Les produits de contraste bientôt financés par le forfait technique d'imagerie en coupe
VENDREDI 19 MAI 2023
L’Arrêté intégrant le financement du produit de contraste dans le forfait technique de l’imagerie en coupe est paru récemment. Ce texte entrainera certainement une légère évolution dans les pratiques des radiologues, poussés à moins consommer ces solutés, mais en prenant garde toutefois de conserver une qualité de prise en charge radiologique irréprochable.

La Loi de financement de la Sécurité Sociale (LFSS) 2023 stipulait que le financement, par les centres de radiologie, des produits de contraste utilisés pour les explorations tomodensitométriques (TDM) et IRM entrerait dans le forfait technique
Les produits de contraste gadolinés appelés à être financés par les forfaits techniques au 1er juillet 2023
La pratique courante consiste en effet, depuis quelques années, à demander aux patients de se présenter avec leur flacon de produit de contraste en amont de leur examen après se l’être procuré dans une pharmacie d’officine. Les actes d’imagerie en coupe sont ainsi remboursés sur la base de la valeur intellectuelle de leurs actes et d’un « forfait technique » comprenant l’amortissement des appareils, de l’ensemble des coûts d’utilisation et des consommables employés.
Les produits de contraste sont donc, selon les textes juridiques, exclus des consommables suscités. Mais les choses vont changer très vite. Sur la base du texte de la LFSS 2023, un Arrêté du 21 avril 2023 modifiant la convention nationale organisant les rapports entre les médecins libéraux et l'assurance maladie stipule que, à partir de juillet 2023, le financement des produits de contraste serait compris dans le forfait technique, une mesure qui s’appliquera à partir du 1er mars 2024 pour la TDM.
Cette décision suscite de l’émoi dans l’écosystème de l’imagerie médicale. Les centres de radiologie voient leur marge financière se réduire d’autant, puisqu’il faudra désormais financer le produit de contraste qu’ils utilisent et les fabricants de ces solutés craignent une baisse significative de la demande, les acteurs de l’imagerie en coupe trouvant ainsi une motivation pour en consommer moins.
Une mesure qui entrainera une légère évolution des pratiques en imagerie en coupe
Assistera-t-on à une baisse sensible du nombre d’examens d’imagerie en coupe injectés ? Les progrès technologiques permettent, selon l’indication, d’effectivement s’en abstenir, ou d’en réduire considérablement les volumes injectés, sans pour cela mettre en péril la qualité diagnostique des examens. Mais cela voudrait aussi signifier, diront certains, que les professionnels avaient de mauvaises pratiques et administraient du produit de contraste à des patients qui n’en avaient pas vraiment besoin.
Toujours est-il que la communauté va réaliser des économies dans ce domaine, en utilisant des flacons de grand volume utilisables pour plusieurs patients, ce qui permettra d’optimiser les consommations. Une évolution qui répond avec pertinence aux recommandations liées à la Santé écoresponsable, les produits de contraste, surtout les gadolinés, étant très polluants s’ils sont déversés dans la nature, et leur fabrication ainsi que leur acheminement étant générateurs importants de gaz à effet de serre.
La radiologie française s’apprête à faire légèrement évoluer ses pratiques. Souhaitons que les patients n’y perdent pas en qualité de prise en charge radiologique.
Bruno Benque