L'évolution du métier de MERM, une condition de la pérennité de l'imagerie médicale française
VENDREDI 26 MARS 2021
Le Rapport de la Mission IGAS sur le métier de Manipulateur d’Électreo-Radiologie Médicale vient de paraître. Comme attendu, la baisse de la démographie professionnelle observée depuis quelques années est due à un défaut d’attractivité que la hausse des rémunérations, le développement des protocoles de coopération et la mise en place de pratiques avancées permettront d’endiguer. Mais cela nécessite une réelle concertation entre tous les acteurs de l’imagerie médicale.

Il était annoncé pour le mois de novembre 2020 et après quelques semaines d’attente, le Rapport de la Mission IGAS sur l’évolution et l’attractivité du métier de Manipulateur d’Électro-Radiologie Médicale (MERM) a été publié le 25 mars 2021.
Une démographie professionnelle qui baisse inexorablement
Ce document résume et confirme les tendances que nous décrivons régulièrement dans nos colonnes, notamment en matière de démographie professionnelle. La mission IGAS a ainsi évalué le nombre de MERM à 28 000 professionnels dur le territoire français, alors que le répertoire ADELI sur lequel se basent les politiques publiques dans ce cadre dépasse les 37 000 personnes, ce qui représente un GAP conséquent. Elle précise que 80% d’entre eux exercent en radiodiagnostic, la radiothérapie (12%), la médecine nucléaire (7%) et l’exploration fonctionnelle complétant le tableau.
Ce document confirme ensuite les tendances ressenties ces dernières années sur le thème d’une tension croissante sur le marché du travail, due à l’augmentation du nombre des autorisations d’installations d’imagerie médicale, notamment en imagerie en coupe, combinée à un recul des effectifs de nouveaux professionnels. Il met en exergue une baisse continue du nombre d’étudiants admis en formation entre 2011 et 2019 ainsi qu’une proportion significative d’étudiants qui ne terminent pas leur formation. Nous ajouterons à cette évaluation ceux qui, au terme de leur cursus de formation, enchaînent sur un parcours universitaire dans lequel la réforme LMD leur permet de s’engager depuis 2012.
Des rémunérations à ajuster pour plus d’attractivité
La Mission IGAS insiste sur le fait que cette évolution pourrait s’amplifier à moyen terme, ce qui appelle à une réaction rapide des organismes de tutelle, par l’augmentation de 10% des effectifs d’étudiants MERM dès la rentrée 2021 avec une répartition régionale indexée aux besoins humains, par des actions de communication et d’orientation pour les lycéens, ainsi que par la création de passerelles avec les autres filières sanitaires. Les établissements de Santé publics et privés, de même que les cabinets de radiologie sont appelés, également dans ce cadre, à se mobiliser pour offrir aux étudiants des terrains de stages plus nombreux et variés.
Sur le plan financier, des améliorations marginales peuvent également être apportées à la rémunération des MERM qui bénéficient déjà depuis peu du passage en catégorie A de la Fonction publique et de l’augmentation accordée à l’occasion du Ségur de la Santé. La Mission IGAS propose ainsi d’aligner leurs grilles indiciaires sur celles des infirmiers ou de généraliser, dans le secteur public, la reprise d’ancienneté pour des services antérieurs à 2017 et de mettre en place des primes d’engagement dans la carrière hospitalière.
En finir avec les blocages sur les protocoles de coopération et les pratiques avancées
Mais l’attractivité du métier et la fidélisation des agents passe également par des perspectives de carrière et des parcours professionnels évolutifs. À ce titre, le Rapport IGAS revient sur les protocoles de coopération dont certains ont rencontré un réel succès mais n’ont pas abouti faute d’avoir rencontré une aide significative de la part des radiologues. La pratique de l’échographie par les MERM en est un exemple frappant : « Une concertation avec les représentants des médecins et des MERM doit permettre d’expliciter les blocages et de clarifier les conditions d’exercice de cet acte », commente ainsi ce document.
Dans le même ordre d’idées, il faudra prendre à bras le corps l’idée de proposer aux MERM des pratiques avancées qui représentent, on le constate aujourd’hui sur le champ de la pratique infirmière, une réelle avancée pour les médecins et une amélioration de la prise en charge des patients. Les spécialisations sont nombreuses aujourd’hui, le Rapport IGAS citant notamment l’accompagnement du patient en radiothérapie, le traitement expert de l’image en coupe, une évaluation diagnostique des images acquises en échographie, auxquels nous pourrions ajouter certains gestes de radiologie interventionnelle (PICC-line) ou une autonomie augmentée dans le cadre des soins primaires et de la téléradiologie.
L’avenir de la radiologie passe par une concertation entre tous les acteurs de la spécialité
Mais l’immobilisme d’une certaine catégorie de radiologues semble en effet freiner la nécessaire évolution des coopérations en imagerie médicale, au détriment de l’intérêt général qui est conditionné en grande partie par l’attractivité du métier de MERM. Cette concertation devra donc avoir lieu pour ne pas se retrouver bientôt devant une impasse démographique. C’est la raison pour laquelle la Mission IGAS « recommande d’engager avec les sociétés savantes et les professionnels de l’imagerie une démarche d’identification et de construction des pratiques avancées qui puissent permettre de lancer des expérimentations… ».
L’organisation territoriale fait également l’objet de recommandations de la Mission IGAS, qui demande une extension de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences aux pôles inter-hospitaliers, aux GHT ou aux PIMM, dans l’optique d’assurer une bonne permanence des soins radiologiques. Mais sur ce point également, il nécessaire d’adopter une posture volontariste et visionnaire…
Bruno Benque