Radiothérapie hypofractionnée de la prostate à haut risque : une étude confirme son potentiel
LUNDI 24 OCTOBRE 2022
La radiothérapie hypofractionnée sur des cancers de la prostate à haut risque a fait l’objet d’une étude présentée lors du dernier congrès de l’ASTRO. Le Pr Niazi, qui a piloté l’étude, s’est exprimé sur les suites similaires à la radiothérapie conventionnelle lorsque les procédures hypofractionnées ont été mises en œuvre.

La plateforme Newswise rapporte une intervention du Pr Tamim M. Niazi, professeur agrégé d'oncologie à l'Université McGill et radio-oncologue au Jewish General Hospital de Montréal – Canada – qui présentait une nouvelle étude randomisée qu’il a pilotée sur le thème de la radiothérapie hypofractionnée, le 23 octobre 2022 au congrès le l’American Society for Radiation Oncology (ASTRO).
La première étude analysant la radiothérapie par hypofractionnement sur le cancer de la prostate à haut risque
Ce travail confirme que les hommes atteints d'un cancer de la prostate à haut risque peuvent être traités en cinq semaines aux moyens de cette technique, contre huit semaines avec la radiothérapie classique. L'essai clinique de phase III Prostate Cancer Study 5 (PCS5 ; NCT01444820) est le premier à confirmer l'innocuité et l'efficacité de cette procédure exclusivement pour les patients atteints d'une maladie à haut risque. « Je pense que cet essai ouvrira la voie pour que les patients atteints d'un cancer de la prostate à haut risque soient traités en cinq semaines, a déclaré le Pr Niazi. Beaucoup de ces patients se voient encore offrir huit semaines de radiothérapie, mais notre essai n'a trouvé aucun avantage pour les trois semaines supplémentaires. Les taux de survie et les effets secondaires, à court et à long terme, étaient similaires avec une radiothérapie hypofractionnée. »
De vastes études randomisées ont confirmé l'innocuité et l'efficacité de la radiothérapie hypofractionnée chez les patients atteints d'un cancer de la prostate à risque faible, intermédiaire ou mixte. Cette étude est la première à montrer les mêmes résultats spécifiquement pour les hommes atteints d'une maladie à haut risque. « Le traitement hypofractionné du cancer de la prostate diminue les contraintes pour les patients car il est terminé en 25 jours au lieu des 38 à 40 jours habituels. C'est trois semaines sans avoir à se déplacer, sans les frais de VSL ou de stationnement, ou juste un gain de temps dans la vie quotidienne d'une personne. »
Une période de traitement passant de 40 jours à 28 jours
Environ 15 % des hommes diagnostiqués avec un cancer de la prostate ont une maladie à haut risque. Ces hommes sont plus sujets à récidive ou à propagation. « Les propriétés radiobiologiques des cellules cancéreuses de la prostate les rendent particulièrement sensibles aux modifications de la dose de radiothérapie, poursuit le Pr Niazi. L'idée est de délivrer des doses modérément plus élevées de radiothérapie par jour en conjonction avec une thérapie de privation androgénique à long terme (ADT) tout en maintenant les mêmes taux de contrôle du cancer de la prostate qu'avec le fractionnement standard, mais dans une période plus courte. »
Dans cet essai, 329 patients ont été randomisés pour recevoir, soit une radiothérapie de la prostate standard - 76 Gy en 2 Gy par fraction à la prostate où 46 Gy ont été délivrés aux ganglions lymphatiques pelviens en 38 séances quotidiennes -, soit une radiothérapie hypofractionnée - 68 Gy en 2,72 Gy par fraction à la prostate et 45 Gy, en 1,8 Gy par fraction aux ganglions lymphatiques pelviens en 25 séances quotidiennes -. Les patients devaient avoir une maladie à haut risque, indiquée par un score de Gleason plus élevé (8-10), un stade T3a ou supérieur, ou un PSA supérieur à 20, pour être éligibles à l'étude.
Des résultats de suivi similaires à la radiothérapie conventionnelle
Sept ans après avoir terminé la radiothérapie, les hommes qui ont reçu un traitement hypofractionné ou standard avaient des taux similaires de récidive et de survie. En comparant les patients ayant reçu un traitement accéléré par rapport à un traitement standard, les chercheurs n'ont trouvé aucune différence dans la survie globale (81,7 % contre 82 %), la mortalité spécifique au cancer de la prostate (94,9 % contre 96,4 %), la récidive biochimique (87,4 % vs 85,1 %), la récidive métastatique à distance (91,5 % vs 91,8 %) ou la survie sans maladie (86,5 % vs 83,4 %). Les effets secondaires étaient également similaires dans les deux populations, sans toxicité de grade 4 ni différences significatives dans les toxicités génito-urinaires (GU) et gastro-intestinales (GI) graves à court ou à long terme.
Le Pr Niazi a annoncé, à cette occasion, les prochaines étapes de cette recherche. Il souhaite tout d’abord réduire davantage le nombre de fractions pour les patients présentant une maladie à haut risque, avec une approche connue sous le nom d'« ultra-hypofractionnement » qui pourrait potentiellement n'impliquer que cinq traitements. Il voudrait ensuite intensifier l'hormonothérapie pour les patients atteints d'une maladie à très haut risque, afin de limiter la survenue de métastases. IL prévoit enfin d’étudier les biomarqueurs/altérations génétiques pour identifier les patients qui doivent être traités de manière plus ou moins agressive.
Bruno Benque