Un suivi des plaques d'athérome par IRM montre leur potentielle dangerosité
MERCREDI 04 JUIN 2025
Soyez le premier à réagirLes plaques d’athérome infracliniques sont susceptibles d’évoluer dans le temps et de devenir dangereuses. C’est ce qu’affirment des chercheurs hollandais dans une étude publiée ddans la Revue Radiology qui objective, par IRM, un fort taux de plaques mono-composées qui évolueraient vers des structures plus complexes à six ans.
Les plaques d'athérosclérose présentes dans les artères peuvent atteindre des taux de calcification qui peuvent jouer sur la stabilité de la plaque et ainsi potentiellement influer sur le risque de rupture.
L’IRM, modalité de choix pour déterminer la composition d’une plaque d‘athérome dans les carotides
Lorsque la rupture des plaques engendre la formation d'un caillot dans une artère carotide, principale artère alimentant le cerveau en sang, cela peut provoquer un accident vasculaire cérébral (AVC). L'IRM est désormais l'une des meilleures modalités d'imagerie pour évaluer la composition de la plaque carotidienne. L'amélioration des techniques d'imagerie apporte de nouvelles données sur la composition de la plaque et son évolution au fil des ans, affectant sa stabilité.
« Il est important de rappeler que les plaques qui ne provoquent pas encore de symptômes peuvent évoluer rapidement et devenir plus dangereuses, annonce l'auteur d’une étude publiée dans la Revue Radiology, le Pr Daniel Bos, professeur associé en épidémiologie clinique et imagerie neurovasculaire au Centre médical universitaire Erasmus de Rotterdam (Pays-Bas). L'une des principales conclusions de nos travaux est que les plaques calcifiées pourraient ne pas être aussi inoffensives qu'on le pensait, car elles présentent un risque de saignement intraplaque, la principale cause de rupture de plaque et d'AVC. »
Une étude hollandaise suit pendant six ans l’évolution de plaques carotidiennes infracliniques
Pour cette étude, les chercheurs ont suivi 802 patients de l'étude Rotterdam – une étude de population à grande échelle en cours à Rotterdam – âgés de 45 ans et plus et atteints d'athérosclérose carotidienne infraclinique. Des IRM de la composition des plaques carotidiennes ont été réalisées à l'inclusion, puis à nouveau six ans plus tard. Tous les participants étaient aux premiers stades de la maladie, avant l'apparition des premiers symptômes.
Au cours de la recherche, les plaques sont devenues plus complexes, développant de multiples composantes telles que la calcification, des saignements et des dépôts graisseux. L'évolution vers une composition de plaque plus complexe était plus fréquente chez les hommes que chez les femmes. L'étude a montré d’autre part que, par rapport aux plaques non calcifiées, les plaques déjà calcifiées étaient deux fois plus susceptibles de développer une hémorragie interne, ce qui est un indicateur clé de la vulnérabilité de la plaque et de sa rupture potentielle.
Un fort taux de plaques mono-composées évolueraient vers des structures plus complexes
Les chercheurs ont également réalisé une simulation pour prédire l'évolution de la plaque au-delà de six ans. Une simulation d'évolution sur 30 ans a montré que plus de la moitié des participants présentant des plaques pures évolueraient vers des plaques complexes avant l'âge de 70 ans. Les chercheurs indiquent que de futures études devraient examiner précisément l'influence des différents composants d'une plaque, par exemple l'impact de la calcification sur l'hémorragie intraplaque.
Compte tenu de l'évolution significative de la plaque au fil du temps démontrée par l'étude, le Pr Bos a souligné l'importance d'une surveillance continue de la plaque et d'une gestion proactive des facteurs de risque. « Même en l'absence de symptômes, les premiers signes de plaque dans les artères carotides peuvent progressivement s'aggraver, conclut le Pr Bos. Des bilans de santé réguliers et la gestion des facteurs de risque comme la tension artérielle, le cholestérol, le tabagisme et le diabète sont importants, car les modifications de la plaque peuvent survenir sans prévenir. »
Paco Carmine