L'embolisation bariatrique comme alternative à la chirurgie contre l'obésité
VENDREDI 05 AVRIL 2019
Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Radiology, l'embolisation bariatrique, traitement mini-invasif pour l'obésité, montre des résultats encourageants et pourrait être une alternative sérieuse à la chirurgie.

L’obésité, épidémie majeure de santé publique qui touche des centaines de millions de personnes dans le monde et alourdit considérablement les coûts des soins de santé, conduit certains patients à avoir recours à des interventions chirurgicales telles que le bypass gastrique, la gastrectomie ou les anneaux gastriques. Bien que ces traitements soient efficaces, ils présentent également des risques et des coûts qui pourraient être réduits par des procédures mini-invasives.
Une procédure mini-invasive, alternative au bypass ou à la gastrectomie
L’embolisation bariatrique est apparue ces dernières années comme une de ces options. En pratique, des sphères microscopiques sont introduites en percutané au travers d'un cathéter dans les artères qui irriguent l'estomac. L'obturation de ces artères par les microshères entraîne une réduction du flux sanguin, suffisante pour supprimer la production d'hormones stimulant la faim, sans endommager les tissus. Des chercheurs de l’essai Bariatric Embolization of Arteries for the Treatment of Obesity (BEAT) ont récemment évalué les effets de la procédure sur 20 participants gravement obèses au cours d’une année.
L'embolisation bariatrique a été réalisée avec succès pour tous les participants sans complications majeures. La perte de poids était de 8,2% à un mois, de 11,5% à trois mois, de 12,8% à six mois et de 11,5% à 12 mois. Les patients ont présenté une diminution de la faim et une augmentation de la satiété précoce, ou le sentiment de satiété au moment de manger. Les chercheurs ont également constaté des signes encourageants de changements métaboliques chez les patients, avec une diminution du cholestérol total et une augmentation des niveaux de lipoprotéines de haute densité, le «bon cholestérol». Des questionnaires diffusés aux participants ont montré que leur qualité de vie s'était améliorée l'année suivant la procédure.
Un travail collaboratif de recherche de plus de dix ans
"C’est un grand pas en avant pour cette procédure qui permet d’établir rapidement la faisabilité, la sécurité et l’efficacité, déclare l’auteur principal de l’étude, publiée dans la Revue Radiology, Clifford R. Weiss, M.D., de la faculté de médecine de l’Université Johns Hopkins de Baltimore. Nous sommes tous heureux de voir que quelque chose a commencé comme une idée et s'est développé par durant dix ans de recherche avant d’aboutir à un premier essai clinique. C’est le résultat d’une recherche collaborative, d’une science fondamentale et translationnelle étape par étape, qui nous permet de mener à bien un essai clinique en toute sécurité, poursuit-il. Nous avions une équipe multidisciplinaire comprenant des radiologues, des gastro-entérologues, des diététitiens, des psychologues, des chirurgiens bariatriques et des statisticiens, qui examinaient la question sous tous ses angles pour s’assurer de l’enquêter de manière très rigoureuse et scientifique."
Bien que les résultats à un an soient encourageants, le Dr Weiss a souligné que d'importantes recherches restaient en cours. L'équipe suit les modifications hormonales chez les patients et se prépare à publier prochainement les résultats de cette étude. Ils ont également l'intention d'examiner les résultats à long terme et l'impact possible de l'effet placebo. Néanmoins, l’embolisation bariatrique a un avenir prometteur en tant qu’outil d’une approche plus personnalisée du traitement de l’obésité, une maladie dont on comprend de plus en plus qu’elle diffère d’un patient à l’autre.
"En réalité, l'obésité est une maladie individualisée qui nécessite des traitements individualisés, conclut-il. Je pressens l'avènement d'une clinique multidisciplinaire sur l'obésité au sein de laquelle six ou sept praticiens différents se réuniront pour traiter le patient. Cela se produit déjà sur certains sites, mais cela doit se généraliser, comme dans les centres anticancéreux multidisciplinaires."
Bruno Benque avec RSNA