Traitement du CHC : étude sur les effets d'une chimio-embolisation à dose réduite de doxorubicine
LUNDI 15 MARS 2021
Le chimio-embolisation hépatique trans-artérielle pour traiter le carcinome hépato-cellulaire est une procédure généralement douloureuse. Une étude publiée dans la Ravue European Radiology se propose d’évaluer la réponse tumorale et la survie globale des patients traités avec une dose de doxorubicine moins importante.

La prise en charge curative du carcinome hépato-cellulaire (CHC) est la transplantation hépatique la résection hépatique partielle. Parmi les alternatives interventionnelles mini-invasives, on trouve l'ablation thermique locale, par radiofréquence et micro-ondes, et la chimioembolisation hépatique transartérielle (TACE) pour les lésions CHC non résécable.
Quels sont les impacts de la dose de doxorubicine dans le suivi des patients après TACE ?
Une étude égyptienne publiée dans la Revue European Radiology se propose d’évaluer les doses d’agent chimiothérapeutique dans ce cadre car aucun n'a, jusqu’à maintenant, été standardisé pour la TACE. En particulier, la doxorubicine n'a pas de dose optimale définie dans les procédures. Les chercheurs ont comparé la dose faible de doxorubicine à celle actuellement utilisée (100 mg) pour la TACE chez les patients atteints de CHC en termes de gravité du syndrome post-embolisation (SPE) et de survie globale (OS).
D'octobre 2014 à mars 2018, ils ont recruté des patients atteints d'un CHC primaire programmé pour TACE. Dans cette étude, les patients atteints de CHC de stade intermédiaire selon la classification de stadification BCLC qui ont subi des procédures TACE réussies ont été inclus. Tous les patients de cette étude avaient un CHC en plus d'une cirrhose liée au virus de l'hépatite C, âgés de 40 à 80 ans, et avec un taux de créatinine sérique <1,5 mg/dL. Les patients présentant des masses résécables, qui n'étaient pas candidats à l'ablation thermique locale mais refusant la chirurgie, ont été également inclus dans cette étude.
Une évaluation de la douleur, de la réponse tumorale et de la survie globale
Les patients ont été randomisés pour recevoir 50 mg (groupe A) ou 100 mg (groupe B) de doxorubicine. Les critères étudiés étaient le taux de patients atteints de SPE, les changements biologiques, la réponse tumorale à 1, 3 et 6 mois après TACE, ainsi que la survie globale. Tous les patients ont été invités à faire l’objet d’une échographie abdomino-pelvienne une semaine après la TACE et d’un scanner injecté un mois après, avec ou sans une IRM dynamique avec contraste selon les résultats. Une concentration suffisante de Lipiodol à l'intérieur de la lésion avec l'absence de toute lésion augmentée dans la phase artérielle en TDM injectée était qualifiée de positive. Une évaluation radiologique a été réalisée pour chaque patient 4 semaines après la TACE selon les critères d'évaluation de la réponse modifiée dans les tumeurs solides (mRECIST).
Une moindre concentration de doxorubicine peut atténuer le douleur sans impact sur la réponse tumorale
Au final, vingt-huit patients (24 hommes, 4 femmes) ont été recrutés, âgés de 58,9 ± 6,8 ans. Quinze d'entre eux ont été traités avec 50 mg (groupe A) et 13 avec 100 mg (groupe B) de doxorubicine pour un total de 68 procédures TACE (sur 28 patients qui ont eu des procédures TACE répétées). L'échelle visuelle analogique (EVA) et la durée de la douleur étaient significativement plus faibles dans le groupe A que dans le groupe B. La durée médiane de la fièvre était plus courte dans le groupe A que dans le groupe B et aucune différence significative entre les deux groupes n'a été observée pour la réponse tumorale au TACE ni pour la survie globale. La dose de doxorubicine était significativement corrélée avec la durée de la douleur, la fièvre et le score EVA.
Les chercheurs en ont conclu qu’une dose plus faible de doxorubicine (50 mg) pourrait être associée à moins de symptômes de syndrome post-embolisation, sans effet sur la réponse tumorale ni sur la survie globale.
Bruno Benque avec European Radiology