L'embolisation baryatrique, une arme de plus contre l'obésité
MERCREDI 15 FéVRIER 2017
Une technique d’imagerie interventionnelle, l’embolisation baryatrique, est décrite dans une étude publiée dans le revue Radiology. Bien que les résultats soient encore préliminaires, la technique a le potentiel d'être une nouvelle arme dans la guerre contre l'obésité.

Une nouvelle technique de radiologie interventionnelle sûre et bien tolérée permet la perte de poids chez les personnes présentant une obésité morbide, selon une nouvelle étude publiée dans l'édition en ligne de la revue Radiology.
L’obésité, un problème de santé publique majeur
L’obésité, définie comme un indice de masse corporelle (IMC) de 30 ou plus, est un problème de santé publique majeur qui affecte plus d'un tiers des Américains, selon le National Institute of Diabetes and Digestive and Kidney Diseases, et qui devient prépondérant en Europe, au Royaume-Uni en particulier. Les personnes obèses font face à un risque accru de diabète, d’accident vasculaire cérébral ou de crise cardiaque notamment. Les approches traditionnelles, comme les régimes à faible en calories, la modification du comportement, l'exercice ou les médicaments, ont montré une efficacité limitée. Une des interventions les plus réussies est la chirurgie bariatrique, mais son invasivité peut entraîner des complications importantes.
Emboliser l’artère gastrique gauche pour diminuer le taux de ghréline
L’embolisation artérielle de l’antre de l’estomac, également connu sous le nom d'embolisation bariatrique, est apparue ces dernières années comme un nouvel outil potentiel de perte de poids. La technique elle-même a été utilisée pendant des décennies pour arrêter le saignement dans l'artère gastrique, mais l'idée de l'utiliser pour traiter l'obésité a surgi plus récemment, basée sur l’observation de changements hormonaux chez les patients qui ont subi une chirurgie bariatrique. "Un certain nombre de documents de recherche, dans les années 1990, témoignent de ces changements hormonaux après la chirurgie bariatrique", a déclaré l'auteur principal de l'étude, le Dr Clifford R. Weiss, de la School of Medicine de l'Université Johns Hopkins à Baltimore. "Une réduction assez rapide de la ghréline, la plus puissante hormone stimulante de la faim que nous connaissions, s’opère particulièrement dans ce cas. L'hormone est produite dans l’antre de l'estomac, qui est alimenté principalement par l'artère gastrique gauche."
L’imagerie interventionnelle comme technique thérapeutique
Dans l'embolisation bariatrique, de petites particules appelées embosphères sont introduites dans l'artère gastrique gauche en utilisant des techniques d'imagerie interventionnelles trans-fémorales. Une fois en place, elles entravent la circulation sanguine, entraînant une ischémie et une réduction de la production de ghréline. "Des chercheurs de la School of Medicine de l'Université Johns Hopkins ont développé et étudié la technique de la perte de poids au cours des 10 à 12 dernières années", poursuit le Dr Weiss. Cette phase de l'étude (de juin 2014 à août 2015) comprenait les résultats des cinq premiers patients, dont quatre étaient des femmes. Avant l'intervention, les patients présentaient une obésité morbide, avec un IMC moyen de 43,8. Par guidage fluoroscopique, les radiologues interventionnels ont pu emboliser l'artère gastrique gauche des cinq patients avec des particules de 300 à 500 μm.
Une perte de poids de 9% à trois mois
Les patients ensuite fait l’objet d’une perte de poids moyenne de 5,9% à un mois et 9,0% à trois mois. Les taux sériques de ghréline ont diminué de 17,5%, en moyenne, à trois mois. On a observé une tendance à l'amélioration des paramètres de qualité de vie et il n'a pas été constaté d'événement indésirable majeur dans le groupe d'étude. Le Dr Weiss, en collaboration avec l'investigateur principal de cette étude, le Dr Aravind Arepally, de Piedmont Healthcare, a utilisé des embosphères qui étaient environ 10 fois plus grandes que celles utilisées dans les études précliniques. Cependant, l'embolisation de l'artère gastrique avec des sphères plus petites pourrait produire une réduction plus importante de la ghréline, de sorte que des études futures devraient être menées pour examiner les avantages cliniques des sphères de petit calibre.
Une extension de l’étude à suivre en fin d’année 2017
"Ce sont des résultats très prometteurs et passionnants, a déclaré le Dr Weiss. Je pense que ce travail et les données supplémentaires que nous compilons montrent que l'embolisation bariatrique est très bien tolérée par les patients, et il y a des signes d’efficacité concrets, à moyen et à long terme, pour la la perte de poids". Le Dr Weiss et ses collègues termineront l'étude à l'automne et toutes les données seront recueillies d'ici la fin de l'année 2017. Ils pourront alors faire une étude plus définitive sur l'efficacité de la technique avec un plus grand nombre de patients et une attention sur les résultats à long terme. Le Dr Weiss a souligné que l'embolisation bariatrique n'est pas destinée à être un traitement de première ligne pour l'obésité ou un remplacement pour la chirurgie bariatrique.
"L'obésité est une maladie compliquée, qui nécessite de nombreuses thérapies à mettre en oeuvre, d’ordre psychologique, alimentaire ou médicamenteux et, dans les cas extrêmes, la chirurgie, a-t-il déclaré. Si nous pouvons fournir un outil de plus à l'arsenal, ce serait une prochaine étape passionnante dans le traitement des patients obèses.
Bruno Benque avec RSNA