Interruption de traitement en radiothérapie : deux méthodes d'analyse des risques à priori
JEUDI 26 OCTOBRE 2023
L’interruption de traitement en radiothérapie fait partie des nombreux événements significatifs en radioprotection déclarés à ce jour. Pour les éviter, l’ASN publie un document qui décrit les méthodes AMDEC et EPECT d’analyse des risques à priori.

Dans le numéro d’octobre 2023 de son document périodique consacré à la Sécurité du patient, l’Autorité de Sureté Nucléaire (ASN) traite des interruptions de traitement en radiothérapie, avec un focus sur l’analyse des risques à priori.
Analyse des risques à priori et à postériori lors d’une interruption de traitement de radiothérapie
Depuis 2011, plus de 1 000 événements significatifs de radioprotection (ESR) ont été déclarés en radiothérapie, dont 19 concernent une interruption du processus de traitement. Ces déclarations d’événements font suite à une reprise du traitement d’un patient ou au transfert d’un patient sur une autre machine (miroir ou non) liée à une panne technique (11 ESR), le prolongement du traitement sur une machine qui présente un défaut connu ou méconnu (6 ESR) ou la non-détection d’un changement de paramètres à la suite d’une maintenance ou d’une intervention (2 ESR).
La gestion des risques repose essentiellement sur les analyses de risques dites à priori et à posteriori qui sont étroitement liées et se nourrissent l’une l’autre. L’ASN cible, dans ce document, l’analyse des risques à priori, présentant deux méthodologies distinctes pour la mettre en œuvre, l’Analyse des Modes de Défaillances, de leurs Effets et de leur Criticité (AMDEC) et l’Espace de Partage et d’Exploitation de la Complexité du Travail (EPECT).
La méthode AMDEC a été adaptée à la radiothérapie à la suite des accidents d’Épinal et de Toulouse par un groupe de travail conduit par l’ASN en coopération avec les sociétés savantes. Elle propose de caractériser les risques encourus par les patients à partir de l’analyse des modes de défaillance, de leurs effets et de leur criticité.
La méthode EPECT mise en place dans les centres du groupe ELSAN
La méthode EPECT a quant à elle été développée depuis 2017 par l’Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire (IRSN), à travers une nouvelle approche issue de recherches dans le domaine des sciences humaines et sociales. Il s’agit de mieux articuler la gestion des risques entre la gouvernance, l’encadrement et les opérationnels afin d’identifier les facteurs stratégiques, organisationnels et humains susceptibles de fragiliser la performance d’une équipe soignante.
Le document de l’ASN présente ensuite le travail réalisé dans les centres SENY, du Groupe ELSAN, pour réaliser une analyse des risques à priori en utilisant la méthode EPECT à la suite de son expérimentation croisée en 2016 sur les sites de Sarcelles et Levallois-Perret et qui est en cours de déploiement également aujourd’hui dans les centres de médecine nucléaire. Y sont décrits notamment la constitution d’un scénario pour une situation de travail dégradée, l’identification des facteurs de risques, la recherche de modes de réussite après adaptation du travail prescrit, actions facilitantes, ajustements individuels et réorganisation de l’équipe, ainsi que la définition des leviers de sécurisation.
Bruno Benque avec ASN