Mortalité par cancer du sein : les jeunes femmes américaines plus exposées que leurs ainées
MARDI 09 FéVRIER 2021
Selon une nouvelle étude publiée dans la Revue Radiology, les taux de mortalité par cancer du sein ont cessé de baisser chez les femmes américaines de moins de 40 ans, contrairement à leurs ainées. Les chercheurs souhaitent désormais que la sensibilisation au cancer du sein cible aussi les femmes plus jeunes et que la recherche sur les causes de ce changement devienne prioritaire.

Le cancer du sein est le cancer non cutané le plus courant et la deuxième cause de décès par cancer féminin aux États-Unis, représentant 30% de tous les cancers chez les femmes. Bien que la plupart des cancers du sein invasifs surviennent chez les femmes âgées de 40 ans et plus, 4% à 5% des cas surviennent chez les femmes de moins de 40 ans.
Le taux de mortalité pour cancer du sein repart à la hausse chez les américaines de moins de 40 ans
Les statistiques montrent une baisse constante des taux globaux de mortalité par cancer du sein chez les femmes américaines depuis 1989. De 1989 à 2017, les taux de mortalité par cancer du sein ont diminué de 40%, une diminution attribuée à l'amélioration du traitement et à l'augmentation de l'utilisation de la mammographie de dépistage depuis le milieu des années 80.
Dans une nouvelle étude publiée dans la Revue Radiology, les chercheurs ont évalué les tendances américaines des taux de mortalité par cancer du sein chez les femmes, par sous-groupes d'âge de 10 ans, sur la base de données récentes du National Center for Health Statistics. Ce travail a montré que, de 2010 à 2017, les taux de mortalité ont diminué de 1,2% à 2,2% par an pour les femmes de chaque tranche d'âge de 40 à 79 ans, mais ont augmenté d'un 0,5% par an, ce qui est toutefois non significatif, pour les femmes de 20 à 39 ans.
Hausse de l’incidence du stade tardif du cancer du sein depuis l’an 2000
« Il est clair que les taux de mortalité chez les femmes de moins de 40 ans ne diminuent plus, remarque l’auteur principal de l’étude, le Pr R. Edward Hendrick, du Département de radiologie de l’University of Colorado School of Medicine à Aurora (Colorado). J'estime que dans deux à trois ans, le taux de mortalité augmentera considérablement chez ces femmes. »
L'évolution du taux de mortalité chez les femmes plus jeunes est probablement liée à une augmentation des cancers du sein de stade tardif ou métastatiques. Ceci est confirmé par les observateurs des taux d'incidence du cancer du sein invasif, dans le cadre du programme Surveillance, Epidemiology, and End Results qui ont révélé que les taux d'incidence du cancer du sein au stade tardif ont augmenté de plus de 4% par an depuis l'an 2000 chez les femmes âgées de 20 à 39 ans, un taux beaucoup plus élevé que chez les femmes de 40 ans et plus.
Vers un dépistage organisé du cancer du sein pour les femmes de moins de 40 ans ?
Contrairement aux traitements du cancer du sein, les recommandations relatives aux dépistages radiologiques de détection précoce varient selon l'âge. Les femmes de 40 ans et plus se voient offrir une mammographie de dépistage dans ce cadre et plus de la moitié de ces femmes déclarent être soumises à un dépistage régulier. À l’inverse, le dépistage n'est pas effectué chez les femmes de moins de 40 ans, à moins qu'elles ne soient connues pour être à haut risque de cancer du sein.
Selon les chercheurs, la baisse continue des taux de mortalité chez les femmes de plus de 40 ans pourrait être due à un dépistage régulier pour les femmes de ce groupe d'âge. Les écarts de taux de mortalité entre les deux populations fournissent des preuves supplémentaires du rôle essentiel que joue le dépistage par mammographie dans la diminution des décès par cancer du sein. Dès lors, ils prévoient de continuer à étudier ces tendances pour en savoir plus sur les raisons pour lesquelles les taux de mortalité ont cessé de baisser chez les femmes plus jeunes.
« Nous espérons que ces résultats susciteront plus d'attention et de recherche sur le cancer du sein chez les femmes plus jeunes et que nous trouverons rapidement ce qui se cache derrière cette augmentation rapide des cancers au stade avancé », conclut le Pr Hendrick.
Bruno Benque avec RSNA