Covid-19 : quel impact sur les patients atteintes de BPCO et de cancer du poumon ?
VENDREDI 02 MAI 2025
Que pouvons-nous retirer de l’expérience de la pandémie de Covid-19 pour les patients atteints de pathologies respiratoires ? Un travail de l’IRDES sur les patients atteints de BPCO et de cancer pulmonaire durant cette période fait état de taux de mortalité élevés pour les patients atteints de BPCO et d’une réduction significative des progrès enregistrés durant la décennie précédente sur la prise en charge du cancer du poumon.

Dans son rapport mensuel « Questions d’économie de Santé », l’Institut de Recherche et de Documentation en Économie de la Santé (IRDES) fait un retour sur l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les patients souffrant de pathologies pulmonaires chroniques. Cette pandémie a fortement impacté la communauté radiologique, en raison notamment de l’importance prise par la tomodensitométrie dans le diagnostic et le suivi des répercutions pulmonaires de la maladie.
Un travail de l’IRDES sur les patients atteints de BPCO et de cancer pulmonaire durantla pandémie de COVID-19
Ces personnes présentant des pathologies pulmonaires ont pu être davantage affectées par le virus Sars-Cov-2, du fait de leur vulnérabilité et de la nécessité d'un suivi médical régulier. Ce travail de l’IRDES étudie les effets directs et indirects de la pandémie sur la mortalité des patients atteints de deux pathologies pulmonaires : la Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) et le cancer du poumon. L'impact direct est défini comme l'effet des infections par Covid‑19 sur la santé ou la mortalité des individus, et l'impact indirect comme l'effet des modifications de prise en charge par le système de soins, ainsi que des mesures sanitaires mises en place.
Des taux de mortalité élevés pour les patients atteints de BPCO
Pour la BPCO, l'enjeu principal concernait la prise en charge des épisodes aigus de la maladie lors des vagues pandémiques, l’offre hospitalière s’étant trouvée limitée, en particulier dans les services de réanimation. Cette étude de l’IRDES cible les patients souffrant d'une forme relativement sévère de la maladie, qui ont fait l’objet d’un taux de mortalité par Covid‑19 plus de sept fois supérieur dans les régions les plus touchées (Grand Est, Ile-de-France et Bourgogne-Franche-Comté), alors que la mortalité hors Covid‑19 a diminué en 2020 par rapport aux années prépandémiques.
Les chercheurs expliquent ce recul, d’une part, par un déplacement des causes de mortalité au sein de la population BPCO, certains patients étant potentiellement décédés du Covid‑19 avant de décéder d'une autre cause, et d’autre part par la mise en place de mesures de protection à l'échelle nationale lors des vagues pandémiques, qui ont permis une moindre circulation des virus respiratoires.
Les progrès de la prise en charge du cancer du poumon significativement freinés par l’arrivée du Sars-Cov-2
Pour le cancer du poumon, La précocité du diagnostic et du traitement est, on le sait, primordiale pour optimiser la survie des patients. Pendant la première vague de la pandémie (de mars à juin 2020), des retards ont pu avoir lieu dans la prise en charge de la maladie par manque de place dans les hôpitaux au plus fort de la pandémie, cette situation ayant des conséquences sur la survie des patients. Cela concerne la mortalité des patients diagnostiqués à cette période mais aussi les patients diagnostiqués à un stade plus avancé de la maladie, qu’ils aient été traités par chirurgie ou non.
La baisse de la mortalité enregistrée durant la décennie précédente a été légèrement freinée pour les patients diagnostiqués pendant la première vague de la pandémie. Ces derniers ont connu une surmortalité par rapport à ce qui était attendu en l'absence de pandémie - +22 % à 6 mois, +10 % à 24 mois pour les patients opérés et +4% à 6 mois et à 24 mois pour les patients non opérés -.
Ce travail de recherche est le premier traitant à l'échelle nationale de l'impact de la pandémie sur la BPCO et le cancer du poumon. Il se base sur l'exploitation du Système national des données de santé (SNDS). Lire l’intégralité de l’étude de l’IRDES ICI.
Paolo Royan