Gestion de la radioprotection : les PCR s’organisent
SAMEDI 25 MAI 2013
Les Personnes Compétentes en Radioprotection (PCR) sont les pierres angulaires de la gestion des risques en radioprotection. L’émergence de nouvelles pratiques radiologiques fragilise leur fonction, souvent par manque de temps et de moyens. Cela les a incités à s’unir afin de mutualiser leurs expériences et d’agir avec plus d’efficience sur le terrain.
Lorsque l’on évoque la radioprotection dans le secteur de la santé, on imagine immédiatement des environnements très formalisés et contrôlés, où des personnels qualifiés sont seuls habilités à réaliser leurs missions. Nous verrons que ces conditions ne sont pas toujours respectées, ce qui complique quelquefois le management de cette gestion de risque.
Au sein des services d’imagerie, de radiothérapie ou de médecine nucléaire, la plupart des intervenants sont imprégnés des procédures éditées par la cellule de radioprotection ou la PCR. Les recommandations de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) sont, dans ces structures spécialisées, bien connues et suivies à la lettre pour la sécurité des personnels et des patients soumis aux effets des rayonnements ionisants. Quelques incidents peuvent survenir, çà et là, et les médias font leurs choux gras d’erreurs humaines, dans des structures de radiothérapie notamment.
Des intervenants plus nombreux et des contraintes accrues
Mais les dispositifs de radiologie sont de plus en plus utilisés en dehors de ces structures formalisées. Les procédures interventionnelles radioguidées fleurissent dans la plupart des spécialités chirurgicales. Les infirmiers de bloc et les chirurgiens, voire les anesthésistes, se trouvent dès lors confrontés, sans véritablement en apprécier le danger, à ces agents physiques indolores, invisibles et inodores. Ils se mettent quelquefois en danger, mais font surtout courir un risque au patient. Des exemples de tonsures du cuir chevelu après de longues séances de procédures radioguidées intracrâniennes ont par exemple été décrits.
La PCR se trouve ainsi quelque peu désemparée devant la négligence de certains de ces professionnels. D’autant que l’ASN a, ces dernières années, renforcé l’arsenal réglementaire et instauré une multiplication des contrôles, mis l’accent sur la dosimétrie des patients et contraint les hôpitaux à nommer des radiophysiciens médicaux.
Le gendarme ASN adapte sa stratégie
La PCR est encore, dans chaque établissement, seule chargée de faire appliquer les recommandations législatives, mais n’a pas toujours le temps ni les moyens matériels d’exercer sa fonction. Elle doit assurer les formations, réaliser les zonages, les contrôles qualité des appareils radiogènes, gérer mensuellement les matériels de dosimétrie du personnel, etc. Pierre angulaire du management de la radioprotection, elle se trouve le plus souvent isolée et désemparée devant la charge de travail qui augmente et la difficile mise en pratique de ses acquis théoriques.
L’ASN, bien consciente de cet état de fait, favorise aujourd’hui la création de réseaux régionaux de PCR, qui se veulent des espaces de mutualisation des savoirs et tendent à homogénéiser les pratiques de gestion de la radioprotection. Une coordination nationale de ces réseaux s’est également mise en place avec l’aide de l’ASN, qui met à sa disposition un coordonnateur ainsi que des locaux pour des réunions semestrielles. Il est encore trop tôt pour évaluer les conséquences de cette initiative, mais il semble que les recommandations soient désormais mieux appliquées sur le terrain.
Les dispositifs d’imagerie, sous l’effet du progrès technologique, sont de moins en moins irradiants, toutes choses égales par ailleurs. Mais les acteurs de la radioprotection sont plus nombreux et il est nécessaire, pour les PCR, de ne pas relâcher leur attention afin de préserver la santé des professionnels et des patients.
Paco Carmine