La radiomique pour aider à identifier des phénotypes plus à risque de cancer du sein
VENDREDI 16 MAI 2025
Dans l'une des plus vastes études du genre, des chercheurs ont identifié six textures mammaires potentiellement associées à un risque accru de cancer. Dans une nouvelle étude publiée dans la Revue Radiology, ils ont identifié, à l’aide de la radiomique, des phénotypes à mieux surveiller car potentiellement plus à risque.

Les femmes ayant des seins denses représentent une proportion importante des femmes éligibles au dépistage du cancer, qui être difficile à détecter sur leurs mammographies en raison de la similitude d'aspect du tissu mammaire dense et des tumeurs cancéreuses. Les seins denses sont également associés à un risque accru de cancer du sein.
Des seins aux densités équivalentes mais aux textures souvent différentes
La complexité du problème est accrue par le fait que les textures tissulaires sensiblement peuvent différentes pour une densité mammaire équivalente. Des chercheurs américains ont essayé d’obtenir une meilleure compréhension des textures et caractéristiques distinctes du tissu mammaire, au-delà de la mesure de la densité mammaire. Dans un article publié dans la Revue Radiology, ils ont cherché un moyen de contribuer à améliorer l'évaluation du risque de cancer du sein par ce moyen.
« Nous avons émis l'hypothèse que certains profils ou phénotypes sont associés à un risque élevé de cancer du sein et suggèrent quelles femmes pourraient bénéficier de stratégies de dépistage ou de prévention supplémentaires, annonce en préambule l'une des auteures principales de l’article, le Pr Céline M. Vachon, professeure d'épidémiologie à la Mayo Clinic de Rochester (Minnesota – USA). D'autres phénotypes pourraient être associés à un faible risque, suggérant ainsi un dépistage moins fréquent. »
La radiomique au soutien des chercheurs pour identifier les textures les plus à risque de cancer
Les chercheurs ont utilisé la radiomique sur les mammographies de plus de 30 000 femmes sans antécédents de cancer du sein, issues de trois cohortes de dépistage différentes. À partir de cet échantillon de grande taille, ils ont extrait 390 caractéristiques radiomiques, qui ont été condensées en six phénotypes et qui ont à leur tour été évalués sur les mammographies de plus de 3 500 femmes, certaines ayant développé un cancer du sein, d'autres non. Les résultats ont montré que les phénotypes radiomiques étaient associés à un risque accru de cancer du sein invasif chez les femmes noires et blanches.
« Nous avons été surpris de constater que ces phénotypes radiomiques suggéraient un risque plus élevé chez les femmes noires que chez les femmes blanches », ajoute le Pr Despina Kontos, co-auteure principale, titulaire de la chaire Herbert et Florence Irving de sciences radiologiques et directrice de l'information de recherche au Centre médical Irving de l'Université Columbia (New Yorh - USA). Ceci est particulièrement important, car le cancer du sein a tendance à être plus agressif chez les femmes noires, ce qui souligne la nécessité de nouveaux facteurs de risque dans cette population. »
Des phénotypes particuliers à mieux surveiller car potentiellement plus à risque
Ces phénotypes pourraient également prédire le risque de mammographie faussement négative ou de diagnostic de cancer d'intervalle. « Comprendre les personnes les plus à risque de cancer du sein invasif, en particulier les plus agressifs, est crucial pour prévenir le cancer et le diagnostiquer précocement afin de pouvoir éventuellement opter pour des traitements moins intensifs », poursuit la co-auteure principale, le Dr Karla M. Kerlikowske, professeure de médecine, d'épidémiologie et de biostatistique à l'Université de Californie (San Francisco – USA).
Les auteurs ont décrit les applications futures de ces phénotypes et la manière dont ils peuvent compléter les modèles de risque de cancer du sein existants. « Nos prochaines étapes consistent à étendre nos recherches à des groupes plus larges de femmes au sein de la population américaine, notamment en examinant des mammographies 3D, et en combinant ces facteurs de risque radiomiques avec des facteurs génétiques et d'autres facteurs liés au mode de vie afin d'améliorer notre capacité à définir qui présente (et qui ne présente pas) un risque accru de cancer du sein invasif », conclut le Pr Vachon.
Paco Carmine