Focus sur la cryo-ablation du cancer pulmonaire non à petites celliles
MERCREDI 28 MAI 2025
Les procédures d’ablation percutanée du cancer du poumon gagnent du terrain et la cryo-ablation est tout indiquée pour préserver les tissus environnants et pour son effet immunomodulateur. Des experts européens évoquent, dans un article publié dans la Revue RadioGraphics, les caractéristiques intrinsèques qui en font la procédure privilégiée dans certaines situations, notamment aux abords des organes vitaux sensibles.

Le cancer primitif du poumon est la tumeur maligne la plus fréquente et la principale cause de mortalité liée au cancer et le poumon le deuxième site métastatique le plus fréquent – 4% des patients – dans le monde.
Les procédures d’ablation percutanée du cancer du poumon gagnent du terrain par rapport à la chirurgie
La généralisation de la tomodensitométrie (TDM) et des programmes de dépistage a entraîné une augmentation du taux de diagnostic de tumeurs malignes du poumon à des stades se prêtant à des interventions curatives et, par ricochet, du nombre d’options thérapeutiques. La résection chirurgicale reste la norme de soins pour le traitement curatif du Cancer Bronchique Non à Petites Cellules (CBNPC) à un stade précoce, ainsi que de la maladie oligométastatique (MOM).
Mais tous les patients ne sont pas éligibles à la chirurgie, ce qui a favorisé le développement d’alternatives curatives moins invasives, comme l'ablation percutanée guidée par imagerie. La Revue RadioGraphics publie un récent article sur ces traitements percutanés ablatifs disponibles pour le cancer du poumon par radiofréquence, par micro-ondes ou par cryoablation (CA). Globalement, l'ablation pulmonaire est associée à des taux de survie globale (SG) à 1 et 2 ans de 80 à 95 % et de 65 à 85 %, respectivement, dans le CBNPC à un stade précoce et dans la MOM, taux similaires à ceux de la radiothérapie stéréotaxique corporelle (SBRT) et de la chirurgie.
Les promesses de la cryo-ablation pour préserver les tissus environnants et pour son effet immunomodulateur
Les thérapies ablatives basées sur la chaleur sont largement utilisées, disponibles, éprouvées et ont un profil d'efficacité reconnu. En revanche, la CA pulmonaire est une technologie plus récente mais vue de plus en plus comme une thérapie sûre et efficace pour les MMO. Elle utilise le froid extrême pour induire une nécrose tissulaire par formation de glace dans le parenchyme ciblé, offrant un profil d'effets secondaires favorable et préservant l'architecture collagène.
Elle a la particularité de permettre la visualisation d'une boule de glace pour contrôler la zone de traitement et entraîne souvent une involution rapide de la zone d'ablation visible au scanner pour la plupart des tumeurs traitées, facilitant ainsi l'identification précoce d'une progression tumorale locale ou d'une ablation incomplète. De plus, l'ablation par le froid a également démontré un effet immunomodulateur potentiel après ablation, susceptible d'améliorer l'efficacité de divers traitements immuno-thérapeutiques systémiques.
Des caractéristiques intrinsèques qui en font la procédure privilégiée dans certaines situations, notamment aux abords des organes vitaux sensibles
C’est ainsi que l’article de RadioGraphics décrit le rôle spécifique de la CA pulmonaire dans la prise en charge des tumeurs pulmonaires malignes, les critères de sélection des patients, les spécificités de la technique procédurale, les complications fréquemment observées et les résultats d'imagerie post-interventionnels attendus.
Bien qu'elle soit la moins utilisée des trois techniques d'ablation pulmonaire, la CA pulmonaire présente des caractéristiques intrinsèques qui en font la technique privilégiée dans certaines situations. De par sa nature, la matrice extracellulaire de collagène du tissu adjacent au site d'ablation est préservée pendant l'intervention, si bien qu’elle est devenue la technique d'ablation privilégiée pour le traitement des tumeurs pulmonaires situées à proximité de structures vitales sensibles, telles que le cœur, le hile pulmonaire, les artères pulmonaires, l'aorte, les bronches principales et la plèvre.
Les auteurs de l’article discutent des principes fondamentaux de la CA pulmonaire, des indications et contre-indications de la technique, ainsi que des détails des procédures du traitement, notamment les résultats attendus et les complications péri-procédurales. Un schéma standardisé de suivi par imagerie post-cryoablation est proposé, détaillant les résultats attendus de réponse complète et les signes de persistance et de récidive tumorale, et précisant les différences observées avec les techniques d'ablation thermique.
Paco Carmine