La mammographie de dépistage ne fait pas l'unanimité
LUNDI 23 JUIN 2014
Alors qu'une nouvelle étude norvégienne réaffirme les bénéfices de la mammographie de dépistage pour réduire le taux de mortalité par cancer du sein, des spécialistes nors-américains en contestent toujours, et de plus en plus, la pertinence. Parmi les arguments de ceux-ci, les faux-positifs, la préférence pour l'examen clinique ou le coût des campagnes de dépistage.

Sur le thème des campagnes de dépistage du cancer du sein, les avis des experts sont de plus en plus divergents et semblent diviser la communauité scientifique de chaque côté de l'Atlantique. Les européens, en effet, s'appuyant sur les conclusions de l'Organisation Mondiale de la Santé pour laquelle le dépistage par mammographie permet de réduire la mortalité par cancer du sein de 25%, sont en majorité favorables à renforcer les processus d'invitation à se faire dépister, pour une population ciblée, déjà en place.
Une nouvelle étude pour confirmer la pertinence de la mammographie de dépistage
Ils sont d'ailleurs confortés par une étude récente du Pr Harald Weedon-Fekjær, de l'Université des Sciences et Technologie de Trondheim en Norvège, publiée dans le British Journal of Medicine. Les résultats de cette enquête, qui porte sur une longue période allant de 1986 à 2009, montrent que les décès sont approximativement 7 fois plus importants chez les femmes n'ayant pas été invitées à se faire dépister que pour celles ayant effectivement participé à la campagne de dépistage. Cette étude précise également que, après traitement et filtrage de toutes les données, une mort par cancer du sein peut être évitée toutes les 368 mammographies systématiques.
Des scientifiques contestent la pertinence des campagnes outre-Atlantique
Du côté des pourfendeurs du dépistage, qui sont pour la plupart nord-américains, on avance des arguments selon lesquels la mammographie systématique aurait des effets pervers minimisant les bénéfices des campagnes de dépistage. Ils font état d'une réduction de 13%, au lieu de 25% comme évoqué plus haut, de la mortalité après 13 ans de suivi, évoquant également un taux de 30% de surdiagnostic et surtraitement. Nous avions d'ailleurs repris dans nos colonnes une étude canadienne opposant la mammographie et l'examen clinique sur ce thème, où les bénéfices de l'une n'étaient pas beaucoup plus grands que l'autre, non irradiante. Un autre argument en défaveur de la mammographie de dépistage consiste à accuser les faux positifs, et donc les surdiagnostics, d'atteindre les patientes sur le plan psychologique et de les stresser de façon plus prononcée, à trois ans, que les patientes présentant un cancer. Enfin, pour les opposants au dépistage, le coût de telles campagnes est trop élevé par rapport à leur bénéfice.
A l'image de ce qui se passe chaque année en octobre, avec l'opération Octobre Rose, la mammographie de dépistage fait l'objet d'une mobilisation générale dans les pays européens, et semble faire l'unanimité. Mais désormais, les avis outre-Atlantique sur ce thème commencent à se faire entendre, sans pour autant la remettre en cause pour l'instant.
Bruno Benque