Recommandation européenne : pour les seins très denses, le dépistage c'est par IRM

L’European Society of Breast Imaging (EUSOBI) a publié, le 8 mars 2022, Journée internationale des Droits des femmes, ses nouvelles recommandations pour le dépistage du cancer des femmes aux seins extrêmement denses.

L’EUSOBI recommande une IRM mammaire de dépistage pour les femmes aux seins très denses

Dans cette recommandation, l’EUSOBI s'éloigne de l'approche unique de la mammographie biennale actuellement adoptée par la plupart des organisations européennes de dépistage et plaide pour des programmes de dépistage sur mesure qui tiennent compte des caractéristiques et des souhaits personnels de chaque femme.

Les femmes dont le tissu mammaire est extrêmement dense ont environ deux fois plus de risques de développer un cancer du sein que la femme moyenne. Simultanément, la sensibilité de la mammographie est réduite car les cancers sont masqués par une surprojection du tissu mammaire fibroglandulaire. Après un examen attentif des preuves, en particulier des résultats de l'essai néerlandais DENSE, EUSOBI recommande désormais que les femmes présentant des tissus mammaires extrêmement denses se voient proposer un dépistage par IRM mammaire. Chez ces femmes, l'IRM du sein peut réduire la mortalité par cancer du sein et s’avère très rentable.

« Nous savons depuis longtemps que les performances du dépistage par mammographie chez les femmes aux seins extrêmement denses ne sont pas très bonnes, précise le Dr Fiona Gilbert, actuelle présidente de l'EUSOBI. Cependant, nous n'avions rien de mieux à offrir. Les récents essais de dépistage par IRM ont largement changé cela. »

Informer les femmes afin de personnaliser le dépistage du cancer du sein

La nouvelle recommandation a des conséquences considérables pour toutes les femmes, car elle implique qu'elles doivent être informées de leur densité mammaire lors du dépistage du cancer du sein. L’EUSOBI appelle tous les organismes nationaux promoteurs de ce dépistage à fournir ces informations aux femmes. Mais elle reconnaît également que le dépistage du cancer du sein présente des inconvénients évidents et appelle les sénologues à informer leurs patientes de manière appropriée.

« Les femmes devraient avoir leur mot à dire sur la manière dont elles veulent être dépistées, poursuit le Dr Ritse Mann, président du comité scientifique d'EUSOBI et premier auteur de la nouvelle recommandation. Cela implique d'une part qu'il faut proposer aux femmes toutes les méthodes - y compris l'IRM mammaire - dont l'efficacité est prouvée, et d'autre part qu'il ne faut jamais leur en vouloir lorsqu'elles optent pour des méthodes moins efficaces ou même pas de dépistage du tout. »

L'EUSOBI craint que la mise en œuvre des nouvelles recommandations prenne du temps et que le niveau opérationnel dépende des ressources disponibles localement. Un webinaire pour plus d'explications et de discussions sur la recommandation est prévu dans les semaines à venir.