Pour sauver la radiologie française, agir de concert à la promotion du métier de MERM
LUNDI 10 OCTOBRE 2022
L’heure est grave pour la radiologie française qui ne peut plus faire fonctionner les installations faute de manipulateurs. Ce sujet est revenu comme un leitmotiv dans les discussions informelles entendues lors des JFR 2022. La communauté tout entière doit aujourd’hui agir de concert pour faire connaître la profession et lui donner plus d’attractivité afin de tenter d’endiguer la crise qui perdure. Des initiatives sont en cours de réalisation, donnons-leur de l’audience.

La radiologie française est à la croisée des chemins. En cette période postpandémie où les acteurs du secteur tentent tant bien que mal de se réorganiser pour reprendre un rythme de croisière dans leurs pratiques, ils se rendent compte avec plus de précision des enjeux démographiques qui se jouent sous leurs yeux.
Une pénurie issue de diverses évolutions dans l’environnement radiologique
Alors que les tutelles desserrent l’étreinte depuis quelques années, en augmentant le nombre d’autorisations pour les installations d’imagerie lourde représentées majoritairement par les modalités de scanner et surtout d’IRM, les managers et responsables de ces autorisations ne trouvent plus de manipulateurs d’électroradiologie médicale (MERM) à y affecter. Le problème existe, nous l’avons déjà signalé dans nos colonnes depuis plusieurs années, mais il se généralise sans que l’on puisse trouver une issue pérenne à court ou moyen terme. Pire, des installations cessent leur activité de plus en plus souvent faute de personnel.
Nous avons également eu l’occasion d’en décrire les raisons, qui courent depuis les bancs des lycées jusque sur le terrain hospitalier ou libéral. Tout d’abord, ce métier est peu connu du grand public – la plupart des patients croient avoir à faire à des personnels infirmiers dans les services d’imagerie médicale – et encore moins des jeunes. Ensuite, lorsque l’étudiant se retrouve sur les bancs de l’institut de formation de MERM, après une sélection sur dossier issue d’un choix Parcoursup, il n’est pas rare qu’il abandonne son cursus en cours de route, victime d’une erreur d’orientation.
Des alternatives borderline qui ne seront pas pérennes à long terme
Puis, si d’aventure il obtient son diplôme, et par conséquent se voit attribuer un grade de licence depuis la réforme LMD, il est possible qu’il poursuive ses études dans la physique médicale ou la médecine. Bref, il existe de forts risques qu’un étudiant entrant en première année de formation MERM ne se retrouve pas dans un service d’imagerie au bout de ses trois ans d’études. D’autres critères entreront ensuite en jeu, chez les employeurs, pour donner de l’attractivité aux postes qu’ils proposent aux MERM. Le salaire bien sûr, mais aussi l’intérêt de la mission confiée, le statut ou les débouchés éventuels notamment.
Le secteur est donc en crise, une crise de ressources humaines, qui sera plus difficile à endiguer que celle qui touche les radiologues pour lesquels des alternatives pérennes ont été trouvées sous la forme de la téléradiologie. Car le MERM n’est pas remplaçable à souhait. Il existe ça et là quelques initiatives borderline où des aides MERM, des aides-soignants, voire des infirmiers participent à l’installation des patients et où un MERM assure le fonctionnement de plusieurs installations, mais ce ne sont que des « emplâtres sur des jambes de bois ». Il est urgent de reconstituer les effectifs.
Un sujet abordé dans toutes les discussions informelles aux JFR 2022
Ce sujet est revenu comme un leitmotiv au cours des discussions informelles qui ont pu s’organiser lors des Journées Francophones de Radiologie (JFR) 2022. Car tout le monde est à la recherche d’un ou plusieurs MERM : les hôpitaux, dont les services d’imagerie se désertifient, les structures privées, qui ont été victimes des augmentations de rémunérations promises dans le secteur public par le Ségur de la Santé, mais également les industriels, qui ont besoin de renforcer leurs équipes d’ingénieurs d’application suite aux nouvelles installations de modalités permises par... l’augmentation des autorisations par les tutelles.
Mais nous avons pu constater aux JFR 2022 que la communauté ne reste pas les bras croisés devant la pénurie et de nombreuses initiatives voient le jour, à tous les niveaux. Pour capter les jeunes générations, déjà en 2021, l’Association Française du Personnel Paramédical d’Électroradiologie (AFPPE) a pris l’initiative de réaliser une campagne, la « Semaine du manipulateur », en amont de la Journée internationale de la radiologie le 8 novembre, en réalisant de petites vidéos diffusées auprès du grand public. Elle récidive cette année avec un film d’animation sensé cibler plus précisément les jeunes afin de leur faire connaître le métier.
L’action collective comme seul salut
Pour tenter de garder les forces vives au sein des instituts de formation, certains grands groupes ou établissements font signer des contrats d’apprentissage aux étudiants afin qu’ils intègrent leurs équipes à la fin de leur cursus. Nous avons enfin pu constater que certains industriels du secteur se joignent à la bataille, sur le thème de l’attractivité et de la fidélisation, en s’adossant à de grands établissements de Santé pour proposer à leurs équipes des formations pouvant déboucher, qui vers de la recherche, qui de l’enseignement, qui un poste d’ingénieur d’application.
Toutes ces initiatives sont louables. Mais elles ne pourront aboutir que si l’ensemble de la communauté est solidaire et tire dans la même direction. À cet égard, nous demandons que cesse la « gueguerre » qui a opposé en 2021 l’AFPPE et la FNMR à la suite d’incompréhensions et de déclarations non pertinentes. Le dialogue et la communication sont les moteurs de la réussite collective. Et c’est bien collectivement que la communauté radiologique française viendra à bout de cette pénurie. Le métier de MERM est riche et passionnant. Faisons-le savoir tous en chœur !
Voir les autres vidéos de promotion de la profession de MERM réalisées par l'AFPPE ci-dessous :
Le MERM de radiologie conventionnelle
le MERM de radiologie interventionnelle
Bruno Benque