L’angio-CT, une réelle plus-value pour la qualité de la prise en charge radiologique
LUNDI 11 DéCEMBRE 2017
À quelques semaines de l'ouverture du Symposium Scanner volumique qui se tiendra fin janvier à Nancy, nous avons rencontré le Pr Éric de Kerviler qui nous dévoile, en avant-première, quelques détails sur le contenu des interventions qu'il animera lors de ce congrès.

Thema Radiologie : Vous allez prendre une part significative dans l'animation du prochain Symposium Scanner volumique qui se tiendra à Nancy fin janvier 2018. Pourquoi appréciez-vous particulièrement cet événement ?
Pr Éric de Kerviler : Je trouve que, d'une session à l'autre, Alain Blum et Marc Zins arrivent à faire évoluer le contenu de manière qualitative, si bien que les présentations ne sont jamais répétitives. De plus, même si le contenu du Symposium est de haut niveau du point de vue scientifique, l'atmosphère générale est souvent détendue. Ce sera ma quatrième participation et j'y retourne à chaque fois avec plaisir.
"Au Japon, un Angio-CT peut rentrer dans 40 m2"
T.R. : Votre première intervention aura pour thème le scanner interventionnel. La radiologie interventionnelle (RI) est votre spécialité, je crois…
Pr É.de K. : Effectivement, je pratique cette discipline à l'Hôpital St-Louis, au sein de l'AP-HP, un établissement de 700 lits très impliqué dans l'oncologie et l'hématologie. L'angio CT fait partie de mes activités principales, c'est pourquoi Alain Blum m'a sollicité pour évoquer lors du Symposium les nouveaux appareils et les nouvelles indications de la RI. Les progrès technologiques récents, notamment l'avènement de ces salles hybrides associant un scanner et une table d’angiographie, ont permis à cette sur-spécialité de se développer et de prendre en charge des pathologies qui, jusqu'à présent, étaient du ressort des chirurgiens.
T.R. : Ces nouvelles salles nécessitent-elles des locaux de grande superficie au sein des blocs opératoires, pour contenir ces machines ?
Pr É.de K. : Les salles hybrides sont en général de bonne superficie. À l'hôpital St-Louis, nous avons installé une des toutes premières salles de ce type en Europe, qui comprend un scanner sur rails que l'on déplace à même la table d'opération, ainsi qu'une table d'angiographie et d'un échographe. Elle a une superficie de 55m2, ce qui nous permet d'évoluer avec un certain confort. Mais j'ai eu l'occasion de visiter des salles de ce type au Japon, où, comme on le sait, chaque mètre carré compte encore plus qu'à Paris. J'ai alors pu constater qu'il était possible de faire tenir une scanner mobile et une salle d’angiographie dans 40 m2.
"Les salles multimodales nous font gagner en qualité de prise en charge"
T.R. : Vous allez parler également, lors du Symposium, des nouvelles indications de RI. Quelles sont-elles ?
Pr É.de K. : IL faut savoir que l’activité de radiologie interventionelle connaissait une augmentation régulière de 7% par an. Mais depuis le début de 2017, c’est à dire depuis l’installation de l’angio-CT, notre activité a cru de 15%, ce qui laisse présager d'une croissance de 18% environ sur l'année entière. L'intérêt de la salle multimodale est, effectivement, que de nouvelles indications peuvent y être affectées, mais aussi que nous travaillons mieux, plus sereinement et plus qualitativement. On travaille plus vite et, pour chaque acte, on utilise le bon outil.
T.R. : Qu'est-ce qui change en pratique ?
Pr É.de K. :Parmi les nouvelles pathologies traitées, nous pouvons citer des interventions urologiques comme la mise en place de sondes double J autrefois réalisées au bloc chirurgical. Concrètement, pour cet acte, nous faisons un abord rénal sous contrôle échographique ou scannographique et descendons la sonde JJ avec un guidage radiologique. Nous avons donc une approche combinant 3 modalités différentes.
T.R. : En dehors de l’interventionnel urologique, quelles autres procédures ont bénéficié de votre nouvel équipement ?
Pr É.de K. : Lors d'une chimio-embolisation ou d'une radio-embolisation, nous pouvons réaliser des coupes TDM hépatiques afin de réaliser, au cours d'un même temps opératoire, un volume 3D de l'arbre artériel hépatique avec visualisation très précise des collatérales. Autre exemple possible, la transplantation d’ilôts de Languerans. Nous réalisons au préalable une cartographie scanner du tronc porte puis faisons une ponction du tronc porte sous contrôle échographique. Enfin, une portographie est réalisée juste avant la transplantation des ilôts. Toutes ces procédures bénéficient aux patients et à la qualité de leur prise en charge, puisque, auparavant, ils étaient obligés de passer d'un local à l'autre pour se soumettre à toutes ces techniques.
"Rendez-vous les 29 et 30 janvier à Nancy !"
T.R. : Vous allez modérer, enfin, lors de ce Symposium, des sessions mettant aux prises plusieurs fournisseurs de consoles ou présentant des controverses entre radiologues sur des technologies à utiliser dans des cas précis. Comment appréhendez-vous ces présentations ?
Pr É.de K. :Concernant les consoles de post-traitement, 5 fournisseurs sont appelés à s'exprimer sur la façon de traiter des dossiers cliniques précis à l'aide de leurs outils. Il s'agit de moments de haute technologie mais nous sommes là pour les challenger et pour les pousser dans leurs retranchements, mais de manière ludique, voire amusante. Il en est de même, d'ailleurs pour les sessions dites de controverses entre radiologues. Il s'agit, en fait, de terminer le congrès sur une note plus détendue mais non moins pointue scientifiquement. Je donne rendez-vous à tous les radiologues ou manipulateurs intéressés par l'évolution de leurs pratiques les 29 et 30 janvier 2018 à Nancy !
Propos recueillis par Bruno Benque