Les JFR 2022 : pour apprendre, écouter et échanger autour des grands sujets de l'imagerie et des parcours patients
LUNDI 12 SEPTEMBRE 2022
Les Journées Francophones de Radiologie (JFR) 2022 feront un focus, cette année, sur la continuité des parcours de soins et sur la Santé numérique. À quelques jours de son ouverture, nous avons rencontré le Président de cet événement, le Pr François Cotton, pour un large tour d’horizon des manifestations qui y seront organisées. Durant cete entretien également, il est revenu sur les dossiers chauds de la radiologie française en 2022.

Thema Radiologie : À quelques semaines des JFR 2022, comment appréhendez-vous les derniers préparatifs, en tant que Président de cet événement ?
Pr François Cotton : C’est un investissement important avec de la pression qui monte avant la date fatidique du 7 octobre mais c’est aussi et surtout une période passionnante au cours de laquelle j’ai pu m’appuyer sur l’équipe de la Société Française de Radiologie (SFR) qui est très dynamique et à l’écoute, Jean-Francois Meder et Alain Luciani toujours présents, les équipes de CYIM, KIT et Ortus et bien sûr les sociétés d’organes et nos partenaires industriels. Au sein de mon institution également, les Hospices Civils de Lyon, dont je dirige le Pôle imagerie, j’ai apprécié l’investissement des radiologues et manipulateurs qui ont proposé de nombreuses communications et des posters.
T.R. : Quels seront les moments forts des JFR 2022 ?
Pr F.C. : Tout d’abord je dois dire qu’avec plus de 1 800 intervenants et la participation de toutes les sociétés d’organes affiliées à la SFR, cette édition sera une des plus fournies de la série, avec un focus principal sur le parcours des patients à l’heure du numérique en santé. Nous l’avons voulue vivante, jeune et interactive, notamment avec l’organisation de 91 ateliers, de 20 séances de cas cliniques où les participants pourront utiliser de nouveaux outils informatiques interactifs. Durant les sessions, ils pourront voter en ligne via l’application pour smartphones des JFR et activer l’applaudimètre en direct sur certaines séances comme le concours d’éloquence. Nous retrouverons, en outre, les villages de Radiologie interventionnelle et Ultrasons et le Forum IA prendra plus d’importance avec de nombreuses manifestations.
Parmi les nouveautés, citons le Challenge de l’éloquence organisé par Claire Boutet le samedi après-midi, au cours duquel six sociétés savantes se livreront à des « battles » autour de la radiologie interventionnelle, l’Agora JFR, repensée, où il sera question de formation initiale et de numérique en Santé, ainsi que le SFR Café sur le même espace où seront débattus avec des journalistes, des experts et le public des sujets tels que l’organisation des soins dans les territoires, la permanence des soins, l’avenir de la radiologie vue par ses jeunes, et des grandes questions de santé publique (endométriose, psychiatrie, cancer).
T.R. : En tant que neuroradiologue, n’avez-vous pas été tenté de promouvoir cette discipline en la mettent en avant lors de ces JFR ?
Pr F.C. : Un peu, c’est un focus particulier de ces JFR mais pas trop. L’ensemble des disciplines radiologiques sera représenté avec un programme incroyable proposé par l’ensemble des sociétés d’organes. Concernant la neuroradiologie, retenir déjà la thématique de l’imagerie en psychiatrie, les IRM à très hauts champs, les innovations en neuroradiologie interventionnelle, un syllabus « vertiges, orbite et base du crâne. La belle région Auvergne-Rhône-Alpes sera, elle à l’honneur, puisque le Président de la SFR Jean-Pierre Méder, a souhaité créer un espace « Région du Président des JFR ».
T.R. : Le Data Challenge est devenu un rendez-vous incontournable aux JFR dans le domaine de l’IA. Quelles en seront les caractéristiques cette année ?
Pr F.C. : L’IA est en effet omniprésente dans notre spécialité aujourd’hui et la Data Challenge suscite un engouement certain. Cette année il traitera de l’embolie pulmonaire. L’expérience a montré qu’un quart des patients COVID 19 hospitalisé avec lésions pulmonaires ont développé une embolie pulmonaire. C’est une pathologie fréquente et potentiellement grave, il ne faut pas passer à côté. Pour ce challenge, un travail considérable a été réalisé par Mathieu Lederlin et Nathalie Lassau que je remercie. Nous avions fixé l’objectif de récolter 1 000 examens pour cette occasion et nous les avons obtenus. De nombreuses équipes ont posé leur candidature pour ce concours qui dévoilera ses résultats au cours d’une cérémonie le lundi aux JFR.
T.R. : Vous évoquiez à l’instant le COVID-19, responsable, lors de la crise sanitaire, d’un afflux de patients notamment dans les unités de scanner qui a mis en lumière la pénurie de professionnels de Santé notamment en imagerie médicale. La crise est passée mais la pénurie demeure. Quelles sont les solutions selon vous ?
Pr F.C. : Il n’y a malheureusement pas de solution miracle, mais un ensemble d’évolutions, sur les réorganisations et dans le recrutement, avec des numérus clausus augmentés au niveau des écoles de manipulateurs, mais qui ne porteront leurs fruits que dans deux-trois ans pour les manipulateurs – nous avons, en Auvergne-Rhône-Alpes, activé cette mesure il y a presque deux ans –. Concernant les médecins, le paysage change avec 3 acteurs, le privé, le public et la télé-radiologie souvent décriée alors qu’elle rend lorsqu’elle est bien cadrée d’énormes services pour la prise en charge des patients dans les déserts médicaux. Aujourd’hui, certains centres hospitaliers fonctionnent avec des effectifs en radiologie très faible et la téléradiologie, notamment en permanence des soins (PDS), même si ce n’est pas la solution idéale (échographie, interventionnel, contact avec les patients et les collègues), peut permettre de sécuriser les établissements en difficulté. Et je fais confiance aux instances pour étouffer dans l’œuf les pratiques de téléradiologie qui ne suivraient pas les recommandations du G4 et du Conseil National de l’Ordre des Médecins (CNOM) dans ce domaine.
T.R. : L’option Radiologie Interventionnelle Avancée (RIA) a été mise en place il y a plus d’un an dans le cadre du DES de radiologie. Pouvez-vous en faire un premier bilan ?
Pr F.C. : Nous avons remarqué que, pour cette option, les étudiants doivent en faire le choix assez tôt dans leur cursus. Cela a pu provoquer de rares abandons, mais dans l’ensemble c’est un franc succès et cela permet de valoriser encore plus le beau métier de radiologue. L’option RIA permet l’accès à des opérations très spécialisées (oncologie, neuroradiologie) en formant aussi à l’interventionnel polyvalent essentiel dans les grands établissements publics ou privés pour prendre en charge les gestes d’urgence comme les hémorragies de la délivrance, les néphrostomies ou les AVC par thrombectomie. Comme vous le voyez, l’option RIA va s’adapter aux besoins de la population.
T.R. : Pour finir, qu’attendez-vous des JFR 2022 que vous allez présider ?
Pr F.C. : J’espère que les membres de la communauté radiologique viendront nombreux et heureux. Nous sommes tous très pris dans notre quotidien pour les organisations et la prise en charge des patients. Ces journées permettent de prendre du recul sur notre métier passionnant et ses multiples facettes. Posez-vous pour apprendre, écoutez et échangez autour des grands sujets de l’imagerie, de la médecine, du numérique en santé, des patients et de leurs parcours. Nous vous attendons avec impatience le 7 octobre au Palais des congrès de la porte Maillot (Paris XVIIème).
Propos recueillis par Bruno Benque