Canal carpien : les bons résultas de l'hydrodissection sous contrôle échographique
JEUDI 08 DéCEMBRE 2022
Une étude présentée lors du dernier congrès RSNA a montré les avantages de l’hydrodissection guidée par l’échographie pour traiter le syndrome du canal carpien. Ce traitement mini-invasif procure un soulagement complet et à long terme aux patients sans l'utilisation de corticostéroïdes.

Le syndrome du canal carpien, qui survient lorsque les nerfs et tendons médians sont pressés à l'intérieur du canal carpien, se traduit par des picotements, un engourdissement et/ou une faiblesse des doigts et des mains.
L’hydrodissection nerveuse pour traiter le syndrome de canal carpien
La chirurgie est souvent nécessaire pour traiter le syndrome du canal carpien lorsque les méthodes non chirurgicales, telles que la physiothérapie ou les injections de corticostéroïdes, sont insuffisantes. La méthode chirurgicale la plus courante et la plus largement utilisée consiste à couper le ligament carpien pour réduire la pression sur le nerf médian. Cette méthode nécessite de faire une incision dans le poignet.
Mais une étude présentée le 30 novembre au congrès de la RSNA montre qu'une technique appelée hydrodissection traite efficacement les compressions nerveuses sans nécessiter de chirurgie ni de corticostéroïdes. Elle implique l'injection d'un liquide, généralement une solution saline, dans un nerf pour le séparer des tissus environnants. Le guidage échographique est utilisé pour identifier avec précision les nerfs à sélectionner.
Les effets éphémères des corticostéroïdes
« Auparavant, les études qui ont été menées sur l'hydrodissection guidée par ultrasons pour le syndrome du canal carpien utilisaient des corticostéroïdes, ce qui rendait difficile d'évaluer si l'hydrodissection seule était bénéfique ou si elle était due à l'effet des stéroïdes », précise l'auteur principal de l'étude, le Dr Anindita Bose, résidente à l’ University College of Medical Sciences and Guru Teg Bahadur Hospital de Delhi (Inde).
Pour cet essai contrôlé randomisé, le Dr Bose et ses collègues ont recruté un total de 63 patients souffrant du syndrome du canal carpien. Ils ont utilisé le questionnaire du canal carpien de Boston (BCTQ), l'échelle analogique de la douleur (EVA) et des échographies en coupe transversale du nerf médian pour évaluer la douleur et les symptômes du patient avant et après la procédure. Les 63 patients ont été répartis en trois groupes. Le premier groupe a reçu une hydrodissection guidée par ultrasons avec juste une injection saline. Le deuxième groupe a reçu une hydrodissection guidée par ultrasons avec un mélange injectable de solution saline et de corticostéroïde. Le groupe trois n'a reçu qu'une injection de corticostéroïde guidée par échographie sans hydrodissection.
Une procédure rapide, économique et confortable pour les patients
Le suivi a été effectué à quatre semaines, 12 semaines et six mois. Au bout de quatre semaines, les trois groupes de patients ont montré une réduction de la douleur. Au bout de 12 semaines et de six mois, les deux groupes qui ont reçu une hydrodissection guidée par échographie ont montré une amélioration supplémentaire, tandis que le groupe qui n'a reçu qu'une injection de corticostéroïde a signalé une récurrence des symptômes et une augmentation des scores BCTQ et EVA.
De plus, les échographies de contrôle ont montré une réduction significative de la section transversale du nerf médian dans les deux groupes d'hydrodissection. Le groupe un a montré une réduction de 43% et le groupe deux a montré 46%. Le groupe trois n'a montré qu'une réduction de 11 %. La procédure est courte, ne nécessitant que 10 à 15 minutes. Elle est également très rentable, car il ne nécessite aucun équipement haut de gamme, remarque le Dr Bose. « Ce fut une agréable surprise lorsque cette simple procédure d'hydrodissection guidée par ultrasons a procuré aux patients un soulagement à long terme, conclut le Pr Anupama Tandon, co-auteur, professeur à l’University College of Medical Sciences and Guru Teg Bahadur Hospital de Delhi. Les patients étaient très satisfaits, car le coût était faible, aucune anesthésie ou hospitalisation n'était nécessaire, et ils pouvaient partir au bout d’une heure et reprendre leur travail de routine. »
Bruno Benque avec RSNA