Croiser les informations pour optimiser le dépistage IRM pour les femmes aux seins denses
VENDREDI 03 SEPTEMBRE 2021
Une étude hollandaise publiée dans la Revue Radiology démontre que des modèles de prédiction basés sur des caractéristiques cliniques et des résultats d'imagerie peuvent aider à réduire le taux de faux positifs de cancer chez les femmes aux seins denses faisant l’objet d’un dépistage supplémentaire du cancer du sein par IRM. Le croisement des information réduit en effet significativement le taux de faux positifs.

Les problématiques cliniques relatives aux seins denses des femmes, plus exposées au risque de cancer du sein par rapport à celles ayant une densité mammaire moyenne, sont depuis longtemps dans la ligne de mire des scientifiques. La sensibilité de la mammographie est en effet réduite pour ces patientes en raison de l'effet masquant du tissu fibroglandulaire.
Combiner les images IRM avec la clinique, l’IMC ou les antécédents familiaux
C’est la raison pour laquelle l'IRM mammaire est considérée aujourd’hui comme un complément potentiellement utile au dépistage par mammographie chez les femmes présentant un tissu mammaire dense. Elle permet en effet de bien différencier les lésions du tissue mammaire dense. Sauf que l'IRM détecte souvent des faux positifs, les patientes étant rappelées pour une échographie ciblée, voire pour une biopsie, ce qui peut causer de l'anxiété, augmenter les coûts des soins de santé ou entraîner des complications liées à la biopsie.
Dans une étude parue dans la Revue Radiology et pilotée par le Dr Bianca M. den Dekker, du Centre médical universitaire d'Utrecht - Pays-Bas -, des modèles de prédiction sont développés pour distinguer les vrais positifs des faux lors du dépistage par IRM. Pour créer les modèles, les chercheurs ont combiné les résultats de l'IRM avec des caractéristiques cliniques telles que l'indice de masse corporelle, les antécédents familiaux de cancer du sein et l'utilisation d'un traitement hormonal substitutif. Ils ont utilisé les données de l'essai Dense Tissue and Early Breast Neoplasm Screening (DENSE), qui a évalué l'efficacité du dépistage par mammographie et IRM par rapport à la mammographie seule chez des participantes néerlandaises au dépistage du cancer du sein âgées de 50 à 75 ans, avec des seins extrêmement denses.
Des taux de faux positifs significativement réduits grâce au croisement des infiormations
Sur les 454 femmes qui ont eu un résultat d'IRM positif lors d'un premier cycle de dépistage supplémentaire par IRM, 79 ont reçu un diagnostic de cancer du sein, ce qui signifie que 375 femmes ont fait l’objet de faux positifs. Le modèle de prédiction complet, basé sur toutes les caractéristiques cliniques collectées et les résultats de l'IRM, aurait pu empêcher 45,5 % des rappels faussement positifs et 21,3 % des biopsies bénignes, sans manquer aucun cancer. Le modèle uniquement basé sur des résultats d'IRM facilement disponibles et sur l'âge des patientes avait des performances comparables et aurait pu empêcher 35,5% des dépistages IRM faussement positifs et 13,0% des biopsies bénignes.
« Nos modèles de prédiction peuvent identifier un nombre substantiel de faux positifs après le premier tour de dépistages IRM supplémentaires, réduisant ainsi les rappels de faux positifs et les biopsies bénignes sans manquer aucun cancer, souligne le Dr den Dekker. Cela prouve un peu plus la pertinence de la mise en œuvre de l'IRM de dépistage supplémentaire pour les femmes aux seins denses. »
Les chercheurs ont l'intention d'effectuer des études de validation en utilisant des données provenant de différentes populations. Ils souhaitent également étudier les performances des modèles de prédiction lors des cycles de dépistage ultérieurs. Le Dr den Dekker a noté que le taux de faux positifs dans le groupe d'étude est passé de 79,8 pour 1 000 dépistages au premier tour à 26,3 pour 1 000 au second.
Bruno Benque avec RSNA