Le scanner bi-énergie injecté pour différentier les cancers pulmonaires
JEUDI 12 JANVIER 2023
Selon une étude japonaise publiée dans l'American Journal of Roentgenology (AJR), le scanner bi-énergie permet de différentier les métastases pulmonaires des tumeurs primitives. Ils ont, pour cela, identifié des cartes de concentration en iode périphériques des lésions qui pourraient aider à guider la prise en charge des patients atteints d'un cancer du poumon connu ou d'un nodule solitaire indéterminé.

La différenciation du cancer du poumon primitif par rapport aux métastases pulmonaires fait l’objet d’une attention soutenue du radiologue. La multiplicité des lésions chez les patients ayant des antécédents de cancer favorise les métastases plutôt que le cancer pulmonaire primitif, mais les patients peuvent présenter plusieurs cancers pulmonaires primitifs synchrones ou une métastase pulmonaire solitaire, ce qui complique le diagnostic.
Le scanner bi-énergie fait avancer le diagnostic du cancer du poumon
Les caractéristiques morphologiques du scanner ont été utilisées pour différencier les cancers pulmonaires primitifs, présentant des marges mal définies ou spiculées et des bronchogrammes aériens, des métastases pulmonaires aux marges lisses bien définies. Cependant, ces caractéristiques morphologiques ont une précision limitée et la biopsie est occasionnellement nécessaire. Alors que le PETScan a, un temps, permis d’éviter quelques biopsies pour identifier le type de cancer dans ce cadre, la tomodensitométrie bi-énergie (DECT) est de plus en plus utilisée pour des applications oncologiques, notamment pour l'évaluation du cancer du poumon.
Des images caractéristiques de rehaussement en iode aux contours des lésions
La concentration en iode et le numéro atomique effectif obtenus par analyse DECT ont montré un potentiel pour aider à différencier les cancers pulmonaires primitifs et les métastases pulmonaires. La concentration en iode a également montré son utilité pour différencier les métastases pulmonaires provenant de différents cancers primitifs mais cette technique n'est pas largement utilisée pour la caractérisation des lésions pulmonaires à l'heure actuelle. Dans une étude récente publiée dans l’American Journal of Roentgenology, des chercheurs de l’institut japonais du cancer ont comparé l'utilité de l'augmentation périphérique de la concentration en iode en forme d'anneau et les caractéristiques des images classiques de TDM pour différencier les cancers du poumon primaires des métastases pulmonaires sur le DECT.
Une étude pour comparer les résultats du DECT injecté par rapport au scanner conventionnel
« La concentration périphérique élevée en iode en forme d'anneau a montré un excellent accord inter-observateur, une spécificité élevée (bien qu'une faible sensibilité) pour différencier les métastases pulmonaires du cancer du poumon primaire et a prédit indépendamment les métastases pulmonaires", précise le premier auteur de cet article, le Pr Yoshinao Sato, du Diagnostic Imaging Centre du Japan Cancer Institute Hospital à Tokyo (Japon).
Cette étude a inclus 93 patients (64 hommes, 29 femmes ; âge médian : 70 ans) ayant subi une résection d'un cancer du poumon primitif (n = 68) ou d'une métastase pulmonaire (n = 25) correspondant à une lésion solide à l’exploration préopératoire par DECT injecté réalisé entre avril 2020 et mars 2021. Après avoir construit des images monoénergétiques en phase veineuse à 120 keV, des images monoénergétiques virtuelles en phase d'équilibre à 66 keV, ainsi que des cartes de concentration en iode, deux radiologues ont indépendamment évalué les lésions en ciblant les marges spiculées, les bronchogrammes aériens, le rehaussement des bords et la concentration élevée en iode périphérique en forme d'anneau mince.
Une bonne spécificité pour différentier les métastases pulmonaires des lésions primitives
Ils ont observé que la concentration élevée en iode périphérique en forme d'anneau sur le DECT faisait l’objet d’une excellente concordance inter-observateur et avait une sensibilité de 52% et une spécificité de 81% pour différencier les métastases pulmonaires des cancers pulmonaires primitifs. De plus, la découverte a prédit de manière indépendante les métastases pulmonaires en combinant les signes radiologiques de la lésion et les informations du patient.
« Les cartes de concentration d'iode issues du DECT pourraient ainsi aider à déterminer le diagnostic des lésions qui sont équivoques pour les métastases pulmonaires sur les images conventionnelles », ont conclu les auteurs de cet article.
Bruno Benque avec AJR