Focus sur les pionniers de la radiologie interventionnelle au congrès F.IR.E 2022
LUNDI 28 NOVEMBRE 2022
L’innovation et l’interdisciplinarité ont été les notions les plus souvent évoquées lors du congrès F.IR.E 2022 qui vient de se dérouler. On a pu vérifier, à cette occasion, de la place transversale de la radiologie interventionnelle dans l’échiquier médical et des difficultés de cette discipline à se faire un nom face à la concurrence des autres spécialités.

La radiologie interventionnelle française est à la croisée des chemins. Alors que ses applications connaissent un développement sans précédent, que les techniques s’affinent, que le confort des patients s’en trouve sans cesse amélioré, que les coûts de prise en charge diminuent grâce à ces pratiques, cette discipline semble encore fragile.
De nombreuses innovations dans la prise en charge des patients
C’est la sensation que nous avons eu en effet lors du congrès Future of Interventional Radiology Expert panel (F.IR.E) 2022 organisé les 24 et 25 novembre 2022 à la Villa Gaby sur la Corniche de Marseille. Cet événement, organisé depuis 2016 de main de maîtres par les Prs Jean-Yves Gaubert, Alexis Jaquier et Vincent Vidal, tous de l’AP-HM, avait réuni une nouvelle fois la fine fleur de la radiologie interventionnelle française et quelques figures internationales.
Il a été question, tour à tour, d’innovation dans la prise en charge des pathologies gynécologiques, vasculaires ou tumorales, des nouvelles technologies utilisées dans les pratiques interventionnelles oncologiques ou du traitement des tumeurs prostatiques, entre autres. Il a été également question d’innovation lors de la conférence donnée par Thierry Marx, invité d’honneur de l’événement, qui a fait partager à l’assistance sa vision humaniste de la grande cuisine ainsi que son expérience d’entrepreneur de haute voltige.
Une place transversale prépondérante occupée par les radiologues interventionnels
Le programme scientifique pointu de cet événement a mis en exergue l’importance de l’interdisciplinarité dans la radiologie interventionnelle qui, à l’instar de toutes les pratiques radiologiques, occupe une position transversale dans l’échiquier médical. Il a beaucoup été question des Réunions de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) au sein desquelles les actes thérapeutiques qui sont proposés aux patients, la plupart du temps dans le domaine de l’oncologie, sont discutés et organisés. Les radiologues interventionnels occupent une place désormais prépondérante dans ces RCP mais n’ont pas toujours de pouvoir décisionnel, les chirurgiens et oncologues ayant souvent tendance à rappeler que c’est de LEURS patients dont il s’agit.
Sans compter leur appétit pour les pratiques de radiologie interventionnelle qui sont de plus en plus réalisées au sein des blocs opératoires dans des salles dites « hybrides » qu’ils s’octroient de fait. On en arrive donc à une situation où les radiologues interventionnels expérimentent de nouvelles techniques thérapeutiques, sont les pionniers dans de nouvelles prises en charge, mais ont ensuite du mal à les pérenniser dans la pratique clinique faute de pouvoir réunir des cohortes suffisamment qualitatives et quantitatives dans leurs travaux de recherche. Le risque est désormais de voir les chirurgiens s’emparer de ces sujets et de mobiliser leurs lobbys pour les traiter eux-mêmes.
La nécessaire interdisciplinarité Mais le congrès F.IR.E 2022 a tout de même montré que l’interdisciplinarité n’est pas veine pour autant. C’est ainsi que le Dr Laure Miquel (AP-HM) a joué le jeu du partage de connaissance en participant à cette session avec des présentations fort bien documentées et très appréciées par l’assistance. Son point de vue sur les malformations vasculaires gynécologiques ainsi que son retour d’expérience sur le traitement par radiofréquence des fibromes utérins ont montré que les spécialités médicales pouvaient cohabiter et s’associer pour proposer les meilleures prises en charges aux patients. C’est le message que promeut cet événement au fil des années.
Bruno Benque