L’heure est grave pour la radiologie française qui ne peut plus faire fonctionner les installations faute de manipulateurs. Ce sujet est revenu comme un leitmotiv dans les discussions informelles entendues lors des JFR 2022. La communauté tout entière doit aujourd’hui agir de concert pour faire connaître la profession et lui donner plus d’attractivité afin de tenter d’endiguer la crise qui perdure. Des initiatives sont en cours de réalisation, donnons-leur de l’audience.
La radiologie française est à la croisée des chemins. En cette période postpandémie où les acteurs du secteur tentent tant bien que mal de se réorganiser pour reprendre un rythme de croisière dans leurs pratiques, ils se rendent compte avec plus de précision des enjeux démographiques qui se jouent sous leurs yeux.
Une pénurie issue de diverses évolutions dans l’environnement radiologique
Alors que les tutelles desserrent l’étreinte depuis quelques années, en augmentant le nombre d’autorisations pour les installations d’imagerie lourde représentées majoritairement par les modalités de scanner et surtout d’IRM, les managers et responsables de ces autorisations ne trouvent plus de manipulateurs d’électroradiologie médicale (MERM) à y affecter. Le problème existe, nous l’avons déjà signalé dans nos colonnes depuis plusieurs années, mais il se généralise sans que l’on puisse trouver une issue pérenne à court ou moyen terme. Pire, des installations cessent leur activité de plus en plus souvent faute de personnel.
Nous avons également eu l’occasion d’en décrire les raisons, qui courent depuis les bancs des lycées jusque sur le terrain hospitalier ou libéral. Tout d’abord, ce métier est peu connu du grand public – la plupart des patients croient avoir à faire à des personnels infirmiers dans les services d’imagerie médicale – et encore moins des jeunes. Ensuite, lorsque l’étudiant se retrouve sur les bancs de l’institut de formation de MERM, après une sélection sur dossier issue d’un choix Parcoursup, il n’est pas rare qu’il abandonne son cursus en cours de route, victime d’une erreur d’orientation.
Des alternatives borderline qui ne seront pas pérennes à long terme
Puis, si d’aventure il obtient son diplôme, et par conséquent se voit attribuer un grade de licence depuis la réforme LMD, il est possible qu’il poursuive ses études dans la physique médicale ou la médecine. Bref, il existe de forts risques qu’un étudiant entrant en première année de formation MERM ne se retrouve pas dans un service d’imagerie au bout de ses trois ans d’études. D’autres critères entreront ensuite en jeu, chez les employeurs, pour donner de l’attractivité aux postes qu’ils proposent aux MERM. Le salaire bien sûr, mais aussi l’intérêt de la mission confiée, le statut ou les débouchés éventuels notamment.
Le secteur est donc en crise, une crise de ressources humaines, qui sera plus difficile à endiguer que celle qui touche les radiologues pour lesquels des alternatives pérennes ont été trouvées sous la forme de la téléradiologie. Car le MERM n’est pas remplaçable à souhait. Il existe ça et là quelques initiatives borderline où des aides MERM, des aides-soignants, voire des infirmiers participent à l’installation des patients et où un MERM assure le fonctionnement de plusieurs installations, mais ce ne sont que des « emplâtres sur des jambes de bois ». Il est urgent de reconstituer les effectifs.
Un sujet abordé dans toutes les discussions informelles aux JFR 2022
Ce sujet est revenu comme un leitmotiv au cours des discussions informelles qui ont pu s’organiser lors des Journées Francophones de Radiologie (JFR) 2022. Car tout le monde est à la recherche d’un ou plusieurs MERM : les hôpitaux, dont les services d’imagerie se désertifient, les structures privées, qui ont été victimes des augmentations de rémunérations promises dans le secteur public par le Ségur de la Santé, mais également les industriels, qui ont besoin de renforcer leurs équipes d’ingénieurs d’application suite aux nouvelles installations de modalités permises par... l’augmentation des autorisations par les tutelles.
Mais nous avons pu constater aux JFR 2022 que la communauté ne reste pas les bras croisés devant la pénurie et de nombreuses initiatives voient le jour, à tous les niveaux. Pour capter les jeunes générations, déjà en 2021, l’Association Française du Personnel Paramédical d’Électroradiologie (AFPPE) a pris l’initiative de réaliser une campagne, la « Semaine du manipulateur », en amont de la Journée internationale de la radiologie le 8 novembre, en réalisant de petites vidéos diffusées auprès du grand public. Elle récidive cette année avec un film d’animation sensé cibler plus précisément les jeunes afin de leur faire connaître le métier.
L’action collective comme seul salut
Pour tenter de garder les forces vives au sein des instituts de formation, certains grands groupes ou établissements font signer des contrats d’apprentissage aux étudiants afin qu’ils intègrent leurs équipes à la fin de leur cursus. Nous avons enfin pu constater que certains industriels du secteur se joignent à la bataille, sur le thème de l’attractivité et de la fidélisation, en s’adossant à de grands établissements de Santé pour proposer à leurs équipes des formations pouvant déboucher, qui vers de la recherche, qui de l’enseignement, qui un poste d’ingénieur d’application.
Toutes ces initiatives sont louables. Mais elles ne pourront aboutir que si l’ensemble de la communauté est solidaire et tire dans la même direction. À cet égard, nous demandons que cesse la « gueguerre » qui a opposé en 2021 l’AFPPE et la FNMR à la suite d’incompréhensions et de déclarations non pertinentes. Le dialogue et la communication sont les moteurs de la réussite collective. Et c’est bien collectivement que la communauté radiologique française viendra à bout de cette pénurie. Le métier de MERM est riche et passionnant. Faisons-le savoir tous en chœur !
Voir les autres vidéos de promotion de la profession de MERM réalisées par l'AFPPE ci-dessous :
Le MERM de radiologie conventionnelle
L’European Society of Radiology (ESR) a élu, lors de son Assemblée Générale du 2 Mars 2025, son nouveau Conseil d'Administration et son Conseil Exécutif.
12/03/2025 -
En sélectionnant le projet IMPULSION, l’INCa ouvre enfin la voie au dépistage organisé du cancer du poumon par scanner low-dose. Après maintes tergiversations, il semble que les organismes de tutelle français veuillent se mettre à la page et proposer une offre dédiée aux populations les plus à risqu...
27/01/2025 -
Quelques jours après la réélection de Donald Trump à la Présidence des USA, le mode de la Santé s’attend à quelques changements significatifs, notamment en matière de développement non contrôlé de l’IA. Nous pouvons nous attendre également à un ralentissement des actions pour le climat et la qualité...
12/11/2024 -
La deuxième édition de l’Observatoire de l’accès au numérique en Santé qui vient d’être publié fait un état des lieux sur les vulnérabilités numériques. Pour améliorer son efficacité, la DNS propose de rassurer et d’accompagner les populations vulnérables.
18/10/2024 -
La réforme créant l’ASNR, résultat de la fusion entre l’IRSN et l’ASN, se fait dans le cadre d’une réflexion éthique et déontologique. La Commission ad hoc (CED) vient d’émettre un Avis quant à ses principes et à son fonctionnement au sein de l’ASNR.
09/10/2024 -
Alors que la grogne monte chez les étudiants en médecine au sujet de la réforme de l’internat, la Conférence des doyens de médecine a publié un communiqué expliquant la stratégie de sélection des étudiants. Elle organise une conférence de presse sur le sujet le 12 septembre 2024.
03/09/2024 -
Le groupement de radiologues Nora Imagerie annonce s’être adossé à Vidi Capital. Cette structure sera ainsi à même de répondre aux problématiques financières et opérationnelles rencontrées par les groupes d’imagerie médicale.
03/07/2024 -
Ne manquez aucune actualité en imagerie médicale et radiologie !
Inscrivez-vous à notre lettre d’information hebdomadaire pour recevoir les dernières actualités, agendas de congrès, et restez informé des avancées et innovations dans le domaine.