La téléradiologie, un facteur clé de la continuité des soins en imagerie
DIMANCHE 23 MARS 2014
Alors que l'on assiste aux prémices de la pénurie de radiologues sur le territoire français, la continuité des soins en imagerie semble un outil efficient pour assurer, demain, la continuité des soins en imagerie. Cette pratique a des applications diverses, et pourrait favoriser, dans un avenir proche, le développement de l'imagerie mobile.

Parmi les évolutions attendues en matière d'amélioration de la prise en charge radiologique des patients, la téléradiologie semble la discipline la plus intéressante. La simplicité relative de sa mise en oeuvre, ainsi que les faibles coûts qu'elle engendre sont des atouts dont elle devrait bénéficier dans le cadre de son déploiement généralisé.
Faire face à la pénurie de radiologues
Le problème majeur auquel nous avons à faire face aujourd'hui est sans conteste la pénurie de radiologues qui s'amorce déjà. Les faibles numérus clausus des facultés de médecine, l'augmentation de l'espérence de vie, avec son corrrolaire de maladies chroniques, et l'encombrement des urgences sont autant de facteurs clés du manque de spécialistes médicaux en France, la radiologie étant impactée au premier chef. La téléradiologie devrait figurer parmi les axes de progrès, à commencer par la prise en charge des urgences. Les services d'urgences sont toujours plus encombrés, générant un nombre exponentiel d'examens de radiologie, notamment d'imagerie en coupe. Nous avons, il y a quelque temps, fait état dans nos colonnes du cri d'alarme du Pr Jean-Michel Bartoli, qui témoignait d'un taux de 23% d'examens urgents au sein du pôle imagerie de l'hôpital de la Timone à Marseille, dont 16 000 scanners et 700 IRM. Nous avons également relaté les initiatives régionales en faveur d'une meilleure prise en charge radiologique de l'AVC.
Les nombreuses applications de la téléradiologie
Les processus d'utilisation de la téléradiologie sont assez variés. Depuis quelques années, certains hôpitaux américains ont mis en place un système de prise en charge des examens urgents réalisés la nuit, des radiologues de l'autre bout du monde, notamment du sous-continent indien, assurant l'interprétation des examens en temps réel. Le succès de cette procédure réside dans le fait que le radiologue indien, qui évolue en pleine journée, est plus à même de réaliser une lecture des images de qualité qu'un confrère américain qui le ferait au milieu de la nuit. Cela reste à prouver... En France, les CHU sont en train de s'organiser afin de devenir des plates-formes de gestion des examens urgents, en faisant bénéficier de leur expertise tout un territoire de santé, des réseaux haut débit régionaux assurant la fluidité des échanges d'information. Autre tendance récente et très en vogue aujourd'hui, la possibilité de visualiser n'importe quelle image médicale, sous un accès sécurisé, depuis une tablette ou un smartphone, pour le plus grand confort du praticien relecteur.
Bientôt l'essor de l'imagerie mobile ?
Et demain, les initiatives en faveur de véritables services mobiles se développeront afin d'assurer la continuité des soins en imagerie dans les zones rurales désertifiées médicalement ou dans les structures d'hébergement des personnes âgées ou handicapées. Ce processus existe déjà, ça et là, et montre des avantages, en partie parce que faire venir l'imagerie au patient s'avère moins coûteux que l'inverse. Mais les images ne sont pas interprétées dans la foulée et le radiologue n'a donc pas les moyens d'agir en temps réel sur la réalisation d'éventuelles images complémentaires. Lorsqu'il les recevra en temps réel via la téléradiologie, il pourra le faire comme s'il était à côté du patient. Un facteur de qualité supplémentaire, qui permettra, sans doute, à cette pratique de se développer.
Bruno Benque