Le dépistage du cancer du sein par mammographie remis en cause

Le dépistage du cancer du sein par mammographie est l'objet de discussions quant à sa réelle efficacité au sein de la communauté scientifique. La discussion tourne autour des bénéfices du dépistage, qui ne devrait pas se faire en terme de survie mais bien en terme de réduction de la mortalité à long terme.

Comparaison entre mammographie et examen clinique

Le British Medical Journal publie une étude canadienne, incluant près de 90 000 femmes, visant à comparer l'incidence du cancer du sein et la mortalité à 25 ans de femmes âgées de 40 à 59 ans, les unes se soumettant à des mammographies, les autres à un examen clinique. Les femmes participant à cette l'étude, dirigée par le Pr Anthony B Miller, de l'Université de Toronto, ont donc été randomisées en deux groupes, les unes se soumettant chaque année pendant 5 ans à une mammographie, les autres à un examen clinique seul. Le suivi a duré 25 ans. Le risque de surdiagnostic ne peut en effet être estimé que dans un essai randomisé se prolongeant suffisamment longtemps après l'arrêt du dépistage, alors qu'un éventuel cancer non dépisté précocement serait devenu cliniquement apparent.

Pas de bénéfice significatif de la mammographie sur la mortalité à 25 ans

Pendant les 5 ans du dépistage, 666 cancers ont été découverts dans le groupe mammographie et 524 dans l'autre groupe. Au total 180 des femmes dont le cancer a été dépisté par mammographie systématique sont décédées de leur cancer dans les 25 ans, et 171 de l'autre groupe. Il n'apparaît donc pas dans cette étude de bénéfice significatif du dépistage mammographique sur la mortalité par cancer du sein, quelle que soit la tranche d'âge. Au cours des 25 ans du suivi, le dépistage mammographique ne semble apporter aucun bénéfice.

Cette étude, même si elle comporte certains critères discutables, apporte des arguments aux tenants de la révision des processus de dépistage systématique du cancer du sein par mammographie.