Crise de la radiologie: le Dr J-Philippe Masson s'exprime
MERCREDI 15 MARS 2017
A l’occasion d’une conférence de presse organisée la 2 mars 2017, le Dr Jean-Philippe Masson est revenu sur les raisons de la colère de la communauté radiologique et sur les événements qui ont poussé la FNMR à initier un mouvement de grève des radiologues à partir du 23 mars.
Le Président de la Fédération Nationale des Médecins Radiologues (FNMR), le Dr Jean-Philippe Masson, a réuni une conférence de presse, le jeudi 2 mars 2017, afin d’expliquer en détail les raisons de la colère des radiologues français.
Après une revue générale de l’environnement sanitaire, il a tenté de donner quelques explications sur le malaise général. "La baisse drastique de la démographie médicale en est une des plus importantes. Celle-ci est voulue depuis plusieurs décennies par les pouvoirs publics estimant que, en dépit du vieillissement de la population et de l’augmentation des maladies chroniques, si l’on diminue l’offre de personnel soignant, on diminuera, de façon absurde, la demande des patients et donc les dépenses de santé." Et le praticien d’enchainer sur la désertification médicale ou la destruction de l’offre de soins.
Une raison du malaise est, selon lui, "l’augmentation exponentielle des tâches administratives demandées aux personnels soignants qui font le travail de l’assurance-maladie et des organismes complémentaires." L’explosion des obligations réglementaires ou la mise en place de la complémentaire santé obligatoire sont également des points qui amène le Dr Masson à "s’interroger sur la réelle volonté des politiques de vouloir garantir un accès aux soins pour les patients ou plutôt d’exercer une maîtrise comptable de l’assurance-maladie à leur détriment. L'imagerie médicale n'échappe pas à cette politique d'abandon, de démantèlement de notre système de soins, a-t-il poursuivi. La Caisse impose deux mesures qui pénalisent la capacité d'investissement des structures de radiologie en secteur libéral mais aussi à l'hôpital. »
Il pouvait ainsi aborder le point central de son discours: la baisse de la valeur des forfaits technique en scanner, IRM et PET-Scan. "Il faut rappeler que le forfait technique ne fait pas partie des honoraires des médecins, mais compense le coût d'acquisition de ces équipements, a-t-il déclaré. Il correspond à l'amortissement, c'est à dire l’achat, la maintenance, l’emploi des manipulateurs et des secrétaires chargés de faire fonctionner ces appareils, etc." S’appuyant ensuite sur l’enquête FNMR 2015, il annonça: "des efforts financiers devront être faits, que ce soit sur le renouvellement des matériels ou sur des réductions de personnel." Quant à la suppression du modificateur Z, il sera responsable de la fermeture de beaucoup d’autres cabinets de proximité. Il a alors énuméré de nombreuses localités rurales, dont une préfecture (Mende, Lozère), qui n’ont plus de cabinet de radiologie.
Ce discours servit, par la suite, à expliquer pourquoi les radiologues allaient se mettre en grève le 23 mars 2017 et continuer le mouvement pour une dizaine de jours, comme nous l’annoncions dans nos colonnes. "Ce bras-de-fer avec la CNAM, que nous entamons aujourd’hui, sera poursuivi au moins jusqu’à la discussion du prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale en octobre 2017 où les élus, députés et sénateurs, auront à se prononcer sur la qualité et l’avenir de la prise en charge de la santé des Français", a-t-il conclu.
Paco Carmine