IRM de dépistage: un plus pour les patientes à risque moyen
VENDREDI 24 FéVRIER 2017
L’IRM serait susceptible de mieux identifier les cancers du sein invasifs pour les patientes à risque moyen lors des campagnes de dépistage. C’est ce qui ressort d’une nouvelle étude allemande publiée dans la revue Radiology.
Le dépistage par résonance magnétique améliore le diagnostic précoce du cancer du sein chez toutes les femmes, et pas seulement celles à haut risque, selon une nouvelle étude publiée en ligne dans la revue Radiology.
Une exploration IRM jugée inutile pour les femmes à risque moyen
L'IRM est connue depuis longtemps comme une méthode efficace de dépistage du cancer du sein qui offre une meilleure sensibilité que la mammographie et l'échographie. À l'heure actuelle, les lignes directrices réservent le dépistage par IRM du sein chez les femmes qui ont des antécédents familiaux importants ou d'autres facteurs de risque spécifiques de cancer du sein. Le dépistage par IRM n'a pas été jugé nécessaire pour les femmes à risque moyen et il y a eu une résistance au développement de l'IRM dans cette population, en partie en raison des coûts plus élevés. Cependant, comme le cancer du sein reste une cause majeure de décès par cancer chez les femmes, il y a de bonnes raisons de poursuivre la recherche d'améliorations des méthodes de dépistage, selon l'auteur principal de l'étude, le Dr Christiane Kuhl, présidente du département de radiologie RWTH Aachen University À Aix-la-Chapelle, en Allemagne.
Un taux de détection de cancer invasif amélioré de 15,5 pour mille patientes
Entre 2005 et 2013, le Dr Kuhl et ses collègues ont étudié l'impact de l'IRM mammaire sur 2 120 femmes âgées de 40 à 70 ans, avec un risque de cancer du sein inférieur à 15%. Ces patientes ont fait l’objet de mammographies normales de dépistage et, pour celles qui présentaient un tissu mammaire dense, une échographie de dépistage normale. L'IRM mammaire a détecté 60 cancers du sein supplémentaires, dont 40 cancers invasifs, soit un taux de 15,5 pour 1 000 femmes. Sur les 60 cancers détectés au cours de la période d'observation, 59 ont été détectés uniquement par IRM et aucun par mammographie ou échographie seule.
Les tumeurs à croissance rapide mieux identifiées
Selon le Dr Kuhl, les résultats suggèrent que l'IRM peut servir d'outil de dépistage complémentaire utile pour les femmes à risque moyen, en particulier celles qui ont un tissu mammaire dense, et que l'IRM est supérieure à l'échographie complémentaire à cette fin. Les résultats mettent également en évidence la capacité de l'IRM dans la détection de types plus agressifs de cancer. "Plus vite un cancer se développe et plus il est susceptible de provoquer des métastases. Il faut donc le détecter tôt par IRM, remarque le Dr Kuhl. Dans notre cohorte, les cancers trouvés par l'IRM seule ont présenté des caractéristiques de croissance rapide de la pathologie."
Une pratique de choix contre les cancers d’intervalle
Cette caractéristique est particulièrement présente chez les femmes avec un tissu mammaire dense pour lequel les cancers agressifs peuvent être invisibles à la mammographie. S’ils ne sont pas identifiés, ces cancers vont devenir des cancers cliniquement palpables et seront considérés comme des cancers intervalle. La nouvelle étude a montré que, conformément aux précédentes recherches, l'IRM mammaire peut détecter ces cancers en croissance rapide avec une fiabilité élevée. Selon le Dr Kuhl, les cancers d’intervalle présentent un profil biologique défavorable et sont le principal facteur de mortalité par cancer du sein. D'autres cancers détectés au cours d’un dépistage par IRM dans cette étude ont d’ailleurs montré une prévalence supérieure à la normale ou une incidence de cancers à croissance rapide (grade 3).
"Le taux de cancer de intervalle dans notre étude était de zéro pour cent. Pas un seul cancer n'a été détecté qui est devenu palpable, conclut-elle. Cela suggère que l'IRM détecte des cancers du sein que la mammographie aurait pu aussi trouver, mais l'IRM les détecte plus tôt, et trouve les cancers qui aurait évolué en cancers intervalle si elle n’avait pas été réalisée."
Bruno Benque avec RSNA