Les sociétés savantes se mobilisent à nouveau en faveur du dépistage du cancer du poumon par scanner low dose
VENDREDI 19 NOVEMBRE 2021
Le dépistage du cancer broncho-pulmonaire revient sur le devant de la scène en France. La FNMR, accompagnée du SAR et du SNRO, a lancé une campagne d’information pour promouvoir un protocole de scanner low dose pour une population ciblée. Espérons qu’enfin les tutelles prendront en considération cette action de médecine préventive et personnalisée.

La Fédération Nationale des Médecins Radiologues (FNMR), le Syndicat national de l'Appareil Respiratoire (SAR) et le Syndicat National des Radiothérapeutes Oncologues (SNRO) ont lancé, le 18 novembre 2021, une campagne commune de sensibilisation aux avantages qu’apporterait le dépistage organisé du cancer du poumon pour la population de l’Hexagone, comme elle l'a fait l'année dernière.
Les sociétés savantes relancent la promotion du dépistage du cancer broncho-pulmonaire
Celle-ci constituerait un moyen efficient pour le diagnostic précoce de ce type de cancer, un des plus meurtriers en France avec 33 000 morts par an. Le pronostic de cette pathologie est étroitement lié à son stade lors du diagnostic, ce que montrent plusieurs études en Europe et aux États-Unis qui mettent en pratique le dépistage organisé du cancer du broncho-pulmonaire. Or, on sait que le scanner, contrairement à la radiographie pulmonaire, permet de dépister de petites lésions inférieures ou égales à 5 mm mais il est plus irradiant dans son utilisation classique.
C’est la raison pour laquelle les protocoles dits « low dose », qui ont été rendus possibles par les progrès technologiques, donnent de la crédibilité à un dépistage organisé par ce moyen. Son efficacité est telle que la dose de rayons X utilisée est inférieure à celle d’une radiographie pulmonaire standard. Ces protocoles sont ainsi mis en œuvre depuis cinq ans aux États-Unis, avec des résultats très satisfaisants, comme le montre l’étude Nelson. Mais en France, l’académie de médecine, comme la Haute Autorité de Santé, se montrent réticents bien que la communauté scientifique de la cancérologie, de la pneumologie et de la radiologie thoracique a récemment publié des recommandations respectueuses des réserves émises par l’Académie.
Un protocole de scanner low dose pour une population ciblée
La FNMR, le SAR et le SNRO reviennent donc à la charge en faisant des propositions pour un dépistage ciblant les patients fumeurs ou sevrés depuis moins de 10 ans, entre 50 et 74 ans (seuil à 10 cigarettes par jour pendant 30 ans ou 15/j pendant 25 ans), acceptant une démarche de sevrage. Le protocole met en œuvre un scanner thoracique sans injection low dose à 50 ans, interprété par un radiologue sur console et une seconde lecture par CAD. S’il est négatif, et sans autres facteurs de risque, il sera réitéré à un an, puis tous les deux ans jusqu’à 74 ans. Les radiologues doivent avoir reçu une formation spécifique validée, rédiger leur compte rendu sur une base commune et les scanners avoir bénéficié d’un contrôle qualité.
Reste la question du financement d’une telle campagne qui, remarquent les sociétés savantes impliquées, relève d’une démarche préventive et thérapeutique qui est mise en place autour du patient et qui permet aux patients d’accéder à un traitement rapide susceptible de favoriser d’importantes économies sur des traitements plus lourds et onéreux. Espérons qu’enfin les organismes de tutelle prendront en considération ce qui pourrait constituer une avancée majeure dans la prévention et la médecine personnalisée ainsi que dans le suivi d’une maladie qui fait encore des ravages, bien que le nombre de fumeurs ait considérablement diminué ces dix dernières années.
Bruno Benque