L'IRM mammaire de surveillance post-cancer par toujours pertinente
MARDI 04 JUIN 2019
Selon une vaste étude publiée dans la revue Radiology, l'ajout de l'IRM mammaire à la mammographie de surveillance pour les survivantes du cancer du sein entraîne des taux de détection du cancer plus élevés. Mais son utilité est discutable et il est important de prendre en compte des données multifactorielles avant d'y avoir recours.

Une proportion faible mais croissante de femmes américaines atteintes d'un cancer du sein reçoit une IRM mammaire en complément de la mammographie de surveillance, malgré l'absence de consensus au sein des sociétés savantes de cette spécialité. Les données probantes sur les avantages et les inconvénients potentiels de l'IRM du sein chez les survivantes du cancer du sein sont en effet limitées. "Les gens pensent souvent qu’il est préférable de faire plus d'examens, déclare l’auteur principal de l'étude, le Dr Karen J. Wernli, chercheur associé au Kaiser Permanente Washington Health Research Institute de Seattle. Cela pourrait être vrai pour certaines femmes, mais pas nécessairement toutes. Il est important que les cliniciens et les femmes soient conscients des avantages et des inconvénients de l’imagerie."
Une vaste étude provenant du consortium de surveillance américain du cancer du sein
Dans la plus vaste et la plus complète étude du genre à ce jour, qui a été publiée dans la Revue Radiology, le Dr Wernli et ses collègues ont comparé la performance de l'IRM du sein à la mammographie seule chez 13 266 femmes âgées de 18 ans et plus ayant survécu au cancer du sein. Les femmes avaient subi 34 938 mammographies et 2 506 examens IRM du sein de 2005 à 2012 pour dépister un second cancer du sein. Les données ont été extraites de cinq sites du consortium pour la surveillance du cancer du sein comprenant le registre de mammographie de Caroline, le Kaiser Permanente Washington, le réseau de mammographie du New Hampshire, le registre de mammographie de San Francisco et le système de surveillance du cancer du sein du Vermont.
Un taux de biopsies supérieur après IRM du sein
L’IRM des seins présentait un taux de détection du cancer légèrement supérieur à celui de la mammographie seule. Pour atteindre ce taux plus élevé, près de deux fois plus de femmes ont dû subir une biopsie du sein, ce qui a augmenté l'anxiété chez les femmes déjà atteintes d'un cancer du sein. Le taux de détection du cancer du sein en IRM était de 10,8 pour 1 000 examens contre 8,2 pour la mammographie seule. Le taux de biopsie du sein par IRM était de 10,1%. Le taux de biopsie par mammographie était de 4,0%. Il n'y avait pas de différence significative entre les deux modalités d'imagerie en termes de sensibilité ou de capacité à distinguer le cancer du sein d'autres pathologies. Les taux de cancers d'intervalle, ou de cancers apparus entre les dépistages, étaient similaires dans les deux groupes, ce qui renforçait le rôle de la mammographie pour la détection de cancers au cours de l'intervalle de surveillance d'un an.
L'importance d'une évaluation multifactorielle pour prendre la décision
Contrairement aux études précédentes sur la performance de l'IRM du sein, les chercheurs ont incorporé dans leur analyse les caractéristiques individuelles des femmes, telles que le niveau socio-culturel ou le traitement et le diagnostic primaire du cancer. Ils ont constaté que l'utilisation de l'IRM du sein était associée à un plus jeune âge au moment du diagnostic et de l'utilisation de la chimiothérapie, ainsi que d'un niveau socio-culturel élevé.
Les résultats soulignent la complexité des décisions impliquant l'introduction de nouveaux examens d'imagerie dans les programmes de dépistage du cancer et confirment l'importance de procéder avec prudence, selon le Dr Wernli. "Il est vraiment important pour nous de savoir que lorsque nous formulons des recommandations et des conclusions, nous examinons réellement la meilleure qualité de preuve, a-t-elle conclu. Il est également très important de prendre en compte les différences entre les femmes lorsque nous essayons d'évaluer l'ajout de nouveaux examens d'imagerie à la mammographie de surveillance."
Bruno Benque avec RSNA