rester suffisamment agiles pour gérer un environnement budgétaire changeant rapidement et incertain, et se préparer à des changements potentiellement permanents dans le domaine à l'avenir. »
Des répercussions majeures sur la radiologie du cancer aux USA
Dans la Revue Radiology: Imaging Cancer, le Dr Gary D. Luker, de la Michigan Medicine, Université du Michigan, et auteur principal de l’éditorial « Transitioning to a New Normal after COVID-19: Preparing to Get Back on Track for Cancer Imaging », remarque quant à lui : « Nous présentons les défis que la communauté de l'imagerie du cancer doit surmonter pour restaurer les opérations cliniques et de recherche ».Il est trop tôt cependant pour prévoir les implications à long terme de la pandémie pour les pratiques radiologiques. Mais à court terme, certains praticiens devraient s'attendre à d'importantes réductions non permanentes de revenus. Ils devraient évaluer leurs frais généraux et élaborer des stratégies pour les réduire. Ils voudront pouvoir ensuite restaurer rapidement leur niveau d’activité une fois que la pandémie aura diminué. À cette fin, il sera crucial de réduire au minimum les réductions d’effectifs à court terme.
Un fort ralentissement de la recherche qui aura des conséquences à moyen terme
Les effets de la pandémie sur la recherche en radiologie sont déjà visibles, comme dans les universités américaines, qui ont fortement réduit leurs activités de recherche depuis l'explosion de la pandémie en mars. Si elle n'est pas spécifiquement abordée, la perturbation actuelle de la recherche en imagerie aura des ramifications défavorables pour la productivité, le financement et les progrès scientifiques une fois que la pandémie se sera apaisée. Un arrêt de trois à quatre mois peut entraîner un ou deux ans de perte de productivité scientifique.
Le Dr Achala Vagal, du University of Cincinnati Medical Center, a d’ailleurs co-rédigé un texte sur ce thème, intitulé « The Impact of the COVID-19 Pandemic on the Radiology Research Enterprise: Radiology Scientific Expert Panel. », également dans la Revue Radiology. « La pandémie de COVID-19 a perturbé la recherche à tous les niveaux, et notre rapport met en évidence l’expérience de certains centres médicaux universitaires ayant mis en stand-by la recherche en imagerie. Plus important encore, nous discutons également des ramifications à court terme et à long terme. Il s'agit notamment des problèmes de financement, de l'embauche et de la rétention du personnel de recherche et de l'impact sur les carrières », annonce-t-il.
L'étendue finale de la pandémie de COVID-19 en radiologie est impossible à connaître à ce stade précoce. Les administrateurs et les leaders scientifiques du secteur de la radiologie doivent être proactifs pour sortir de cette pandémie dans la position économique la plus viable, tandis que les établissements universitaires doivent repenser leur approche du financement de la recherche, de la dotation en personnel et des processus.
Bruno Benque avec RSNA