Télé-AVC: gagner la course contre la paralysie
LUNDI 21 OCTOBRE 2013
L'Accident Vasculaire Cérébral (AVC) aura sa journée mondiale le 29 octobre 2013 et proposera des manifestations d'information auprès du public. À cette occasion, Théma Radiologie consacre son focus à cette affection qui, on le sait, peut provoquer des lésions irréversibles si elle n'est pas traitée dans les trois heures. Dans des régions escarpées comme Rhône-Alpes ou étendues comme la Bourgogne, où les centres de référence sont souvent très éloignés des domiciles des patients, les processus de télé-AVC correspondent à une forte attente de la population dans la course contre la paralysie. Le Pr Maurice Giroud, Chef de Service de neurologie au CHU de Dijon, et Jean-christophe Bernadac, Directeur du Système d'Information du CHU de St-Etienne, nous parlent des projets régionaux de télé-AVC, qui impactent fortement les services d'imagerie, et dont ils sont les figures de proue.

Le projet Télé-AVC Rhône-Alpes a été initié en octobre 2011, par la création de trois groupes de travail : médical, technique et système d’information, ainsi que juridique. "Ils ont eu pour mission de produire un cahier des charges dont la gestion a été confiée par l’ARS au Groupement de Coopération Sanitaire SISRA, et le CHU de Saint-Etienne a été désigné comme porteur du projet, précise Jean-Christophe Bernadac. Le consortium ECC (Etiam Covalia Consort NT) a été retenu en mars 2013, avec un objectif de mises en production au début septembre 2013." La région a été découpée en huit zones et chaque zone possède une ou deux Unités Neuro-Vasculaire (UNV).
En Bourgogne, le processus est enclanché depuis avril 2012. Autour du CHU de Dijon, ce sont neuf hôpitaux qui en bénificient. "Nous prévoyons de faire participer dix-neuf établissements, à raison de trois nouvelles adhésions tous les trois mois, annonce le Pr Maurice Giroud. Nous avons commencé par les 3 CH les plus excentrés: Nevers, Sens et Auxerre, avec des moyens technologiques ordinaires. Aujourd'hui, nous modernisons l'ensemble du matériel, avec l'aide de la société Spie-Inovelan, et nous aurons bientôt un réseau haut débit."
Téléconsultations et traitements à distance
Sur le plan technique, les deux projets se ressemblent. Dans les services d'urgences, un box dédié est équipé d'une caméra HD, d'un système audio comprenant deux hauts parleurs et deux micros, et d'un PC qui gère des visioconférences vers les UNV ou les radiologues des CHU. A l'autre bout de la chaîne, les UNV sont dotées de deux écrans, l'un pour la visioconférence en vue des évaluations cliniques notamment, et l'autre pour la gestion de l'imagerie cérébrale. Le télé-AVC bourguignon réalise aujourd'hui, en moyenne, deux à trois téléconsultations par jour. "Nous avons pu, depuis le début du projet, autoriser à distance la pratique de la fibrinolyse dans soixante-deux cas, poursuit le Pr Giroud. Ce sont autant de personnes qui, sans notre dispositif, n'auraient pas pu obtenir de prise en charge à temps."
Trouver des modèles organisationnel et financier
Un tel projet nécessite de modifier les organisations, notamment médicales et paramédicales. "Il s'agit, tout d'abord, de former les intervenants pour une maîtrise du processus, précise Jean-Christophe Bernadac, puis de mettre en cohérence les ressources humaines avec la continuité de la prise en charge des AVC." Le Pr Giroud poursuit: "Certaines infirmières sont même habilitées à injecter la fibrinolyse. Elles ont suivi une formation spécifique et nous allons sur le terrain pour les évaluer." La deuxième problématique concerne l'aspect financier, puisque les actes de télémédecine ne sont pas valorisés par l'Assurance Maladie. "Un système de refacturation a néanmoins été conventionné entre hôpitaux particpants au projet, afin que toutes les parties puissent rémunérer leurs prestations de manière équitable," commente J-C Bernadac.
De nouvelles applications en perspective
Télé-AVC, qui est le premier projet de télémédecine mis en place en Rhône-Alpes. Il comporte une solution de transfert des images, Etiam Nexus, qui permet la transmission des examens vers l'UNV, et un outil de collaboration médicale, Covotem de Covalia, qui permet le déroulement de la téléconsultation en visioconférence ainsi que la visualisation de l’image. Il représente, en outre, une plate-forme que l'ARS compte bien utiliser pour d'autres initiatives d'e-santé. Elle réfléchit d'ores et déjà à l'utiliser pour les prises en charge en gériatrie, en neurochirurgie, ou pour les polytraumatisés. En Bourgogne également, des applications en cardiologie, traumatologie, ou dermatologie, entre autres, sont prévues.
Bruno Benque