FIDAC démontre la force de la communauté radiologique française
LUNDI 17 AVRIL 2023
La base de données françaises FIDAC, qui a recueilli les images de scanner thoracique de patients atteints par le COVID-19, a rendu son verdict. Les résultats de ce travail coordonné par la SFR et le CERF ont été publiés dans la Revue Diagnostic and Interventional Imaging. Ce travail a mis en exergue la grande capacité de rassemblement pour de ces deux institutions, ainsi que les possibilités d’intégration des forces vives de la communauté radiologique française.

Nous présentions dans nos colonnes, en avril 2020, au plus fort de la pandémie de COVID-19, le projet collaboratif de la radiologie française visant à créer une base de données relative aux images de tomodensitométrie (TDM) de patients touchés par les lésions pulmonaires engendrées par le virus en France métropolitaine.
Les résultats de la base FIDAC dans un article de la Revue Diagnostic and interventional imaging
Le but de ce projet dénommé FIDAC (French Imaging Database Against Coronavirus), était de constituer une base nationale de cas anonymisés comprenant de telles images annotées qui pourrait favoriser une mise à disposition de cas aux radiologues et aux chercheurs dans le but de développer rapidement les connaissances sur les effets pulmonaires du virus. C’est ainsi que l’ensemble des composantes de la radiologie française (SFR, G4, CERF, etc.), a été invitées à participer à ce projet en y incluant des images de patients présentant les signes distinctifs de la maladie ainsi que les résultats du test RT-PCR positifs.
L’étude est désormais terminée et les principaux instigateurs de ce travail collaboratif en ont élaboré un article dans la Revue de la Société Française de Radiologie (SFR) Diagnostic and Interventional Imaging en fin d’année 2022. Nous souhaitions revenir sur les résultats de cette étude qui a classé les patients selon leur âge et sexe, l'établissement d'origine et sa région d’appartenance, le temps l'apparition des symptômes avant l'examen TDM, l'indication de l'examen TDM, le résultat final du test RT-PCR et le compte rendu normalisé de la TDM.
Des critères d’inclusion finement élaborés par les instigateurs de l’étude
Les tags « symptômes faibles COVID-19 », « suspicion de COVID-19 chez un patient dépendant de l'oxygène », « suivi » et « autre » ont été accolés aux patients tandis que les comptes rendus ont été qualifiés de « COVID-19 classique/probable » lorsque la TDM présentait des opacités en verre dépoli (OVD) bilatérales périphériques ou des OVD multifocales de morphologie arrondie, « intermédiaire pour COVID-19 » lorsqu'elle présentait des OVD multifocales, diffuses, périphériques ou unilatérales ou non périphérique, ou avec seulement quelques très petits OVD, ou des images atypiques - épanchement pleural important, augmentation de la taille des ganglions lymphatiques majeurs ou type de bronchiolite -, « non COVID » lorsqu'elle montrait une autre pathologie, et enfin « normale » lorsqu'aucune maladie pulmonaire n'était détectée par le radiologue.
Des régions et des catégories d’âges plus touchées que les autres
Au total, 5944 patients ont été inclus dans 22 centres, regroupés en 8 régions françaises avec 1577 patients (26,53%) dans le Grand Est, 1216 (20,46%) en Auvergne Rhône Alpes, 1412 (23,76%) en Occitanie, 900 (15,14%) en Ile-de France, 284 (4,78%) dans les Hauts de France, 249 (4,19%) en Bretagne, 102 (1,72%) en Provence Alpes Côtes d'Azur et enfin 204 patients (3,43 %) dans d’autres régions.
Les catégories d'âge les plus présentes dans ce recensement étaient les 20-30 ans (912 ; 15,35 %), les 50–60 ans (853 ; 14,35 %), les 60–70 ans (1011 ; 17,01 %), les 70–80 ans (987 ; 16,61 %) et les 80–90 ans (848 ; 14,27 %) avec un âge médian de 60 ans. Quant au délai entre le début des symptômes et l'examen TDM, fourni chez 58,09% des cas, il était inférieur à 3 jours chez 1128 patients (32,66%), entre 3 et 7 jours chez 916 patients (26,53%), entre 8 et 21 jours chez 1158 patients (33,53%) et supérieure à 21 jours chez 251 patients (7,27%).
Un compte rendu type a été fourni pour tous les patients et classé comme « COVID-19 classique/probable » chez 1931 patients (32,49 %), « intermédiaire pour COVID-19 » chez 1156 patients (19,45 %), « non-COVID » chez 697 patients (11,73%) et « normal » chez 2160 patients (36,33%).
Quelques limites à ce recueil de données mais un formidable élan national insufflé par la SFR et le CERF
Ce processus de recueil de données a fait l’objet d’une grande rigueur avec notamment un taux de remplissage des métadonnées d'intérêt majeur très élevé, ce qui permet d'appliquer ces tags sur une grande partie de la base de données images TDM. Mais les chercheurs ont identifié quelques limites à leur travail, notamment une surreprésentation des régions du nord et de l'est de la France, qui ont fait face à un plus grand nombre de patients COVID-19 au cours du premier mois de la pandémie, ainsi que des personnes âgées. Ils regrettent également que la collecte des données n'ait pas été effectuée consécutivement dans chaque centre et qu’aucune donnée biologique n'ait été enregistrée, ce qui limite la possibilité d'effectuer des statistiques avancées sur la population incluse et de tirer des conclusions sur l'efficacité du scanner pour le diagnostic du covid-19.
Mais il la SFR et le CERF sortent grandis de cette expérience qui a montré à la fois leur grande capacité de communication et de rassemblement pour une noble cause, ainsi que les possibilités d’intégration des forces vives de la communauté radiologique française. La base de données FIDAC est désormais disponible, sous conditions, en libre accès sur le site du CERF-SFR, pour tous les chercheurs et les ingénieurs qui souhaiteraient entrainer de nouveaux algorithmes de détection de signes tomodensitométriques des lésions pulmonaires engendrées par le COVID-19.
Bruno Benque