Cancer du poumon non à petites cellules : l'ablation percutanée validée dans une nouvelle étude
MERCREDI 22 NOVEMBRE 2023
Selon l'American Journal of Roentgenology (AJR), l'ablation percutanée semble être une option de traitement sûre et efficace pour le cancer du poumon non à petites cellules (NSCLC) de stade I-II dans le cadre d'une maladie pulmonaire interstitielle (MPI). Ce travail multicentrique affine les travaux précédents qui semblaient limités.

Les patients atteints de maladie pulmonaire interstitielle (MPI) courent un risque accru de développer un cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC). L'incidence du cancer du poumon chez les patients atteints de fibrose pulmonaire idiopathique (FPI), la MPI la plus mortelle, est cinq fois plus élevée que dans la population générale.
Peu d’options de traitement pour les patients atteints de cancer du poumon non à petites cellules
Cependant, les options de traitement pour les patients atteints de MPI sont très limitées puisque la résection chirurgicale, la radiothérapie et la chimiothérapie peuvent entrainer des effets secondaires graves. Dès lors, l'ablation percutanée procédure de traitement peu invasive, épargnant les poumons et guidée par l'image est recommandée à un stade précoce par les directives des sociétés savantes. Une revue systématique de 2017 a signalé une mortalité liée au traitement plus faible et une toxicité spécifique comparable aux moyens de l'ablation par radiofréquence (ARF) dans les poumons par rapport à la radiothérapie stéréotaxique, chez les patients atteints de MPI.
Cependant, cette étude rétrospective monocentrique, n’apporte que peu de garanties de même qu’une étude récemment publiée démontrant des taux comparables d'événements indésirables et un contrôle local des tumeurs de CPNPC de stade IA en comparant les patients avec et sans MPI. Néanmoins, les données publiées sur l'innocuité et l'efficacité sur l'ablation percutanée du CPNPC de stade I-II chez les patients atteints de MPI restent rares et limitées à des analyses mono-institutionnelles.
C’est la raison pour laquelle des chercheurs américains ont lancé une nouvelle étude publiée dans l'American Journal of Roentgenology (AJR), qui se propose d'évaluer l'innocuité et l'efficacité de l'ablation percutanée du CPNPC de stade I ou II chez les patients atteints de MPI.
Une étude multicentrique se propose de valider l’ablation percutanée par radiofréquence
« Les patients atteints de MPI et de CPNPC de stade I-II devraient être envisagés pour une ablation percutanée car ils sont souvent inéligibles à la résection chirurgicale, à la radiothérapie et à la thérapie systémique », annonce le premier auteur de l’article, le Dr Florian J. Fintelmann, du département de radiologie du Massachusetts General Hospital de Boston (USA).
Cette étude a inclus des patients atteints de MPI et de CPNPC de stade I-II traités par ablation percutanée dans trois systèmes de santé entre octobre 2004 et février 2023. Sur chaque site, un seul radiologue thoracique a examiné les examens tomodensitométriques (TDM) thoraciques pré-procéduraux pour détecter la présence et le type de MPI auquel il avait à faire. Le critère de jugement principal était les événements indésirables majeurs (grade ≥ 3) survenus sur 90 jours, sur la base des critères de terminologie communs pour les événements indésirables, version 5.0 des critères de l’American Thoracic Society de 2018. Les critères de jugement secondaires étaient la durée du séjour à l'hôpital, le contrôle local et la survie globale.
Les résultats portent sur 33 patients atteints de MPI ayant subi 42 séances d'ablation percutanée de 43 cancers du poumon non à petites cellules de stade I-II. Aucune exacerbation aiguë ni décès n'a été observé. Le taux d'événements indésirables majeurs à 90 jours était de 14 % et le contrôle local de la tumeur à 2 ans était de 73 %. L'ablation percutanée semble donc être une option de traitement raisonnable et sûre pour le CPNPC de stade I-II chez les patients atteints de MPI.
Bruno Benque avec AJR