Fumeurs : persistance des malformations artérioveineuses pulmonaires après embolisation
MERCREDI 31 JUILLET 2019
Les malformations artério-veineuses pulmonaires embolisées par coils risquent fortement de récidiver chez les fumeurs. C'est ce que rapporte une étude publiée dans la Revue Radiology qui objective une réponse inflammatoire favorisant cette récidive.

Le tabagisme réduit les chances de succès d'une procédure de traitement des anomalies des vaisseaux sanguins dans les poumons, selon une étude publiée dans la revue Radiology.
Des coils pour emboliser les malformations artério-veineuses pulmonaires
Les malformations artério-veineuses pulmonaires (MAVP) sont des connexions anormales entre les artères et les veines des poumons. Les anomalies peuvent devenir symptomatiques et conduire à des complications potentiellement dangereuses. Les MAVP sont fortement associées à la télangiectasie hémorragique héréditaire (THH). "La THH est une maladie qui peut se manifester chez les patients ayant des MAVP, a déclaré le Dr Sanjay Misra, radiologue interventionnel au département de radiologie de la Mayo Clinic à Rochester (Minnesota, USA). Lorsque ces MAVP deviennent symptomatiques, il est nécessaire de les emboliser à l’aide de coils."
Le tabagisme responsable de récidives de MAVP
Mais même après cette procédure, les MAVP peuvent persister. Dans une nouvelle étude publiée dans la Revue Radiology, le Dr Misra et ses collègues ont voulu voir comment le tabagisme pourrait affecter les taux de persistance de MAVP post-embolisation. Ils ont examiné 103 patients atteints de THH qui ont subi une embolisation pour un total de 373 MAVP. Les patients ont été classés en groupes fumeurs ou non-fumeurs. Les fumeurs faisaient l'objet d'un taux plus élevé de persistance de MAVP après le traitement que ceux qui n'avaient jamais fumé. Les patients sujets à une consommation de tabac active au moment de l'embolisation de MAVP avaient un taux de persistance de cinq ans de 26,3%, contre 13,5% chez les fumeurs inactifs.
Des risques multipliés par cinq pour un fumeur de 20 paquets-années
Les MAVP ont persisté après le traitement chez plus du tiers des fumeurs de plus de 20 paquets-années, contre seulement 12,2% chez les non-fumeurs. "Nos données sur cinq ans ont montré que l'incidence cumulative de cette persistance était de 17,3%, soit près d'un patient sur cinq, poursuit le Dr Misra. Fumer plus de 20 paquets-années était associé à une multiplication par cinq du nombre de récidives de MAVP." Bien que l'étude n'ait pas évalué la raison de la persistance des MAVP chez les fumeurs après l'embolisation, des recherches antérieures ont établi un lien entre le tabagisme, l'inflammation et des anomalies dans la formation de nouveaux vaisseaux sanguins.
Une réponse inflammatoire qui favorise la récidive de MAVP
"Fumer crée une réponse inflammatoire, ajoute-t-elle. Ce surcroit d'inflammation crée un plus grand risque d'échec pour les fumeurs par rapport à ceux qui n'ont jamais fumé." Les résultats, s'ils sont confirmés par des études plus vastes, pourraient être utilisés pour conseiller les patients atteints de THH qui pourraient envisager une embolisation pour les MAVP. "L'arrêt du tabac est très important si ces patients veulent s'aider eux-mêmes et éviter d'autres procédures interventionnelles, conclut le Dr Misra. Nous devrions exhorter les fumeurs actuels à cesser de fumer avant ce traitement."
Bruno Benque avec RSNA